Bienvenue !

Vous avez des choses à dire...
Vous vous posez des questions, pour donner un sens à votre vie...
Vous cherchez un espace d'échange convivial pour exprimer ce que vous ressentez...
Vous attendez des réponses à vos questions...


...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



lundi 7 avril 2025

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3061 : Marie, dans la tradition protestante

 Une paroisse du diocèse de Luçon vient de me demander un bref écho du regard  que nos frères protestants portent sur Marie.  Les catholiques se font toute sorte d'idées fausses et de préjugés à ce sujet. Aussi, j'ai pensé qu'il n'était pas inutile de vous présenter les raisons de l'attitude des protestants par rapport à Marie, même si c'est pour les catholiques un peu décapant !

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  Il y a quelques années, tandis que j’étais curé des Sables d’Olonne, le pasteur qui venait régulièrement présider le culte dominical aux Sables d’Olonne et avec lequel nous étions en dialogue permanent me fit la remarque suivante : « Il y a quelque chose que je ne comprends pas chez les catholiques : vous êtes la paroisse « Sainte Marie des Olonnes », votre église principale est dédiée à « Notre-Dame de Bon Port », l’église d’Olonne-sur-Mer est dédiée à « Notre- Dame de l’Assomption » et nombre de paroisses de Vendée sont sous le patronage de Marie. Pourquoi cet hommage permanent, cette glorification ?  Ne serait-il pas plus fidèle à l’Evangile de voir ces lieux de prière dédiés au Christ ou à l’Esprit-Saint ? »

 Il faut bien reconnaître que, chez les catholiques, Marie occupe une place prééminente ; et ils ont l’impression que les protestants ont tort de la mettre de côté. Mais, contrairement à ce que l’on peut penser, il n’en est rien. Seulement, dans une démarche protestante, l’on ne retient de Marie que ce que nous en dit le Nouveau Testament. Hormis les évangiles de l’enfance et ce qui s’est passé à Cana, Marie n’apparaît pratiquement plus dans les évangiles jusqu’à la mort de Jésus, au pied de la croix.

 A partir de ces quelques données bibliques, très sobres, Marie est considérée par les protestants comme un exemple de foi, en ce qu’elle a accueilli la parole de l’ange et qu’elle a été fidèle à son fils jusqu’au bout, même si elle n’a pas toujours compris ce qu’il faisait.

 A notre surprise peut-être, les protestants laissent résonner l’Ecriture telle qu’elle est, dans une vision très sobre du rôle de Marie. Selon eux, c’est à partir d’interprétations ultérieures, non fondées sur l’Ecriture, que l’Eglise catholique en est arrivée à confesser que Marie est restée toujours vierge, qu’elle n’a pas connu la mort, qu’elle a été enlevée au ciel et qu’elle a été épargnée du péché originel.

 En illustration, voici quelques extraits du commentaire du « Magnificat » de Luther, qui fait autorité chez les protestants :  « Marie ne veut pas être une idole ; elle ne fait rien, Dieu fait tout !(…) On en trouve qui cherchent aide et consolation auprès d’elle comme d’un dieu, au point que je crains qu’il y ait plus d’idolâtrie dans le monde qu’il n’y en ait jamais eu.(…)  Elle ne veut pas que tu viennes à elle, mais par elle à Dieu. »

 Puissent les catholiques se laisser interpeller sainement par le regard que les protestants portent sur Marie !

 

 

dimanche 6 avril 2025

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3060 : A l'âge de la retraite, et en petite forme, une autre façon d'être prêtre

 

Dans une vie antérieure, depuis mon ordination en 1967, tandis que j’étais en mission pastorale active jusqu’à ma retraite en 2007, à l'âge de 75 ans, j’ai cru pouvoir jouer un rôle, faire avancer des choses, car je disposais d’un certain pouvoir, et l’on attendait beaucoup de moi.  Et j’ai exercé ce rôle à fond !  Aussi bien avec des jeunes, en tant qu'aumônier diocésain de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC) sur la Vendée, qu'en mission 9 ans au Mali, ou au secrétariat des évêques de France à Paris durant 6 années.  Puis, pendant 18 ans, comme doyen de Montaigu, Les Sables d'Olonne puis Fontenay-le-Comte, et enfin comme curé de Mortagne-sur-Sèvre et St Laurent-sur-Sèvre les 5 dernières années : rassemblements avec des jeunes, missions diverses à travers l'Afrique, nombreux Cafés-Théo, mise en place de solides équipes paroissiales de laïcs, rencontres interreligieuses, lancement de ce blog, etc...

 L’arrivée à la retraite, dans mon statut actuel, m’a invité de me situer autrement. N’étant plus qu’un prêtre auxiliaire, j’ai opté pour laisser les prêtres plus jeunes « exercer le pouvoir ». Sur place, je n’ai plus cherché à influencer les choix, si différents soient-ils de ceux que j'ai pu valoriser jadis sur le diocèse.  J’ai essayé de vivre un certain lâcher-prise.  Si certains laïcs souhaitaient que je me manifeste davantage, j’ai plutôt essayé de les inviter à prendre davantage leur place par rapport aux nouvelles options des prêtres d'aujourd'hui, moins marqués par le Concile Vatican II, bien différents de nous les plus âgés.

J’avoue avoir été tenté par le désir de garder le goût du paraître, mais les prêtres sur place, sur Talmont,  m’ont aidé à rester à ma place, en retrait, en évitant de me confier des tâches importantes, ce qui n’a pas été simple à accepter pour moi au départ, mais ce dont aujourd’hui je les remercie pour leur clairvoyance, et le respect de ma nouvelle situation de retraité.

Rentrer dans le rang, cela m’a été facilité encore plus, depuis mes 75 ans jusqu’à aujourd’hui, par le fait d’avoir eu pas mal de problèmes de santé.  Il n’y a rien de tel pour vous aider à comprendre qu’il ne vous est plus possible de vous croire indispensable.  La maladie vous met hors jeu ; elle vous permet de rester dans l’ombre, humblement. Le problème d’avoir une attitude de pouvoir ne se pose plus.  On n’a plus tellement besoin de vous, ou sinon, autrement : à travers la prière, et une simple présence d’amitié.

J'ai la joie de faire partie d'une équipe de prêtres très liés à la spiritualité du P. de Foucauld.  Nous nous retrouvons en "Fraternité" une journée par mois pour de très riches moments de partage et de prière. Le thème de ce billet est justement celui de notre prochaine rencontre. Nous nous inspirerons de l'exemple de Charles de Foucauld, qui a vécu avant nous, dans son expérience sacerdotale, lui aussi, des périodes de solitude et d’isolement. Mais c’est sans doute dans ces moments-là qu’il a vécu sa mission de façon plus profonde que cela semblait possible, à vue humaine seulement.  Spirituellement, de telles périodes sont d’autant plus fécondes qu’elles sont vécues en lien profond avec la mission du Christ, à Nazareth particulièrement.

En tant que prêtres à la retraite, nous ne sommes pas moins prêtres qu'auparavant ; mais d'une autre façon, toujours aussi remplie de la présence du Christ en nous et autour de nous, même si c'est d'une façon moins visible, plus humble et plus modeste qu'auparavant.

vendredi 4 avril 2025

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3059 : "Dieu, c'est quand un homme en aide un autre." (Lévinas)

 Qui est Dieu ?  Depuis toujours, l'humanité se pose cette question, et pas seulement les chrétiens.  Toute sorte de personnes et d'institutions ont tenté de donner une réponse à cette question, que ce soit au plan théologique, philosophique, historique, moral, humain en un mot.  Aujourd'hui, je vais vous partager ce qu'en disent deux de nos contemporains, un juif et un chrétien, le philosophe lituanien Emmanuel Lévinas, et le poète italien Daniel Mencarelli. Car l'on ne peut en rester à des réponses seulement théologiques face à une telle question !

Emmanuel Lévinas (1906-1995), dont le père, la mère et les deux frères ont été assassinés par les nazis, a déclaré ceci : "Dieu, c'est quand un homme en aide un autre. La preuve de l'existence de Dieu, c'est le visage de l'autre homme." Lévinas a des paroles très sévères sur la façon dont les religions se servent de Dieu, qui serait là pour me consoler, pour répondre à mon attente, pour me récompenser de ce que je fais de bien, voire, me punir.  Alors que, quand un homme répond au visage d'autrui, c'est là seulement que Dieu est présent et agissant !

Daniele Mencarelli (1974), dont Jennifer, une amie britannique m'a fait connaître l'existence cette semaine, est un poète renommé en Italie, qui a reçu le prix de littérature de l'Union Européenne en 2022 ;  l'un de ses ouvrages est intitulé : "Nous voulons tous être sauvés". Il a dit ceci : "La plus grande expression du dialogue avec Dieu est de toujours tendre la main à celui qui est dans le besoin." Un de ses biographes a expliqué qu'il avait toujours suivi à la lettre ce conseil de sa mère, l'invitant à sans cesse tendre la main à l'autre dans le besoin.

Bien entendu, il ne s'agit pas de mettre de côté la prière, dans la rencontre avec Dieu et la découverte de son Amour.  Mais de tels témoignages nous rappellent ce que nos religions risquent d'oublier : le chemin vers Dieu passe avant tout par notre attention à l'autre.

A ce propos, je me permets de vous citer à nouveau cette remarque du pasteur Dietrich Bonhoeffer, pendu par les nazis : "Ce n'est pas l'acte religieux qui fait le chrétien, mais sa participation à la souffrance de Dieu dans la vie du monde."

Et cette belle citation de St Augustin : "Tu vois la Trinité quand tu vois la charité."

Bonne marche vers Pâques, sous cette lumière !