Bienvenue !

Vous avez des choses à dire...
Vous vous posez des questions, pour donner un sens à votre vie...
Vous cherchez un espace d'échange convivial pour exprimer ce que vous ressentez...
Vous attendez des réponses à vos questions...


...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



lundi 7 avril 2025

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3061 : Marie, dans la tradition protestante

 Une paroisse du diocèse de Luçon vient de me demander un bref écho du regard  que nos frères protestants portent sur Marie.  Les catholiques se font toute sorte d'idées fausses et de préjugés à ce sujet. Aussi, j'ai pensé qu'il n'était pas inutile de vous présenter les raisons de l'attitude des protestants par rapport à Marie, même si c'est pour les catholiques un peu décapant !

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  Il y a quelques années, tandis que j’étais curé des Sables d’Olonne, le pasteur qui venait régulièrement présider le culte dominical aux Sables d’Olonne et avec lequel nous étions en dialogue permanent me fit la remarque suivante : « Il y a quelque chose que je ne comprends pas chez les catholiques : vous êtes la paroisse « Sainte Marie des Olonnes », votre église principale est dédiée à « Notre-Dame de Bon Port », l’église d’Olonne-sur-Mer est dédiée à « Notre- Dame de l’Assomption » et nombre de paroisses de Vendée sont sous le patronage de Marie. Pourquoi cet hommage permanent, cette glorification ?  Ne serait-il pas plus fidèle à l’Evangile de voir ces lieux de prière dédiés au Christ ou à l’Esprit-Saint ? »

 Il faut bien reconnaître que, chez les catholiques, Marie occupe une place prééminente ; et ils ont l’impression que les protestants ont tort de la mettre de côté. Mais, contrairement à ce que l’on peut penser, il n’en est rien. Seulement, dans une démarche protestante, l’on ne retient de Marie que ce que nous en dit le Nouveau Testament. Hormis les évangiles de l’enfance et ce qui s’est passé à Cana, Marie n’apparaît pratiquement plus dans les évangiles jusqu’à la mort de Jésus, au pied de la croix.

 A partir de ces quelques données bibliques, très sobres, Marie est considérée par les protestants comme un exemple de foi, en ce qu’elle a accueilli la parole de l’ange et qu’elle a été fidèle à son fils jusqu’au bout, même si elle n’a pas toujours compris ce qu’il faisait.

 A notre surprise peut-être, les protestants laissent résonner l’Ecriture telle qu’elle est, dans une vision très sobre du rôle de Marie. Selon eux, c’est à partir d’interprétations ultérieures, non fondées sur l’Ecriture, que l’Eglise catholique en est arrivée à confesser que Marie est restée toujours vierge, qu’elle n’a pas connu la mort, qu’elle a été enlevée au ciel et qu’elle a été épargnée du péché originel.

 En illustration, voici quelques extraits du commentaire du « Magnificat » de Luther, qui fait autorité chez les protestants :  « Marie ne veut pas être une idole ; elle ne fait rien, Dieu fait tout !(…) On en trouve qui cherchent aide et consolation auprès d’elle comme d’un dieu, au point que je crains qu’il y ait plus d’idolâtrie dans le monde qu’il n’y en ait jamais eu.(…)  Elle ne veut pas que tu viennes à elle, mais par elle à Dieu. »

 Puissent les catholiques se laisser interpeller sainement par le regard que les protestants portent sur Marie !

 

 

dimanche 6 avril 2025

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3060 : A l'âge de la retraite, et en petite forme, une autre façon d'être prêtre

 

Dans une vie antérieure, depuis mon ordination en 1967, tandis que j’étais en mission pastorale active jusqu’à ma retraite en 2007, à l'âge de 75 ans, j’ai cru pouvoir jouer un rôle, faire avancer des choses, car je disposais d’un certain pouvoir, et l’on attendait beaucoup de moi.  Et j’ai exercé ce rôle à fond !  Aussi bien avec des jeunes, en tant qu'aumônier diocésain de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC) sur la Vendée, qu'en mission 9 ans au Mali, ou au secrétariat des évêques de France à Paris durant 6 années.  Puis, pendant 18 ans, comme doyen de Montaigu, Les Sables d'Olonne puis Fontenay-le-Comte, et enfin comme curé de Mortagne-sur-Sèvre et St Laurent-sur-Sèvre les 5 dernières années : rassemblements avec des jeunes, missions diverses à travers l'Afrique, nombreux Cafés-Théo, mise en place de solides équipes paroissiales de laïcs, rencontres interreligieuses, lancement de ce blog, etc...

 L’arrivée à la retraite, dans mon statut actuel, m’a invité de me situer autrement. N’étant plus qu’un prêtre auxiliaire, j’ai opté pour laisser les prêtres plus jeunes « exercer le pouvoir ». Sur place, je n’ai plus cherché à influencer les choix, si différents soient-ils de ceux que j'ai pu valoriser jadis sur le diocèse.  J’ai essayé de vivre un certain lâcher-prise.  Si certains laïcs souhaitaient que je me manifeste davantage, j’ai plutôt essayé de les inviter à prendre davantage leur place par rapport aux nouvelles options des prêtres d'aujourd'hui, moins marqués par le Concile Vatican II, bien différents de nous les plus âgés.

J’avoue avoir été tenté par le désir de garder le goût du paraître, mais les prêtres sur place, sur Talmont,  m’ont aidé à rester à ma place, en retrait, en évitant de me confier des tâches importantes, ce qui n’a pas été simple à accepter pour moi au départ, mais ce dont aujourd’hui je les remercie pour leur clairvoyance, et le respect de ma nouvelle situation de retraité.

Rentrer dans le rang, cela m’a été facilité encore plus, depuis mes 75 ans jusqu’à aujourd’hui, par le fait d’avoir eu pas mal de problèmes de santé.  Il n’y a rien de tel pour vous aider à comprendre qu’il ne vous est plus possible de vous croire indispensable.  La maladie vous met hors jeu ; elle vous permet de rester dans l’ombre, humblement. Le problème d’avoir une attitude de pouvoir ne se pose plus.  On n’a plus tellement besoin de vous, ou sinon, autrement : à travers la prière, et une simple présence d’amitié.

J'ai la joie de faire partie d'une équipe de prêtres très liés à la spiritualité du P. de Foucauld.  Nous nous retrouvons en "Fraternité" une journée par mois pour de très riches moments de partage et de prière. Le thème de ce billet est justement celui de notre prochaine rencontre. Nous nous inspirerons de l'exemple de Charles de Foucauld, qui a vécu avant nous, dans son expérience sacerdotale, lui aussi, des périodes de solitude et d’isolement. Mais c’est sans doute dans ces moments-là qu’il a vécu sa mission de façon plus profonde que cela semblait possible, à vue humaine seulement.  Spirituellement, de telles périodes sont d’autant plus fécondes qu’elles sont vécues en lien profond avec la mission du Christ, à Nazareth particulièrement.

En tant que prêtres à la retraite, nous ne sommes pas moins prêtres qu'auparavant ; mais d'une autre façon, toujours aussi remplie de la présence du Christ en nous et autour de nous, même si c'est d'une façon moins visible, plus humble et plus modeste qu'auparavant.

vendredi 4 avril 2025

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3059 : "Dieu, c'est quand un homme en aide un autre." (Lévinas)

 Qui est Dieu ?  Depuis toujours, l'humanité se pose cette question, et pas seulement les chrétiens.  Toute sorte de personnes et d'institutions ont tenté de donner une réponse à cette question, que ce soit au plan théologique, philosophique, historique, moral, humain en un mot.  Aujourd'hui, je vais vous partager ce qu'en disent deux de nos contemporains, un juif et un chrétien, le philosophe lituanien Emmanuel Lévinas, et le poète italien Daniel Mencarelli. Car l'on ne peut en rester à des réponses seulement théologiques face à une telle question !

Emmanuel Lévinas (1906-1995), dont le père, la mère et les deux frères ont été assassinés par les nazis, a déclaré ceci : "Dieu, c'est quand un homme en aide un autre. La preuve de l'existence de Dieu, c'est le visage de l'autre homme." Lévinas a des paroles très sévères sur la façon dont les religions se servent de Dieu, qui serait là pour me consoler, pour répondre à mon attente, pour me récompenser de ce que je fais de bien, voire, me punir.  Alors que, quand un homme répond au visage d'autrui, c'est là seulement que Dieu est présent et agissant !

Daniele Mencarelli (1974), dont Jennifer, une amie britannique m'a fait connaître l'existence cette semaine, est un poète renommé en Italie, qui a reçu le prix de littérature de l'Union Européenne en 2022 ;  l'un de ses ouvrages est intitulé : "Nous voulons tous être sauvés". Il a dit ceci : "La plus grande expression du dialogue avec Dieu est de toujours tendre la main à celui qui est dans le besoin." Un de ses biographes a expliqué qu'il avait toujours suivi à la lettre ce conseil de sa mère, l'invitant à sans cesse tendre la main à l'autre dans le besoin.

Bien entendu, il ne s'agit pas de mettre de côté la prière, dans la rencontre avec Dieu et la découverte de son Amour.  Mais de tels témoignages nous rappellent ce que nos religions risquent d'oublier : le chemin vers Dieu passe avant tout par notre attention à l'autre.

A ce propos, je me permets de vous citer à nouveau cette remarque du pasteur Dietrich Bonhoeffer, pendu par les nazis : "Ce n'est pas l'acte religieux qui fait le chrétien, mais sa participation à la souffrance de Dieu dans la vie du monde."

Et cette belle citation de St Augustin : "Tu vois la Trinité quand tu vois la charité."

Bonne marche vers Pâques, sous cette lumière !

 

dimanche 30 mars 2025

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3058 : "De voir ce que je vois, je ne peux plus prier !"

 Cela fait presque une semaine que je n'ai pas proposé de billets, mais tout de suite, certains d'entre vous se sont inquiétés, se posant des questions sur ma santé. C'est très gentil à eux, et je suis très touché de votre attention !  Pour le dire vite, je ne peux vous cacher que je suis très fatigué, mais rien que de plus normal, après le gros coup que j'ai subi sur le crâne ! Les toubibs m'ont dit que j'en avais encore pour quelques mois avant de retrouver la forme, si je la retrouve !  Mais je ne me plains pas, si heureux d'être sorti de l'hôpital sur mes deux pieds. J'ai eu beaucoup de chance, grâce au soutien de votre amitié et de vos prières !

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"De voir ce que je vois, je ne peux plus prier !"  La réflexion de cette dame m'a beaucoup interrogé. Dans nos familles, nos paroisses, notre Eglise et dans l'ensemble du monde, les choses vont trop souvent si mal qu'il y a de quoi désespérer !  On a l'impression qu'il faut avoir une sacrée force d'âme pour pouvoir continuer à avancer. L'on se trouve dans ce que Albert Camus appelait 'l'inespoir". Je repense souvent à ces paroles de Jésus nous invitant à ne pas fuir la réalité et à garder la foi.  Vous connaissez ces textes, mais je me permets de vous rappeler ce qui nous est dit en Luc 21/7-36  :

"Prenez garde de ne pas vous laisser égarer...  Quand vous entendrez parler de guerres, ne soyez pas effrayés... On se dressera nation contre nation... Il y aura de grands tremblements de terre... Sur la terre, les nations seront dans l'angoisse... Tandis que les hommes défailleront de frayeur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde...  Quand ces événements commenceront à se produire, redressez-vous et relevez la tête, car votre délivrance est proche... Restez éveillés dans une prière de tous les instants, pour être jugés dignes d'échapper à tous ces événements à venir et de vous tenir debout devant le Fils de l'homme."

Jésus ne nous a pas caché la triste réalité, et ses paroles collent exactement à ce que nous vivons, comme si elles avaient été prononcées pour nous, en ce début du XXIème siècle. La feuille de route proposée aux chrétiens est claire, et il nous faut prendre le temps de la lire, de la relire, de la méditer, de la digérer.  Impossible de passer à côté !

Mais nombre d'entre nous se disent : nous avons prié, longuement, et avec foi, mais rien n'a changé !  Le mal avance, il semble progresser sans cesse, et Dieu paraît absent... C'est une question que tout le monde se pose un jour ou l'autre.  Il n'y a pas d'autre solution que de se remettre devant le Seigneur, dans la main de notre Sauveur.  Il en va de la qualité de notre relation avec Dieu.  L'on peut tout à fait comprendre que le mal dont nous sommes témoins puisse nous conduire à nous poser des questions quant à la présence et l'action de Dieu.  Mais quel temps donnons-nous à notre rencontre avec notre Créateur ?  Lui donnons-nous la possibilité d'éclairer notre route ?

Il nous faut retrouver ce que Bernanos appelait "l'espérance violente des matins".  En évitant de tomber dans la désillusion vis-à-vis de l'avenir, ce qui serait le signe d'une société fatiguée, en état de démission.  Comme le disait la jeune juive Etty Hillesum : "nous avons tout en nous : Dieu, le ciel, la vie, la lumière, et pas seulement l'enfer et la mort".  Elle ajoutait : "nous avons le droit de souffrir, non de succomber à la souffrance."  Cette jeune Juive, à Auschwitz, ne s'est pas lamentée sur son sort, n'a pas maudit ses bourreaux, ni désespéré.  Elle disait : "J'élève la prière autour de moi, comme un mur protecteur."

 Méditons ce à quoi nous appelle le pasteur Bonhoeffer : "Qui croit au Christ ne peut dire que le monde est perdu et séparé du Christ (...)  Il faut suivre le Christ dans l'ambiguïté, dans un monde opaque, où le bien est mêlé au mal...

Si l'on ne peut plus prier, il nous reste l'action... D'autant plus que nous ne sommes pas dans l'univers pour gémir sur ce qui ne va pas ni pour le subir, mais pour le transformer.  Soyons dignes de nous tenir debout devant le Fils de l'homme !

 

 

lundi 24 mars 2025

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3057 : Un Carême prenant en compte trois grands défis actuels

Chacun de nous, à sa façon, s'est engagé dans ce temps de Carême avec des pistes précises, dans le but d'avancer vers Pâques avec un coeur purifié : se donner des temps de prière réguliers, jeûner d'une certaine façon, et pas seulement sur le plan alimentaire, s'engager davantage au service des autres, par exemple dans l'attention à chacun selon ses besoins, suivre quotidiennement les propositions de certaines "retraites dans la ville", etc...

En réalité, rien que de très classique, et qu'il ne s'agit pas de remettre en cause. Mais en lisant le "Ouest-France" de ce lundi 24 mars, page 4, j'ai été très intéressé par un article de Marc Humbert, de l'université de Rennes, qui place notre société face à "trois terribles défis" : la technique, la vie sociale et l'écologie.

Il m'a semblé qu'en plus des voies classiques du Carême : chemins de croix, temps d'adoration, liturgie..., nous aurions tout à gagner pour élargir notre façon de nous préparer à la rencontre du Christ mort et ressuscité ; et cela, à partir des grands défis concernant non seulement l'Eglise, mais le monde dans lequel le Seigneur nous a placés. Ce serait, d'une certaine façon, renouveler, rajeunir, actualiser le sens du Carême ; et cela, davantage en lien avec la vie du monde actuel, auquel l'Eglise est souvent un peu étrangère, en fonctionnant seulement dans son domaine propre, et selon des habitudes un peu surannées.

1° piste : la technique. Une paroissienne m'a fait cette remarque :  "Je vous vois toujours avec votre portable ; vous devriez de temps en temps le fermer...Cela libèrerait votre esprit !"  Le progrès technique nous a beaucoup apporté, il ne faut pas le remettre en cause. Mais l'exemple du portable est symboliquement très fort : il risque de nous commander. Nous connaissons ses avantages ; mais, pendant ce temps de Carême, pouvons-nous prendre le temps de réfléchir sur ce qu'il est train de détruire dans notre façon d'être ?  Même question pour l'ordinateur, la télé, l'intelligence artificielle que nous pouvons déjà utiliser, et les autres médias...

2° piste  :  la vie sociale.  300 personnes seulement à la manif organisée dimanche soir à Paris suite à l'agression du rabbin d'Orléans, et dont, à 95%, seulement des Juifs. Un Français sur quatre reproche Gaza aux Juifs de France ; le mot "fraternité" a-t-il encore sa place sur le fronton de nos mairies ?  Même dans nos églises, l'on ne parle guère de nos "Pères dans la Foi".  Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, ni dans notre société ni dans notre Eglise.  La dimension fraternelle, populaire, humaniste, n'a-t-elle pas disparu de nos discours et de notre vie d'Eglise, au profit d'un certain type de regroupement traditionnel, fait de piété et tournant le dos à l'humanisme ?  L'on vante à bon droit l'augmentation du nombre de catéchumènes et de demandes de baptême, mais ce dont on parle moins, c'est du fait que nombre de nouveaux baptisés abandonnent très vite la pratique dominicale catholique, contrairement à la fidélité que l'on remarque chez les Protestants Baptistes, en grande progression y compris aux Sables d'Olonne...

3° piste : l'écologie.  Quelques paroisses, en Vendée et ailleurs, se sont lancées sur le chemin de l'écologie : Talmont-St Hilaire, La Mothe-Achard, La Roche-sur-Yon et ailleurs.  Le pape François nous a fortement invités  à avancer sur cette question. Pouvons-nous profiter de ce temps de Carême pour avancer sur ce point ?  En parlons-nous en paroisse, entre chrétiens et avec nos voisins ? N'oublions pas que Jésus est allé au désert ; il y a passé 40 jours ; durant ce temps de recul, il s'est dépouillé de tout ce qui n'était pas essentiel.  Et cela lui a permis de résister au mal et de garder le cap sur sa Mission de Salut.

En ce milieu de Carême, il n'est pas trop tard pour compléter notre façon de vivre ce temps. Nous n'avons pas vraiment avancé, mais Dieu nous attend avec patience. Nous sommes semblables au figuier dont nous parlait l'évangile de ce dimanche. N'hésitons pas à remettre un peu de "fumier spirituel" au pied de l'arbre de notre vie, afin qu'il produise enfin de beaux fruits !

Ainsi qu'une autre paroissienne me l'a conseillé, "on oublie que l'Esprit-Saint nous donne les grâces pour vivre tout cela ; n'oublions pas l'Esprit-Saint, prions le chaque jour.  Pendant ce temps de Carême qui nous est donné, nous pouvons parvenir, avec l'aide de l'Esprit-Saint, à avancer vers Pâques, avec nos faiblesses et nos pauvretés, en nous mettant à nu devant le Seigneur et en le laissant nous guider."

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 A méditer, Isaïe 1/11-20  :

"Pourquoi tant de sacrifices en mon honneur, dit Yahvé ?  J'en ai assez des holocaustes.  Venez vous présenter devant moi. Arrêtez ces offrandes qui ne sont pas vraies !  Je suis dégoûté de l'encens. Lavez-vous, purifiez-vous.  Cessez de faire le mal et apprenez à faire le bien.  Cherchez la justice, faites droit à l'opprimé, faites justice à l'orphelin, défendez la veuve..."    Tout un programme, bien actuel !

 

 

dimanche 23 mars 2025

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3056 : Un rabbin agressé à Orléans

 Ci-dessous, le message que j'ai envoyé à la synagogue des Sables d'Olonne, ainsi qu'au grand rabbin de France, Haïm Korsia, et aux amis Juifs du Pays des Olonnes.

Je suis quand même étonné de ce que les agressions contre les Juifs ne font pas tellement réagir le peuple français dans son ensemble. 

Pour nombre d'entre nous, défendre un Juif, c'est oublier Gaza.  Qu'est-ce que l'agression d'un rabbin en France a à voir avec le drame vécu par les Palestiniens ? Pour certains, l'on mélange tout et tout est lié.

Il est vrai que la situation n'est pas très simple !  Mais doit-on accepter de telles agressions chez nous ?

Trop de politiques attisent cette haine antisémite, ou n'osent pas se mouiller ; de plus, il n'y est guère fait allusion dans la vie et les discours et actions des paroisses catholiques.

A chacun de voir comment il peut se rendre solidaire de nos "frères aînés" dans la Foi ! 

                            Communiqué :

Comme vous, j'ai été sidéré par cette agression à Orléans, contre le rabbin Arié Engelberg, sous les yeux de son fils.
Frappé à la tête, mordu, en pleine rue, samedi.
La "bête immonde" est toujours vivante, y compris dans une certaine partie de la jeunesse de notre pays.
Il faut absolument déraciner cette haine, cet antisémitisme permanent et récurrent.
Va-t-on considérer cette agression, une fois de plus, comme un fait divers banal, et passer à autre chose ?
Désormais, je suis très limité au plan santé, mais j'assure nos frères et soeurs Juifs de mon profond soutien.
Ainsi que de la douleur et de la fraternité de nombreux Français.
Particulièrement aux Sables d'Olonne, de la part de l'association "Dialogue pour la Paix", bien que je ne parle pas en son nom.
Chers amis Juifs, je vous porte dans ma prière.
Et je souhaite que notre Eglise catholique ait toujours plus d'attention à la vie de la communauté juive, chez nous et au-delà !
En fidélité à ce psaume repris dans toutes les églises de la terre en ce dimanche :
"Le Seigneur fait oeuvre de justice, il défend le droit des opprimés..." (psaume 103/6)
Une belle feuille de route pour nous tous !
Olivier Gaignet

samedi 22 mars 2025

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3055 : Où va notre Eglise catholique ?

 Sans cesse, j'entends des réactions par rapport à ce qui se passe dans de trop nombreuses paroisses en ce moment.  Je reçois de multiples confidences, de la part de personnes assez déçues vis-à-vis de l'évolution générale de l'Eglise catholique. Tels les sentiments de jeunes soignantes d'origine catholique, rencontrées pendant mon séjour à l'hôpital des Sables d'Olonne, qui ont fait le choix de rejoindre l'Eglise Baptiste des Sables d'Olonne, qu'elles sentent plus joyeuse, donnant plus de place aux jeunes, moins ancrée dans un certain rituel, obligatoire, triste et mal rénové.  Où se trouve l'Amour du Christ dans tout ça ?  La joie et le bonheur de vivre avec le Christ ?

Je vous livre des extraits d'un mail que je viens de recevoir à ce même sujet.  La paroisse en cause n'est ni Talmont ni les Sables d'Olonne. Cependant, l'important n'est pas de savoir d'où vient ce message, mais d'entendre ce cri de déception.  Vos réactions seraient les bienvenues, afin que nous puissions nous aider mutuellement !

Bonjour Olivier

En lisant vos derniers messages que je n'ai pas suivis depuis de nombreuses années, je m'aperçois que vous avez eu  des soucis de santé très préoccupants. J'ai compris que vous alliez mieux, j'en suis heureuse pour vous et vos proches.

Je prends ma plume parce que j'ai besoin  de vider mon sac, face à l'évolution de l'Eglise catholique que je ne comprends plus.

Chez moi, le curé actuel gère une paroisse élargie avec de nombreuses responsabilités et occupations diverses tous azimuts.

La communication, au journal, des infos concernant la paroisse, ne semble pas sa priorité : aussi après l'avoir sollicité deux fois pour des articles, j'ai abandonné. Lors des célébrations, il est extrêmement exigeant sur des points précis du rite, comme les gestes de recueillement au moment de l'offertoire ; mais le manquement à certains de ces gestes est-t-il plus important que la présence à la célébration elle-même ? A telle occasion (...), il a vertement incriminés certaines personnes, pour un geste non pratiqué par certains, des fidèles non habitués bien entendu. Je pourrais vous citer d'autres exemples qui me gênent beaucoup : pour moi, les rites sont au service du message de l'Evangile ; celui-ci étant premier.  "Le bon pasteur n'est-il pas en charge de la brebis égarée en premier, avant  de se préoccuper du troupeau qui suit son chemin sans dévier ?" 

Notre société perd la boule avec des responsables politiques qui nous abreuvent de mensonges (pas tous) et de discours de haine. Les chrétiens, dont le premier commandement, si je ne me trompe, c'est "Aimez-vous les uns les autres", ne doivent-ils pas se recentrer sur cet essentiel ?  Je vous assure que la pratique de nos amis de l'Eglise Réformée me semble plus juste et mieux adaptée à notre époque, avec un souci de lier davantage l'actualité, la société et le message évangélique. J'avoue que je suis plus sereine au milieu des protestants qu'en compagnie de certains catholiques actuels.

Comme vous le savez, nous avons fait des milliers de kilomètres sur les chemins de Saint Jacques. L'ouverture à l'autre, aux autres croyances et à ceux qui ne croient pas, on l'expérimente chaque jour en marchant ou en accueillant à notre maison. Amical souvenir.
 
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Billets les plus lus :
 
Je dispose d'un petit compteur personnel sur mon blog.
Les plus lus, et de très loin, depuis le 1° janvier 2025 jusqu'à ce jour : 
 
    -  Une vie bouleversée                    1° janvier
    -  Hommage aux soignants            18 janvier
    -  J'ai décidé de remarcher             23 janvier

mercredi 19 mars 2025

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3054 : La société devrait se faire soigner à l'hôpital

 Notre société est malade ! Nous entendons cela tous les jours, et nous le ressentons profondément. Elle attrape un peu toutes les maladies ; elle est se trouve sans protection contre les nombreux maux qui nous assaillent. En faire la liste serait sans fin : le cancer de la haine, la paralysie de ses membres les plus influents, la sécheresse des coeurs face aux guerres et aux catastrophes, une mauvaise circulation du sang, un sang impur qui ne peut plus jouer son rôle, un vieillissement précoce de nos artères vitaux, des bras et des jambes cassés par la peur et l'inaction face à la montée des extrêmes, le fait d'être sans voix, aphone,  face au mal qui s'étend, le rejet des pauvres, des malades et des étrangers, etc...

En réunion dimanche dernier avec une équipe de réflexion, j'expliquais qu'à mon avis, la société aurait bien besoin de faire soigner ses AVC, ses pertes d'énergie et ses fragilités, comme on le fait à l'hôpital. L'on m'a demandé de faire un billet à ce sujet ; mais j'ai déjà en partie traité cette question à travers des billets que j'ai rédigés étant hospitalisé.  Cependant, je vais reprendre aujourd'hui cette même argumentation, en reprenant, en vrac, divers exemples auxquels j'ai été sensible, du fond de mon lit.

La société française s'est donné l'égalité comme une valeur suprême ; il n'en est rien. Par contre, à l'hôpital, cet idéal est mis en oeuvre et respecté. Un cadre hospitalier m'a expliqué que l'objectif, à l'hôpital, était bien de donner une valeur égale à chacun. J'ai pu constater, à mon niveau, que les soignants accordaient bien la même importance à chacun, quoiqu'il en soit de son attitude et de sa situation. Le même sourire, les mêmes soins, la même attention à mon voisin de chambre qui traitait certaines soignantes de "connasses" qu'au curé que j'étais, ou à cette femme paumée qui était toujours un peu perdue dans les couloirs, à la recherche de sa chambre, ou à l'unijambiste qui clamait sa désolation.

Personnellement, durant un mois et demi, j'ai vraiment cru que je finirais mes jours dans une petite charrette ; au vu de la société, y compris d'un service dans l'Eglise, j'avais conscience que je ne valais plus rien, que j'étais devenu un improductif total, inutile à la société.  J'avais conscience que l'on dépensait de l'argent pour me soigner, mais dans quel but ? N'aurait-il pas été préférable d'orienter cet argent vers des objectifs plus rentables ?  J'avais un peu honte d'être devenu un poids lourd au sein de la société...  Et pourtant, des personnes sans cesse prenaient soin de moi ; des médecins passaient me voir tous les jours, prenaient de leur temps précieux pour faire le point avec moi, me redonnaient courage et espérance. Et toute personne qui me visitait me permettait de retrouver de l'énergie.

Des personnes, extérieures à l'hôpital, me disaient que je n'avais pas d'autre perspective que d'aller me garer dans une maison de retraite, pour le restant de mes vieux jours ; mais les soignants avaient d'autres perspectives pour moi que de me mettre ainsi, d'emblée, au rencart ; j'entends encore ces deux médecins, après un tel type d'intervention, me "consoler" en me disant : "On va s'occuper de vous ; on ne va pas vous laisser partir comme ça ; on a, au 4° étage de l'hôpital, un petit centre de rééducation ; nous allons vous y transférer, et on verra ce qu'il est possible de faire avec vous."  Je signale que, lors de cet échange, j'étais toujours  dans mon lit, incapable de bouger d'un millimètre mon bras et ma jambe gauches.  C'était un pari risqué de la part des médecins, de me donner ma chance jusqu'au bout !

Je vous ai déjà dit que j'ai trouvé à l'hôpital quelque chose qui est très rare, tant dans l'Eglise qu'au sein de la société, cette valeur suprême qu'est le sourire gratuit, et le don de soi. On ne trouve cela ailleurs que trop rarement. C'est pour toutes ces raisons et bien d'autres que je souhaite profondément que la société s'inspire davantage de ce qui se vit d'humain dans les lieux de soins. Un immense merci à tous les soignants !

Grâce à ce séjour à l'hôpital, j'ai découvert que ce n'était pas qu'un lieu de maladie, de souffrance, de mort, de désespérance ni d'échec ; mais qu'il s'y vivait de la bonté, de la fraternité, de l'entraide, du soin, de l'espérance, de la lumière et une belle humanité !



samedi 15 mars 2025

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3053 : "Accepter la mission auprès du Père Olivier, un appel divin !" (Jean-François)

Pendant les presque deux mois et demi que j'ai passés à l'hôpital, je vous disais que ce qui m'avait permis, non seulement de tenir, mais de guérir, c'était vos prières, ainsi que vos visites. Pas une seule journée sans qu'à la porte de ma chambre n'apparaissent des visages aimés, qui m'ont communiqué quotidiennement force et énergie. ; et sur mon portable, de nombreux messages d'encouragement. Ce soutien permanent fut pour moi un immense cadeau de Dieu, envoyant ses Anges à mon chevet !
 
En lien avec ma famille n'habitant pas sur place, j'ai proposé à un paroissien de Bourgenay, Jean-François, d'être ma personne de confiance, avec le soutien de son épouse Jeanne-Marie. J'ai été impressionné par la qualité de son accompagnement quasi journalier. Il a en particulier assuré la continuité de ce blog, tapant courageusement les billets que je rédigeais sur mon lit d'hôpital !  Je lui ai proposé de relire ce que nous avions vécu ensemble. Il aurait préféré rester dans l'ombre, ne souhaitant pas trop que l'on parle de lui. Mais je l'ai invité à écrire son ressenti. 
 
Nombre de personnes, comme lui, ont été d'une grande aide pour moi, au plan matériel et autres ; mais Jean-François représente tous ces Anges qui en quelque sorte ont été envoyés par Dieu pour me permettre de retrouver vigueur et espérance. Je les remercie par ma prière.
 
Je vous livre la relecture, sous forme de méditation, de Jean-François. Il continue d'ailleurs son "service", me conduisant ici ou là (kiné, courses, examens divers...), car je n'ai pas l'autorisation de conduire avant le mois de juin.
 
Dieu est toujours présent !

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, 
      de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. »

La rencontre avec le Père Olivier ne fut pas un hasard. Guidé par l’Esprit Saint, l’un vers l’autre, et dès le début, avoir été nous-mêmes et avoir partagé honnêtement nos pensées et nos sentiments ont favorisé une connexion sincère. Cette authenticité a créé un environnement propice à l’établissement de liens solides. La fiabilité et le respect mutuel, la tenue de nos engagements et le respect des confidences de l’autre ont établi une base solide pour une amitié durable. Passer du temps ensemble et vivre des expériences communes permettent de tisser des souvenirs partagés, consolidant ainsi la relation. Porter une attention réelle aux paroles de l’autre et comprendre ses émotions est essentiel. L’écoute active renforce la confiance et la proximité émotionnelle.

Accepter la mission auprès du Père Olivier, je l’ai perçue comme un appel divin à faire grandir ma foi et à manifester l’amour chrétien, comme une opportunité de me confronter à la réalité de la souffrance d’autrui et à la vulnérabilité humaine. Cette mission est une invitation de Dieu à approfondir ma relation avec Lui et à mettre en pratique l’amour du prochain. J’ai appris à me reposer sur la providence divine et à découvrir en moi des ressources que Dieu met à ma disposition et auxquelles je dois plus porter attention.

Cette mission sacrée m’a permis de développer le soutien et la solidarité. Ces moments incitent à pratiquer l’empathie et la charité, valeurs centrales dans l’enseignement de Jésus. En me laissant guider par Dieu, j’ai découvert que chaque rencontre, porte en elle la possibilité d’une évolution spirituelle.

N’oublions pas d’exprimer notre gratitude envers la Vierge Marie pour son intercession !
Combien d’amis, de visiteurs, ont demandé par leurs prières l’intercession de Marie pour obtenir la guérison du Père Olivier ?

« Ne crains pas d’aimer trop la Sainte Vierge, jamais tu ne l’aimeras assez et Jésus sera bien content puisque la Sainte Vierge est sa mère. » disait sainte Thérèse de Lisieux à sa cousine.

Nous avons offert nos prières pour le Père Olivier à la très sainte Vierge Marie pour qu’elle les présente à son fils. Ce fut le meilleur moyen de nous rapprocher du Christ. La prière nous a mis à l’école de Marie : une école d’humilité, de douceur, d’amour absolu et sans limite, qui nous invite à devenir de vrais chrétiens. Marie nous permet de marcher sur les pas de son fils, Jésus.

« Merci, Vierge Marie, pour ton intercession bienveillante. Merci, Esprit Saint, pour ta présence guérissante et réconfortante… »

Psaume 30.Verset 2 : 
« Je t’exalte, ô Éternel, car tu m’as relevé, Tu n’as pas voulu que mes ennemis se réjouissent à mon sujet. »

Dieu nous a ainsi invités à entrer en Carême afin de nous rapprocher de Lui et à renouveler notre foi en vue de la célébration de Pâques !



 

mardi 11 mars 2025

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3052 : Poutine, Erdogan, Netanyahou, Trump, Kagamé, Xi Jinping et cie sont dans la main de Dieu

 On a tendance à  vouer aux gémonies tous les dictateurs de la planète, des personnages terrifiants pour certaines catégories de leur peuple (exemple, les Ouighours en Chine) et pour le reste du monde, des fossoyeurs de la démocratie et du vivre ensemble. Certains sont d'origine chrétienne, d'autres musulmane, juive ou autres...  Mais ils ont pris leur indépendance par rapport aux fondamentaux de ces religions, par exemple, vis-à-vis de la feuille de route proposée par Jésus dans le christianisme à travers l'évangile des Béatitudes. C'est à n'y rien comprendre !  Des chefs d'Etat n'ont-ils pas la responsabilité de conduire les peuples dont ils ont la charge sur le chemin de la Paix ?  Certains font exactement l'inverse : la Chine veut envahir Taïwan, Netanyahou laisse les colons s'emparer de la Cisjordanie, sans parler de Gaza, Kagamé a des visées expansionnistes sur le Congo voisin, Poutine rêve d'annexer l'Ukraine, tandis que Trump a traité de façon très impolie et incompréhensible le chef de l'Etat Ukrainien, considéré comme un fauteur de guerre, dans le bureau ovale, à la face du monde entier, Erdogan n'aime pas les Kurdes, etc... Divers pays suivent leur triste exemple, et le reste du monde est sidéré devant de telles attitudes, contraires aux principes de toute religion et à un fraternel vivre ensemble !

Mais nous, à notre niveau, que pouvons-nous faire ?  "Nous regardons ailleurs", selon la célèbre formule de Jacques Chirac, et nous pensons, à tort, que nous ne pouvons rien faire ! Je rencontrais, il y a quelque temps, une paroissienne, nonagénaire, et très attentive aux problèmes du monde, qui me fit cette confidence : "Je ne peux plus être active comme jadis sur le paroisse et dans la société, et j'ai senti qu'à mon âge, une nouvelle mission m'était confiée : je prie chaque jour pour les chefs d'Etat de la planète. Ils ont d'énormes responsabilités.  Je suppose qu'il leur est difficile de faire face à ce que l'on attend d'eux. Chaque jour, avec le journal, je prends le temps de prier à leur intention, et de demander à l'Esprit-Saint de les conseiller, de les éclairer dans la conduite de leurs actions. Si on ne prie pas pour eux, ne soyons pas surpris qu'ils orientent leurs activités hors du chemin de l'Evangile !" 

La réaction de cette paroissienne m'a fortement interpellé !  Je suis bien placé, en tant que prêtre, pour savoir le rôle irremplaçable de la prière ; mais est-ce que je place toutes mes forces,chaque jour, comme elle, dans la prière à l'Esprit-Saint pour nos gouvernants ?  Pour nos maires, nos conseillers municipaux, nos députés ? Pour M. Macron et M. Mélenchon ?  Pour les responsables de l'Union Européenne, pour l'unité de l'Europe ?  Pour les autres chefs d'Etat de l'Inde, du Brésil et de l'Argentine, de l'Algérie et de la Syrie, et de toutes les nations... ?

Me revient cette réflexion de St Jean Chrysostome, archevêque de Constantinople (344 - 407), que nous citait souvent un professeur du grand séminaire de Luçon :  "L'homme qui prie a la main sur le gouvernail du monde."  Si les chrétiens priaient avec ferveur pour les chefs d'Etat, sans doute cela changerait-il la face de la terre ?  Mais Dieu a ses desseins...

Il n'en n'est pas moins certain que Poutine aussi bien que Xi Jinping, et chacun d'entre nous, est sûrement dans la main de Dieu. Nous serions bien prétentieux de dire que Dieu les a exclut de son Amour : "Est-ce que vraiment je prendrais plaisir à la mort du méchant, et non pas plutôt à ce qu'il se détourne de ses chemins et qu'il vive ?" (Ezéchiel 18/23) 

Nous tenons confirmation de ce point en Job 12/9-10  :  "Le Seigneur, lui qui tient en son pouvoir l'âme de tout vivant et le souffle de toute chair d'homme."

"Chaque génération se croit vouée à refaire le monde.  La mienne sait qu'elle ne le refera pas.   Mais sa tâche est peut-être plus grande.  Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse." (Albert Camus)

Une bonne piste pour notre Carême, hors des discours tout faits et des sentiers battus ; contribuer à réparer le monde, par notre prière à l'Esprit-Saint !

 

mercredi 5 mars 2025

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n°3051 : Homélie de l'évêque épiscopalienne de Washington, lors de l'investiture de Donald Trump

 Voici un billet qui ne va pas ressembler aux précédents ; il s'agit des paroles, d'une forte tonalité évangélique, que Mariann Budde, une femme de 65 ans, évêque de l'Eglise épiscopalienne, a fait résonner dans la cathédrale de cette Eglise, à Washington, lors de la cérémonie religieuse organisée à l'occasion de l'investiture de Donald Trump, le 21 janvier dernier, devant le président et nombre de personnalités politiques.

En ce mercredi des Cendres, cette homélie pourrait nous aider à réfléchir à propos du chemin sur lequel nous sommes invités à avancer, vers Dieu et les autres, en ce temps de Carême où il se pose tant de questions, tant en ce qui concerne la vie internationale qu'au sein de notre propre vie !

 

Homélie et prière pour l’unité de la nation

Ô Dieu, tu nous as créés à ton image et tu nous as rachetés par Jésus ton Fils : regarde avec compassion toute la famille humaine ; ôte l’arrogance et la haine qui infectent nos cœurs ; brise les murs qui nous séparent ; unis-nous par des liens d’amour ; et œuvre au travers de nos luttes et de notre confusion pour accomplir tes desseins sur terre ; afin que, au moment opportun, toutes les nations et toutes les races te servent en harmonie autour de ton trône céleste ; par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

Jésus dit : « C’est pourquoi, quiconque entend ces paroles que je dis et les met en pratique sera semblable à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont déchaînés contre cette maison, mais elle ne s’est pas écroulée, parce qu’elle était fondée sur le roc. Et quiconque entend ces paroles que je dis et ne les met pas en pratique sera semblable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont déchaînés contre cette maison, et elle s’est écroulée, et sa ruine a été grande. » Lorsque Jésus eut achevé de prononcer ces paroles, les foules furent frappées de son enseignement, car il enseignait comme ayant autorité, et non comme leurs scribes.
Matthieu 7:24-29

En compagnie de nombreux citoyens venus de tout le  pays, nous nous sommes réunis ce matin pour prier pour l’unité de la nation, non pas pour un accord, politique ou autre, mais pour le type d’unité qui favorise la communauté malgré la diversité et la division, une unité qui sert le bien commun.
L’unité, dans ce sens, est la condition préalable pour que les gens puissent vivre ensemble dans une société libre, c’est le roc solide, comme l’a dit Jésus, sur lequel bâtir une nation. Ce n’est pas le conformisme. Ce n’est pas la victoire de l’un sur l’autre. Ce n’est pas une politesse lasse ni une passivité née de l’épuisement. L’unité n’est pas partisane.

L’unité est plutôt une façon d’être ensemble qui englobe et respecte les différences, qui nous apprend à considérer les perspectives et les expériences de vie multiples comme valables et dignes de respect ; qui nous permet, dans nos communautés et dans les couloirs du pouvoir, de nous soucier véritablement les uns des autres, même lorsque nous sommes en désaccord. Ceux qui, partout au pays, consacrent leur vie ou se portent volontaires pour aider les autres en cas de catastrophe naturelle, souvent au péril de leur vie, ne demandent jamais à ceux qu’ils aident pour qui ils ont voté lors des dernières élections ou quelles sont leurs positions sur une question particulière. Nous sommes à notre meilleur lorsque nous suivons leur exemple.

L’unité est parfois sacrificielle, comme l’amour l’est, un don de soi pour l’autre. Jésus de Nazareth, dans son Sermon sur la montagne, nous exhorte à aimer non seulement notre prochain, mais aussi nos ennemis, à prier pour ceux qui nous persécutent, à être miséricordieux, comme notre Dieu est miséricordieux, et à pardonner aux autres, comme Dieu nous pardonne. Jésus a fait tout son possible pour accueillir ceux que sa société considérait comme des parias.

Je vous concède que l’unité, dans ce sens large et expansif, est une aspiration, et qu’il faut prier pour elle – une grande demande adressée à Dieu, digne du meilleur de ce que nous sommes et de ce que nous pouvons être. Mais nos prières n’ont pas grand-chose à nous apporter si nous agissons d’une manière qui creuse et exploite encore plus les divisions qui nous séparent. Nos Écritures disent très clairement que Dieu n’est jamais impressionné par les prières si elles ne guident pas nos actions. Dieu ne nous épargne pas non plus les conséquences de nos actes, qui, en fin de compte, comptent plus que les mots que nous prions.

Ceux d’entre nous qui sont réunis ici dans cette cathédrale ne sont pas naïfs face aux réalités de la politique. Lorsque le pouvoir, la richesse et des intérêts concurrents sont en jeu, lorsque les points de vue sur ce que devrait être l’Amérique sont en conflit, lorsque des opinions fortes s’opposent sur un éventail de possibilités et que des conceptions radicalement différentes de ce qu’est la bonne ligne de conduite, il y aura des gagnants et des perdants lorsque des votes seront exprimés ou que des décisions seront prises qui détermineront le cours des politiques publiques et la priorisation des ressources. Il va sans dire que dans une démocratie, les espoirs et les rêves particuliers de chacun ne se réaliseront pas au cours d’une session législative donnée, d’un mandat présidentiel ou même d’une génération. Les prières spécifiques de chacun – pour ceux d’entre nous qui sont des gens de prière – ne seront pas exaucées comme nous le souhaiterions. Mais pour certains, la perte de leurs espoirs et de leurs rêves sera bien plus qu’une défaite politique, mais plutôt une perte d’égalité, de dignité et de moyens de subsistance.

Dans ces conditions, une véritable unité entre nous est-elle possible ? Et pourquoi devrions-nous nous en soucier ?

J’espère que nous nous en soucions, car la culture du mépris qui s’est normalisée dans notre pays menace de nous détruire. Nous sommes tous bombardés quotidiennement de messages provenant de ce que les sociologues appellent désormais « le complexe industriel de l’indignation », dont certains sont alimentés par des forces extérieures dont les intérêts sont favorisés par une Amérique polarisée. Le mépris alimente nos campagnes politiques et les médias sociaux, et beaucoup en profitent. Mais c’est une manière dangereuse de diriger un pays.

Je suis une personne de foi et, avec l’aide de Dieu, je crois que l’unité dans ce pays est possible – pas parfaitement, car nous sommes un peuple imparfait et une union imparfaite – mais suffisamment pour nous permettre de continuer à croire et à œuvrer pour réaliser les idéaux des États-Unis d’Amérique – idéaux exprimés dans la Déclaration d’indépendance, avec son affirmation de l’égalité et de la dignité humaines innées.

Et nous avons raison de prier pour que Dieu nous aide dans notre quête de l’unité, car nous avons besoin de l’aide de Dieu, mais seulement si nous sommes prêts à nous occuper nous-mêmes des fondations sur lesquelles repose l’unité. Comme l’a fait Jésus en parlant de la construction d’une maison de foi sur le roc de ses enseignements, par opposition à la construction d’une maison sur le sable, les fondations dont nous avons besoin pour l’unité doivent être suffisamment solides pour résister aux nombreuses tempêtes qui la menacent.

Quels sont les fondements de l’unité ? En m’appuyant sur nos traditions et nos textes sacrés, je dirais qu’il y en a au moins trois.

Le premier fondement de l’unité est le respect de la dignité inhérente à chaque être humain, qui est, comme l’affirment toutes les religions représentées ici, le droit de naissance de tous les peuples en tant qu’enfants du Dieu unique. Dans le discours public, respecter la dignité de chacun signifie refuser de se moquer, de dénigrer ou de diaboliser ceux avec qui nous divergeons d’opinion, choisir plutôt de débattre respectueusement de nos différences et, chaque fois que cela est possible, de rechercher un terrain d’entente. Si un terrain d’entente n’est pas possible, la dignité exige que nous restions fidèles à nos convictions sans mépriser ceux qui ont leurs propres convictions.

Le deuxième fondement de l’unité est l’honnêteté, tant dans les conversations privées que dans les discours publics. Si nous ne sommes pas disposés à être honnêtes, il ne sert à rien de prier pour l’unité, car nos actions vont à l’encontre des prières elles-mêmes. Nous pouvons, pendant un temps, éprouver un faux sentiment d’unité entre certains, mais pas l’unité plus solide et plus large dont nous avons besoin pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés.
Il faut être honnête : nous ne savons pas toujours où se trouve la vérité, et il y a beaucoup de choses qui vont à l’encontre de la vérité aujourd’hui, de façon stupéfiante. Mais lorsque nous savons ce qui est vrai, il nous incombe de dire la vérité, même si – et surtout si – cela nous coûte quelque chose.

Le troisième fondement de l’unité est l’humilité, dont nous avons tous besoin, car nous sommes tous des êtres humains faillibles. Nous faisons des erreurs. Nous disons et faisons des choses que nous regrettons. Nous avons nos angles morts et nos préjugés, et nous sommes peut-être les plus dangereux pour nous-mêmes et pour les autres lorsque nous sommes persuadés, sans l’ombre d’un doute, que nous avons absolument raison et que quelqu’un d’autre a absolument tort. Car nous ne sommes alors qu’à quelques pas de nous qualifier de bonnes personnes plutôt que de mauvaises.

En réalité, nous sommes tous des êtres humains, capables de faire le bien comme le mal. Alexandre Soljenitsyne a judicieusement observé que « la ligne qui sépare le bien du mal ne traverse pas les États, ni les classes, ni les partis politiques, mais traverse chaque cœur humain et tous les cœurs humains ». Plus nous en prenons conscience, plus nous avons en nous-mêmes de la place pour l’humilité et l’ouverture les uns aux autres au-delà de nos différences, car en fait, nous nous ressemblons plus que nous ne le pensons et nous avons besoin les uns des autres.

Il est relativement facile de prier pour l’unité dans les occasions solennelles. Il est beaucoup plus difficile de la réaliser lorsque nous sommes confrontés à de véritables différences dans l’espace public. Mais sans unité, nous construisons la maison de notre nation sur du sable.

Avec un engagement en faveur de l’unité qui intègre la diversité et transcende les désaccords, et les bases solides de dignité, d’honnêteté et d’humilité qu’une telle unité exige, nous pouvons faire notre part, à notre époque, pour aider à réaliser les idéaux et le rêve de l’Amérique.

Permettez-moi de vous adresser un dernier appel, Monsieur le Président. Des millions de personnes ont placé leur confiance en vous. Comme vous l’avez dit à la nation hier, vous avez senti la main providentielle d’un Dieu aimant. Au nom de notre Dieu, je vous demande d’avoir pitié des gens de notre pays qui ont peur en ce moment. Il y a des enfants transgenres dans les familles républicaines et démocrates qui craignent pour leur vie.

Les gens qui récoltent nos récoltes et nettoient nos bureaux, qui travaillent dans nos élevages de volailles et nos usines de conditionnement de viande, qui font la vaisselle après nos repas dans les restaurants et qui travaillent de nuit dans les hôpitaux… Ils ne sont peut-être pas citoyens américains ou n’ont pas les papiers nécessaires, mais la grande majorité des immigrants ne sont pas des criminels. Ils paient des impôts et sont de bons voisins. Ils sont des membres fidèles de nos églises, de nos mosquées et de nos synagogues, de nos gurdwaras et de nos temples.

Ayez pitié, Monsieur le Président, de ceux de nos communautés dont les enfants craignent que leurs parents leur soient enlevés. Aidez ceux qui fuient les zones de guerre et les persécutions dans leur propre pays à trouver ici compassion et accueil. Notre Dieu nous enseigne que nous devons être miséricordieux envers l’étranger, car nous étions autrefois des étrangers sur cette terre.

Que Dieu nous accorde à tous la force et le courage d’honorer la dignité de chaque être humain, de dire la vérité avec amour et de marcher humblement les uns avec les autres et avec notre Dieu, pour le bien de tous les peuples de cette nation et du monde.

Mariann Budde, sermon prononcé à Washington, 21 janvier 2025

 

La réaction de Donald Trump au sermon :

L’évêque qui a pris la parole lors du service national de prière mardi matin était une gauchiste radicale qui déteste Trump. Elle a amené son église dans le monde de la politique d’une manière très peu gracieuse. Elle a eu un ton méchant, et n’a pas été convaincante ni intelligente. Elle a omis de mentionner le grand nombre de migrants illégaux qui sont entrés dans notre pays et ont tué des gens. Beaucoup ont été internés dans des prisons et des institutions psychiatriques. C’est une vague de criminalité géante qui se produit aux États-Unis. Outre ses déclarations inappropriées, le service était très ennuyeux et peu inspirant. Elle n’est pas très bonne dans son travail ! Elle et son église doivent des excuses au public !

Donald Trump, message posté sur son réseau social Truth social , 22 janvier 2025

 


lundi 3 mars 2025

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3050 : Retour vers le futur

Le titre de ce billet fait écho à la saga de films de science-fiction du même nom que vous connaissez sans doute, mais ça n'a rien à voir avec ce que je vais vous partager. Sauf que, sorti de l'hôpital, je ne vais pas m'enfermer à présent sur ce qui appartient au passé, mais vivre un retour positif dans la vie ordinaire, tourné vers le futur. 

Je tiens tout d'abord à dire un immense merci à celles et ceux qui ont permis que ce futur pour moi soit réalisable. Impossible de les citer tous, ils ont été si nombreux... Chacun se reconnaîtra dans ce merci collectif  :  ceux qui ont eu la possibilité et les moyens  de me rendre visite, innombrables (record : un jour, 15 personnes en même temps !), les coups de fil, sms  et les mails de soutien, ceux qui se sont chargés des questions pratiques : matériel à se procurer, linge et habits à m'apporter ou à laver, apport de fruits et friandises diverses, de chocolat chaud ainsi que du quotidien "Ouest-France"(grâce à Marie-Françoise, au soutien efficace et permanent), maison de Bourgenay à entretenir, commentaires émouvants souvent sur ce blog, etc...  Avec mes regrets de n'avoir pu répondre à chacun de ces commentaires, parfois très personnels et marquants !  Et je n'oublie pas les membres de ma famille, des autres communautés (Bouddhistes, Juifs, Protestants), les Soeurs de Bourgenay, ni les prêtres de la paroisse, les prêtres aînés des Sables et d'ailleurs, très attentifs.  Toutes ces visites ont contribué largement à me redonner de l'énergie !

Avec un merci tout particulier à vous tous qui m'avez fait une petite place dans votre prière. Je ne sais pas ce qu'il en sera de ma santé à venir  -  je reste un château branlant  -  mais je crois que votre prière à Jésus le Sauveur, par Marie, a été d'une grande importance dans le fait que j'aille mieux. Tout le monde, y compris les soignants, ont eu l'air surpris de la rapidité avec laquelle j'ai retrouvé ma mobilité ; alors qu'aux environs de Noël, une infirmière avait dit, à de amis en visite, qui ne me l'ont révélé que récemment, que j'étais "dans un sale état !"  Peut-être même, a-t-on dit, condamné à vivre dans un fauteuil roulant durant le reste de mes jours... J'ai vu Jésus "descendre aux enfers" ! Mais, grâce à Dieu, et à la qualité des soins apportés par médecins, soignants et kinés, il en a été autrement.  Comme me le répétait souvent mon ami le chirurgien Philippe Ducloyer, en citant Ambroise Paré (1510 - 1590,  considéré comme le père de la chirurgie française) : "Le médecin soigne, mais c'est Dieu qui guérit." 

Quant à Jean-François, de Bourgenay, ma personne de confiance, il a été le pivot qui a géré tout cela, tout au long de mon hospitalisation, me soutenant à fond, appuyé par son épouse Jeanne-Marie et les autres amis de Bourgenay, quasi quotidiennement, dans tous les domaines, par son amitié, son savoir-faire et sa foi. Cela en lien, pour l'informatique, avec cette chère Elodie !  Le blog, par exemple, je n'aurais pas eu la force de le tenir ; mais grâce à lui, la communication n'a pas été rompue ! Et heureusement, car les billets qu'il a tapés depuis le 1° janvier ont eu une audience plus forte qu'auparavant, au-delà de ce que l'on pouvait imaginer.

D'autre part, à présent, c'est une nouvelle mission que je reçois.  J'avais été envoyé en mission dans le monde de l'hôpital, contre ma volonté ; me trouver dans cette situation difficile m'a permis de gagner du temps pour commencer à "expier mes péchés", tout en offrant mes souffrances  pour la guérison des autres malades et pour le salut du monde ; mais peu à peu, grâce à vos prières, j'y ai découvert le rôle missionnaire que je pouvais peut-être mener dans cette situation hors norme, avec l'aide d'En-Haut et de vos prières.  A travers certains billets, je vous ai raconté tout cela ! A présent, pour le futur, je reçois sans doute une mission différente, mais pas moindre :  celle d'être là, au coeur de la paroisse et de la société, au coeur du monde, par l'amitié, l'accueil et la prière principalement.  Sans faire de bruit, anonymement.

Plus que jamais, j'aurai du temps désormais pour vous porter dans ma prière, de même que je compte sur la vôtre, évidemment ! Merci à vous !

jeudi 27 février 2025

 

Bonne nouvelle … 

 Je réintègre mon logement de Bourgenay … et je vais revoir la mer !

Au vu des bons résultats de toutes mes analyses médicales et des progrès de ma mobilité, l’équipe médicale me donne le feu vert pour réintégrer mon logement de Bourgenay le 28 février.

Je reste cependant encore fragile. Je dois être prudent et ménager mes efforts.
 
Jean-François me demande de vous communiquer les conseils et consignes que les médecins lui ont donnés (et bien sûr à moi aussi ) : 
- le médecin souhaite que le Père GAIGNET prenne d’abord un repos complet pendant 15 jours
- pas de visite le matin et pas avant 16h00 l’après-midi et jamais après 18h00
- pas de sollicitations du Père Olivier telles que : écrit, prise de parole ou présence à des réunions
- pas d’invitation à des repas pour le moment
- ne pas s’étonner de son absence parfois aux cérémonies

Merci à toutes et à tous pour vos prières et votre soutien !

A bientôt … face à la mer !

 

Blog de l'arche de Noé 85 n° 3049

" Ô que ma quille éclate !

   Ô que j'aille à la mer ! " (Arthur Rimbaud)

Quel de drôle de titre, pour ce blog ! Et pourtant, j'ai retenu cet extrait du superbe poème d' Arthur Rimbaud, " Le bateau ivre " (1871) car il exprime très bien les 2 sentiments qui m'animent en ces jours. 

" Ô que ma quille éclate ! " Après plus de 2 mois à l'hôpital des Sables d'Olonne, j'ai traversé tellement de peurs, d'incertitudes, de rage aussi, que j'ai l'impression que mon crâne va éclater. Combien de fois, vers 2 ou 3 heures du matin, durant trop de nuits sans sommeil, malgré les doses diverses, parfois très fortes, de somnifères que l'on me faisait absorber, cloué dans mon lit, fatigué, sans pouvoir bouger, je me suis demandé si je n'allais pas faire une crise ...

Et je me suis interrogé : mais comment font les autres malades pour continuer à vivre, en particulier ceux qui sont cloués sur leur lit depuis des mois, et parfois des années ? N'était-ce pas d'ailleurs ce qui m'attendait, car pas d'améliorations visibles durant le mois de janvier ...

Quand je vais franchir la sortie de l'hôpital, je crois que ma tête va éclater, et que le vent, l'espoir, l'air pur, un sentiment de libération vont envahir mon esprit. Un temps de renaissance et de renouveau, même si tout restera bien fragile, j'en suis conscient !

" Ô que j'aille à la mer ! " J'en ai rêvé, de la mer, pendant ces 2 mois. En janvier, je pensais que je ne la reverrais que sur mon fauteuil roulant. J'ai honte d'avoir ainsi trop pensé à moi, à ce que je pourrais faire ou non. J'en prends conscience à présent, tandis que, sans cesse, j'arpente les tristes couloirs de l'hôpital avec ma canne anglaise, seul à pouvoir ainsi marcher, privilégié que je suis. tandis que l'ensemble des malades sont cloués dans leur lit, comme je l'ai été. Eux aussi, j'en suis sûr, voudraient sortir, marcher, aller voir la mer ... 

En tout cas, je regarderai la mer autrement désormais ! A la manière d'un détenu venant d'être libéré. Et je me vois déjà, installé sur un banc à Bourgenay, face à la mer, lisant et relisant le fantastique poème de Rimbaud, goûtant tel passage, savourant tel autre :

" ... Les fleuves m'ont laissé descendre où je voulais ...
      Plus léger qu'un bouchon, j'ai dansé sur les flots ...
      Je me suis baigné dans le Poème de la mer ...
      Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir ...
      Et d'ineffables vents m'ont ailé par instants ... " 

En définitive, quoi retirer de ces 58 jours d'hôpital ? Une impression de temps perdu ? Certainement pas ! J'en ai appris tant sur ma condition de malade, sur la possible désespérance, sur la qualité des soignants, sur mes propres fragilités ...

2 mois d'échec ? Certainement pas ! Mais une sérieuse remise à niveau, tant dans mes faiblesses que par rapport à ce que cela a pu faire bouger, évoluer, grandir dans mon être profond.

La maladie, finalement, d'obstacle qu'elle était, est devenue un levier de renouveau. Levier qui a été actionné par les soignants et les visiteurs particulièrement. Tous ceux qui ont contribué à "mettre du charbon dans la machine", pour que je puisse être plus fidèle à ma mission d'homme et de prêtre ici-bas.

Mon action de grâce se résume à travers ces versets 13 et 14 du psaume 55 : " Mon Dieu, je t'offrirai des sacrifices d'action de grâce, car tu m'as délivré de la mort, et tu préserves mes pieds de la chute, pour que je marche à la face de Dieu, dans la lumière des vivants." 

(texte du Père Olivier GAIGNET enregistré par son ami Jean-François)

 

lundi 24 février 2025

 

Blog de l'arche de Noé 85 n° 3048

Est-ce que je peux aller prier avec vous ?

Cela fait environ un mois que, à 2 ou 3 reprises, l'on m'a posé cette question, tandis que j'arpentais les grands couloirs du 4ème étage à l'hôpital.

Chaque jour, je découvre davantage combien le rôle de la prière est important, primordial, dans un tel lieu, qui n'a pourtant rien d'une chapelle, ni d'un endroit propice au recueillement.

J'ai donc eu, à diverses reprises, l'occasion unique de vivre de courts temps d'intercession et de louange, avec des malades, des soignants, des visiteurs, et y compris une doctoresse, très croyante et tout à fait motivée.  

Un exemple : avec certaines soignantes, on s'est dit plusieurs fois, avec le sourire : " merci Seigneur pour la nuit qui commence ! Et fais, Seigneur, que les malades dorment bien ! "

Nombre de soignantes aiment bien blaguer, et elles me lancent, avec un grand sourire : " Alors, Monsieur le Curé, on a fait sa prière ce soir ? " Autant d'occasions de les prendre au mot, et de partager brièvement avec elles, les veilleuses de nuit surtout qui ont un peu plus de temps, quelques pieux échanges : du genre " merci, pardon, s'il te plaît Seigneur ..."

Ce dimanche, une soignante surgit dans ma chambre : " Votre ami protestant, le pianiste, vient de se mettre à jouer de son instrument. Une infirmière de son service vient de me téléphoner pour que je vous avertisse, afin que, si vous voulez, vous puissiez aller l'écouter. "

Et me voila parti pour le rejoindre dans sa chambre, tandis qu'il joue au piano la musique de chants protestants qu'il connaît bien. 

Pour moi, c'est évidemment un temps de prière, et de louange partagée. Cerise sur le gâteau, l'infirmière qui m'a fait venir est là également, bien que son temps soit compté. Je la sens heureuse et impliquée.

Dimanche après-midi, une soignante m'envoie sur mon portable un très beau cantique, " Grâce infinie ", que les protestants Baptiste ont chanté lors du culte en matinée aux Nouettes. Elle fait partie de leur chorale.

Oui, on peut prier à l'hôpital. A condition bien sûr de respecter la neutralité, et de ne pas imposer quoique ce soit à d'autres.

Il y a deux choses qui me paraissent essentielles en de tels lieux : les soins, et la prière ; autrement dit : le sourire des soignants (ainsi que des visiteurs et des familles), et le sourire de Dieu.

J'essaye donc d'être souriant moi aussi, de saluer tout le monde, même très sobrement, dans les couloirs : soignants, malades, visiteurs ...

De façon plus invisible, en passant devant chaque chambre, je confie au Seigneur le malade qui s'y trouve, dont, le plus souvent, je ne vois même pas le visage. Mais que de souffrances cachées, que je n'ose même pas imaginer. 

Ainsi celles du monsieur dans la chambre voisine de la mienne, qui est là depuis un an ... Je n'en dis pas plus ! Et il ne bouge pas de son lit, ne répond pas à mes saluts...

Je crois beaucoup en la prière ! La prière des autres m'a soutenu et m'a sauvé de la déception. Prier, c'est à peu près tout ce que je peux faire désormais, pour servir Dieu et l'humanité. Ce n'est pas une tâche au rabais ! Que l'Esprit Saint me permette d'être fidèle à cette belle mission !  

(texte du Père Olivier enregistré par son ami Jean-François)

 

samedi 22 février 2025

 

Blog de l'arche de Noé 85 n° 3047

Peut-on croire en Dieu quand tout va mal ?

" Mets du charbon dans la machine ! " 

Qui d'entre-nous, s'il a vécu un deuil terrible, ou une grande douleur, comme ce jeune couple heureux d'avoir un enfant, dont on a dû l’amputer d'un bras, qui n'a jamais demandé des comptes à Dieu quand cela allait mal dans sa vie ?

Je lisais dans le journal " La Croix " du 24 janvier, cette réflexion terrible de Piotr CYWINSKI directeur du musée d’Auschwitz : " La Shoah a provoqué une crise profonde de la religion, suite à la trahison que les juifs ont ressentie dans les camps : à quoi sert l'histoire de Moïse, puisque la mer ne s'est pas ouverte ? L'énorme majorité des survivants des camps a perdu la foi ..." " Mais où en était la conscience de chacun ?

Et toutes ces femmes, qui étaient croyantes, et que l'on a brûlées vives dans leur prison, récemment au Congo, après les avoir violées, qu'ont-elles pensé  de Dieu ? Et ces otages israéliens innocents, emmurés vivants au fond des tunnels où ils sont torturés depuis de longs mois ? Et ces soldats ukrainiens orthodoxes, épuisés dans de durs combats, et ces gazaouis, que l'on se propose de chasser de leur pays, peuvent-ils encore faire confiance à Dieu ?

Chacun de nous se met à leur place, et se demande, dans de telles situations, ce qu'il ferait ! Face à de telles situations aussi tragiques, je repense à cette formule du credo, que l'on récite peut-être sans y prêter beaucoup d'attention : " Il est descendu aux enfers ". C'est-à-dire que Jésus, non seulement est descendu du ciel pour partager notre vie, mais il a rejoint nos vies humaines jusque dans nos lieux de souffrance et de mort, pour partager nos obscurités, nos inquiétudes et nos questions.

Personnellement, et je n'ose guère en parler, car mon épreuve, vu après coup, n'a été que légère, mais suffisante cependant pour me permettre un peu de réfléchir. Je vous ai écrit déjà sur ce blog que, pendant 4 bonnes semaines, j'ai vraiment cru que j'allais passer le restant de ma vie dans une petite charrette. Un certain nombre de nuits, je n'en ai pas dormi. Mais un jour, un ami, lui-même gravement atteint par un cancer, m'a dit ceci au téléphone : " N'écoute pas les paroles décourageantes, mets du charbon dans la machine ! "

Ceci, venant d'un plus malade encore que moi, m'a interpellé. Je me suis dit : le charbon, pour moi, c'est la confiance en Dieu. Je n'avais plus guère de courage ni la force de prier, mais chaque jour et au long des nuits sans sommeil, je me suis contenté de dire et de répéter à Dieu sans relâche : Seigneur, je suis dans ta main ..." Et je ne pouvais guère en dire plus. Mais je sentais, presque physiquement, que Jésus était descendu dans le petit enfer que je vivais, et qu'il me prenait par la main, avec Marie.

Je partage totalement ce qu'exprime Dom Maxence Bertrand, prêtre de le communauté Saint Martin, dans le même journal " La Croix " du 24 janvier, p.10 : " La lumière du Christ brille dans nos ténèbres. J'ai expérimenté cette présence forte du Christ par " en bas ", dans certains moments d'épreuve ... Hans Urs von Balthasar, un théologien suisse, disait qu'on pouvait toujours tomber plus bas que soi, mais qu'on ne tombera jamais plus bas que Dieu ".

Conclusion : on n'est jamais prêt quand le malheur arrive, et on ne peut pas le fuir quand il est là. A Auschwitz aussi sûrement, Dieu était présent ; Dieu a aussi été violé et brûlé au Congo, enterré dans les tunnels de Gaza. Peut-on encore croire en tout cela ? Seulement si on met du charbon dans la machine, si l'on s'habitue à vivre avec Dieu au long des jours, si on lui dit " me voici " avec confiance à l'aube de chaque matin, avec la même confiance que ces jeunes parents dont le bébé vient d'être amputé d'un bras, mais qui gardent malgré tout l'Espérance.

(texte du Père Olivier GAIGNET enregistré par son ami Jean-François)

jeudi 20 février 2025

Blog de l'arche de Noé 85 n° 3046

Miracles à l'hôpital des Sables d'Olonne

J'écris ce billet le jeudi 20 février 2025 ; cela fait aujourd'hui exactement 2 mois que j'ai fait l'objet d'un " miracle noir ", ou si vous préférez, un miracle à l'envers. C'était le vendredi 20 décembre. Je m'étais rendu, comme chaque soir, à la chapelle de Bourgenay, pour me confier à Notre-Dame de l'Espérance, et chanter les vêpres avec les Sœurs, sous la protection de Marie. Et voici que, au moment le plus fort de ce temps de prière, tandis que nous étions debout pour chanter le Magnificat, c'est le moment que le destin (?) a choisi pour que je perde tout à coup toute sensation de la jambe gauche. Je suis tombé lentement sur une chaise. Et par la suite, j'ai mis près de 2 mois à pouvoir me remettre debout !

Je n'en veux pas à Marie bien sûr, qui m'aurait oublié dans sa chapelle ; mais je la remercie de m'avoir permis de retrouver la santé et ma mobilité. Mille mercis à Dieu, à Marie, et à tant d'amis qui ont prié, intercédé, avec succès, pour ma guérison. Ainsi qu'au savoir-faire des soignants et kinés évidemment !

En tout cas, pendant ces 2 mois, j'ai été l'heureux témoin de nombreux " miracles blancs ", de vrais miracles, à l'hôpital. Comme elle est juste et véridique, cette parole du psaume 43/2 lue lors de l'office des lectures de ce 20 février : " Dieu, nous avons entendu dire quelle action tu accomplis. "

Je pense par exemple à ce kiné me racontant avec bonheur qu'il avait pris en charge un monsieur assez âgé, très handicapé, qui, après les séances de rééducation, avait quitté l'hôpital sur ses deux jambes, " comme un jeune homme ".

Parmi les miracles dont j'ai été l'heureux témoin, cette jeune femme, assez jolie, mais l'air très sombre, il y a un mois, victime d'un accident de voiture un soir où, comme elle me l'a dit, elle était " bourrée ". Je la voyais peiner, peu motivée, aux séances de rééducation. Et voici que, cette semaine, la retrouvant à la salle de kiné, et la voyant bien évoluer, je lui dis : " Vous avez bien progressé, Madame X ... " Elle m'a regardé alors avec un sourire éclatant. Pour elle aussi, le kiné avait fait des miracles, son visage était transfiguré !

Autre miracle ; quelle diversité parmi les patients, depuis le monsieur cultivé, protestant affiché, qui a obtenu de pouvoir jouer de son piano dans sa chambre, jusqu'à cette dame qui ne sait toujours pas où est sa chambre, cet unijambiste qui a l'air désespéré, etc ... Je découvre avec bonheur que les soignants nous traitent tous avec la même attention, sans faire de distinctions. Quelle leçon pour notre façon de vivre en société, avec les gens d'en haut et ceux d'en bas, et les gens que nous mettons dans des cases séparées !

Pour ma part, un des miracles principaux à l'hôpital, que vous ne trouvez en général ni dans une administration ni dans les rassemblements ou réseaux sociaux, et même pas dans les églises, c'est le SOURIRE des soignants. Comme je l'ai entendu dire par une infirmière, " l'attention aux malades, les échanges avec eux, même brefs, et surtout le sourire, cela fait partie du soin ".

Comme l'a dit le skippeur chinois JINGKUN XU, amputé du bras gauche, lors de son arrivée du Vendée-Globe : " Pendant la course, je me suis rendu compte qu'on a plein de pouvoirs, en tant qu'être humain ".

Mais dans tous ces " miracles ", dus à des efforts humains, nous pouvons lire aussi l'action de Dieu, la bonté de Dieu, la joie de Dieu, à l’œuvre dans le corps et le cœur des humains !

(texte du Père Olivier GAIGNET enregistré par son ami Jean-François)

 

 

mardi 18 février 2025

 

Blog de l'arche de Noé 85 n° 3045

" Celui qui nous rend solides, c'est Dieu. " (Saint Paul)

Fin décembre, y compris le jour de Noël, et tout le mois de janvier, cloué sur mon lit, j'ai eu l'impression d'être au fond du trou, et pour le restant de mes jours !

Et en même temps, je savais bien que j'étais loin d'être seul dans ce cas, et qu'à travers le monde, des millions de personnes étaient dans la même situation que moi, sinon bien pire souvent ; et, la plupart du temps, bien moins entourées que moi.

Je me disais alors en moi-même : arrête de te lamenter sur toi-même, et demande-toi comment ces gens font pour s'en sortir, pour continuer à vivre, et à espérer.

Durant tout ce temps d'incertitude, la Bible m'a beaucoup aidé à tenir la tête hors de l'eau. De temps en temps, quand j'avais la force et le courage, je mettais par écrit les paroles bibliques qui faisaient surgir un peu de lumière dans ma vie. Permettez-moi de vous en citer quelques-unes, à titre de partage :

- 2 Corinthiens 1/21-22 : " Celui qui nous rend solides, c'est Dieu. Il a mis sa marque sur nous. Il nous a fait une première avance sur ses dons : l'Esprit qui habite en nos cœurs ."

Je me disais alors : il n'est pas possible que Dieu n'aide que les cathos ... Et je le priais d'envoyer aussi son Esprit de consolation et de guérison sur tous les malades, handicapés et souffrants de la terre. Et c'est sans doute cela le ministère, c'est-à-dire, le service d’Église et d'humanité qu'il m'est demandé de vivre en ce moment. 

En ces jours difficiles, je me sens chargé de prière au nom du monde entier !

- psaume 39/3 : je me suis bien retrouvé aussi dans les versets suivants, par rapport à ma jambe gauche sur laquelle je ne pouvais plus du tout m'appuyer, avant que les kinés ne soient arrivés, grâce à leur savoir-faire, à la réveiller :

    " Il m'a tiré de l'horreur du gouffre, de la vase et de la boue ; il m'a fait reprendre pied sur le roc, il a raffermi mes pas. "  

- Hébreux 12/ 4-7 11-15 : c'est incroyable, le nombre de textes dans lesquels l'on peut se reconnaître dans la Bible, tel celui-ci, tandis qu'étaient inertes mon bras et ma jambe gauche : 

    " Redressez les mains inertes et les genoux qui fléchissent, et rendez droits pour nos pieds les sentiers tortueux. Ainsi, celui qui boîte ne se fera pas d'entorse ; bien plus, il sera guéri ! "

Impressionnant, n'est-ce pas ? Je pourrais ainsi multiplier les références bibliques ; une dernière :

- psaume 55/13-14 : " Mon Dieu, je t'offrirai des sacrifices d'action de grâce, car tu m'as délivré de la mort, et tu préserves mes pieds de la chute, pour que je marche à la face de Dieu, dans la lumière des vivants."

Ces citations bibliques sont extraites tout simplement de la prière du Bréviaire que les prêtres lisent chaque jour ; durant ces deux derniers mois, j'en ai ainsi repéré quelques-unes.

Puissent les souffrants et les malades du monde entier, croyants ou non, être renouvelés en profondeur, dans leur corps, mais aussi dans leur âme, par l'Esprit de guérison et de salut du Dieu vivant !

(texte du Père Olivier GAIGNET enregistré par son ami Jean-François)

lundi 17 février 2025

 

Blog de l'arche de Noé 85 n° 3044

Prions le " Dieu de l'impossible "

Une soignante protestante dont je vous ai déjà parlé (voir blog n° 3041, du 7 février), membre de l’Église Protestante Baptiste des Sables d'Olonne, ne se contentant pas de me soigner physiquement, vu ce que je suis en train de vivre, est venue me faire partager un chant qu'elle aime beaucoup, intitulé " Dieu de l'impossible ", de Lætitia Perraud. Elle m'a dit que ce chant était très adapté à ma situation. Vous pouvez retrouver les paroles de ce cantique en tapant " Dieu de l'impossible " sur votre barre de recherche. En voici quelques extraits :

" Dieu peut faire infiniment et au-delà 
Plus que nous demandons ou imaginons
Ses promesses, oui et amen, se réalisent
Sa parole, toujours sûre et certaine, s'accomplira
Car il est présent, Dieu est puissant.

Dieu est grand, majestueux, il règne en Roi
Il ordonne et calme les tempêtes, il a tout pouvoir
Par sa force incomparable, il nous soutient
A sa voix, tout ce qui était mort, revient à la vie. "

Cette femme a très bien compris que ce chant reprenait tout à fait ce que j'étais en train de vivre : ma jambe gauche, quasiment morte pendant quatre semaines, arrive désormais à me porter ! La vie a vaincu la mort !

Je passe désormais mes journées à rendre grâce au " Dieu de l'impossible ", qui a su calmer la tempête de mon âme, plus que, comme l'explique le chant, je ne pouvais le demander ou l'imaginer !

A présent, maintenant que je suis revenu à la vie, il me semble que je reçois une nouvelle mission : prier sans cesse le Dieu de l'impossible, pour que tout malade, tout blessé, tout handicapé fasse la même riche expérience : calmer la tempête dans tous les corps et cœurs blessés et permette à chacun de retrouver vie et santé ...

Une autre mission aussi est confiée à chaque chrétien : prier sans cesse et sans relâche pour notre monde profondément blessé et malade ; ligoté sur son lit d'échecs et de malheur, sans lumière, sans consolations, sans espérance.

O toi, le Dieu de l'impossible, seul tu peux guérir notre humanité qui a un peu perdu et la tête pour réfléchir, et les jambes pour avancer. Y a-t-il un " possible " pour l'avenir de notre planète ? Si tu es le Dieu de l'impossible, nous te faisons confiance pour que l'impossible, le décevant, la douleur, la haine, n'aient pas le dernier mot dans notre histoire.

Si c'était seulement Olivier qui était malade, on pourrait, je pourrais l'accepter ! Mais Seigneur c'est ton humanité entière, ta création, ton œuvre qui est en train d'être abîmée, torturée, rejetée, engloutie, détruite ... Que ce soit à Gaza ou au Congo, en Ukraine et ailleurs.

Mais c'est aussi ton projet créateur, fraternel et libérateur qui est foulé aux pieds dans trop de nations, par des dirigeants qui ne sont ni de bons médecins, ni des valeureux soignants, mais des détraqués et des malades, qui empoisonnent et rendent malade leurs populations. Ces gens pitoyables auront-ils le dernier mot, Seigneur ?

Au fond, ce qu'il faudrait pour soigner et guérir notre planète, c'est ce que je viens d'expérimenter à l'hôpital. Notre terre, pour échapper à son triste destin, devrait être gérée par de bons médecins, compétents, et pleins d'empathie. Il faudrait qu'ils soient accompagnés de soignants dévoués, de kinés qui sentent bien les choses, d'aidants, de cuisiniers, de chauffeurs etc ..., qui tous n'aient qu'un seul souci : le bonheur et la santé de leurs frères humains, et de l'environnement de la planète.

O toi, Dieu de l'impossible, envoie sur nous ton Esprit afin que ton beau projet créateur puisse enfin être mis en œuvre pleinement !

Bonne santé à toutes et à tous ! 

 

P.S.
 
" Ceux qui pensent que c'est impossible sont priés de ne pas déranger ceux qui essaient "       (F. Busnel et E. Fottorino)

" Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait " (Mark Twain)

(texte du Père Olivier GAIGNET enregistré par son ami Jean-François)

vendredi 14 février 2025

 

Blog de l'arche de Noé 85 n° 3043

J'ai décidé de remarcher ! (23 janvier 2025)

Cela fait plus d'un mois et demi, bientôt 2 mois que je suis dans cet hôpital. Les 4 premières semaines ont été très éprouvantes. J'avais demandé aux médecins de ne rien me cacher, de me dire les choses franchement. L'on m'a répondu qu'il n'était pas du tout garanti que je puisse remarcher un jour, et que je risquais de finir ma vie sur un fauteuil roulant.

Je me suis donc préparé au pire, dans le fond de mon lit ; avec un cortège de nuits blanches et peu d'espoir de sortir de ce pétrin. Je disais déjà adieu à un peu tout. Même si devant les visiteurs, dont je voyais qu'ils s'apitoyaient sur mon sort, ou plutôt, qu'ils souffraient de me voir en cet état malgré mon sourire de façade pour essayer de les tranquilliser.

Dans cette situation, je dois l'avouer, je me suis posé des questions sur le sens de la prière, sa place, sur la qualité de ma relation avec le Seigneur. Avouons-le, je crois que je n'ai pas été à la hauteur, du moins peu fidèle à l'idéal de moi-même que je m'étais fixé : orgueilleux que j'étais ! Pour mieux saisir cela, je vous renvoie aux billets que j'ai déjà rédigés sur ce sujet ; par exemple, celui du 9 janvier, le n° 3029, tandis que j'étais en pleine incertitude, sous le titre : " Peut-on prier quand on est malade ? " 

Suite à mes divers billets, j'ai reçu plusieurs messages , et il y a aussi eu quelques commentaires expliquant comment d'autres malades vivent le même questionnement, et se battent pour sauvegarder, même tout petitement, leur relation d'amour avec le Seigneur. Si ce que j'écris, sous la dictée de l'Esprit Saint (du moins, c'est ce que j'espère), si ces billets ont pu n'aider qu'un seul malade à avancer, je n'aurai pas perdu mon temps, et l'Esprit-Saint non plus !

Puis au bout de 4 semaines d'immobilité quasi totale, et apparemment sans issue ni évolution, une nuit, j'ai eu l'impression que les doigts de pied de ma jambe gauche étaient en train de se remettre à bouger! Je vous passe la suite! De jour en jour, il s'est passé quelque chose. Il est vrai qu'une nuit, vers 2 heures du matin, alors qu'une fois de plus je n'arrivais pas à trouver le sommeil, de colère, ou plutôt dans la rage de m'en sortir, dans un refus total de ce qu'on m'annonçait : mes vieux jours dans une petite charrette, j'ai pris la décision ferme suivante comme quoi, quoiqu'en disent les soignants : " JE REMARCHERAI ".

C'était dans la nuit du 22 au 23 janvier, le l'ai noté au matin. Bien sûr, je n'ai parlé de cette décision à personne, car ce n'était pas crédible ... Par contre, le 27 janvier, l'on m'a transféré au service rééducation de l'hôpital. J'ai alors été pris quotidiennement en main par une excellente équipe de Kinés, qui m'ont littéralement  remis debout, réappris à bouger, à remettre en action ma jambe morte, à redevenir autonome dans ma chambre, à marcher dans le couloir, à monter et descendre les escaliers, etc ...

Comme on me le répète sans cesse, tout est dans le mental, la volonté ferme de s'en sortir. Alors, le corps obéit, au lieu de paresser immobile. Si les kinés n'avaient pas actionné ma jambe, celle-ci ne se serait jamais réveillée toute seule.

Et si je peux me bouger à présent, sans cependant trop vite chanter " victoire ", c'est grâce aux kinés, aux soignants  ; mais aussi aux visiteurs qui m'ont soutenus et m'ont partagé leur énergie , grâce à la prière si intense de chacun, grâce à tous ceux qui ont cru en moi, qui par là ont agi positivement sur mon mental et ma volonté de m'en sortir. 

Merci au Seigneur, à Marie et à vous toutes et tous !

(texte du Père Olivier GAIGNET enregistré par son ami Jean-François)