Une paroisse du diocèse de Luçon vient de me demander un bref écho du regard que nos frères protestants portent sur Marie. Les catholiques se font toute sorte d'idées fausses et de préjugés à ce sujet. Aussi, j'ai pensé qu'il n'était pas inutile de vous présenter les raisons de l'attitude des protestants par rapport à Marie, même si c'est pour les catholiques un peu décapant !
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Il y a quelques années, tandis que j’étais curé des Sables d’Olonne, le pasteur qui venait régulièrement présider le culte dominical aux Sables d’Olonne et avec lequel nous étions en dialogue permanent me fit la remarque suivante : « Il y a quelque chose que je ne comprends pas chez les catholiques : vous êtes la paroisse « Sainte Marie des Olonnes », votre église principale est dédiée à « Notre-Dame de Bon Port », l’église d’Olonne-sur-Mer est dédiée à « Notre- Dame de l’Assomption » et nombre de paroisses de Vendée sont sous le patronage de Marie. Pourquoi cet hommage permanent, cette glorification ? Ne serait-il pas plus fidèle à l’Evangile de voir ces lieux de prière dédiés au Christ ou à l’Esprit-Saint ? »
Il faut bien reconnaître que, chez les catholiques, Marie occupe une place prééminente ; et ils ont l’impression que les protestants ont tort de la mettre de côté. Mais, contrairement à ce que l’on peut penser, il n’en est rien. Seulement, dans une démarche protestante, l’on ne retient de Marie que ce que nous en dit le Nouveau Testament. Hormis les évangiles de l’enfance et ce qui s’est passé à Cana, Marie n’apparaît pratiquement plus dans les évangiles jusqu’à la mort de Jésus, au pied de la croix.
A partir de ces quelques données bibliques, très sobres, Marie est considérée par les protestants comme un exemple de foi, en ce qu’elle a accueilli la parole de l’ange et qu’elle a été fidèle à son fils jusqu’au bout, même si elle n’a pas toujours compris ce qu’il faisait.
A notre surprise peut-être, les protestants laissent résonner l’Ecriture telle qu’elle est, dans une vision très sobre du rôle de Marie. Selon eux, c’est à partir d’interprétations ultérieures, non fondées sur l’Ecriture, que l’Eglise catholique en est arrivée à confesser que Marie est restée toujours vierge, qu’elle n’a pas connu la mort, qu’elle a été enlevée au ciel et qu’elle a été épargnée du péché originel.
En illustration, voici quelques extraits du commentaire du « Magnificat » de Luther, qui fait autorité chez les protestants : « Marie ne veut pas être une idole ; elle ne fait rien, Dieu fait tout !(…) On en trouve qui cherchent aide et consolation auprès d’elle comme d’un dieu, au point que je crains qu’il y ait plus d’idolâtrie dans le monde qu’il n’y en ait jamais eu.(…) Elle ne veut pas que tu viennes à elle, mais par elle à Dieu. »
Puissent les catholiques se laisser interpeller sainement par le regard que les protestants portent sur Marie !