Cette interpellation de Dieu, que l'on a lue parfois un peu
distraitement, de façon intellectuelle seulement, voici que, tout à
coup, elle devient, dans le contexte actuel, une incitation
essentielle. En effet, comme nous le prions dans l'Office des Heures,
aux complies de chaque mardi (1° Lettre de Pierre 5/8-9a), la mort
(autre nom du démon), "comme un lion rugissant, rôde autour de nous,
cherchant à nous dévorer", à la recherche de sa proie.
Et
non seulement la mort corporelle, mais aussi, tout près de nous, ces
multiples déviances, ces "petites morts" qui pourraient nous faire
douter de l'humanité : la haine du "parigot" venu se réfugier sur nos
côtes, la méfiance de l'autre susceptible de nous contaminer, l'égoïsme
qui nous a fait dévaliser bêtement les super-marchés, le choix qui a été
fait de continuer à sauvegarder nos armes de destruction massive plutôt
que d'allouer les sommes ainsi dépensées à la santé de nos concitoyens
et aux besoins des personnels soignants, etc... Agir ainsi, c'est cela,
choisir la mort !
Mais voici que de partout, et de tous
bords, des voix s'élèvent, criant vers le ciel (le Ciel ?) : "Non ! Ca
ne peut plus continuer comme ça ! Nous voulons vivre autrement ! Nous
désirons bâtir un monde plus juste, plus fraternel, moins pollué, plus
attentif aux défavorisés, n'excluant plus les vieux, les ni les
migrants, ni les plus vulnérables d'entre nous..."
Effectivement,
deux points de vue s'offrent à nous en permanence ; que ce soit dans
nos échanges (par mails ou oralement, à 1,5 m de distance), ou sur nos
écrans et dans les pages de nos journaux.
- d'une
part, une vision je dirais "morbide" : le décompte "attendu" (!), chaque
soir, du nombre des décès, les cercueils que l'on voit parfois, sur nos
écrans, s'enfuir et disparaître rapidement, l'insistance
(compréhensible) qui est faite sur la lourdeur de la tâche des
soignants, la bagarre autour de la chloroquine,...
-
et d'autre part, une vision d'un ordre différent, que je qualifierais de
"pascale", dans la suite de mon billet d'avant-hier. Mais c'est peut-être une
vision qui est moins mise en avant : lorsque l'on nous montre des
malades guéris quittant l'hôpital sous les applaudissements des
soignants, les multiples gestes de solidarité collective que les médias
aiment mettre en valeur, les applaudissements de l'ensemble de la
population chaque soir à 20h,...
Ces deux visions sont
toutes les deux légitimes, et très entremêlées. Mais qu'en reste-t-il au
sein du collectif national ou international que nous formons ? Et dans
chacun de nos cerveaux, ou plutôt de nos coeurs ? Je vous laisse y
réfléchir, à la lumière de ce beau texte du Deutéronome auquel ma "Bible
des Peuples" donne ce beau titre : "Choisis le chemin de la vie" (Dt
30/ 15-20) :
"Regarde, je place aujourd'hui devant toi la vie et le bien, la mort et le mal. ( ...)
Je te le dis aujourd'hui solennellement : vous êtes sûrs de mourir. (...)
Moi Yahvé, j'ai placé devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction.
Choisis donc la vie pour que tu vives, et ta descendance aussi après toi.
Tu aimeras Yahvé ton Dieu, tu écouteras sa voix, tu t'attacheras à lui.
C'est pour toi une question de vie.
Là est pour toi l'assurance de jours nombreux,
dans le pays que j'ai juré à tes pères Abraham, Isaac et Jacob, de leur donner."
samedi 18 avril 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2343 : "J'ai placé devant toi la vie et la mort ; choisis la vie !" (Deutéronome 30/19)
Publié par
Olivier Gaignet
à
06:57
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2 commentaires:
Je viens de lire votre blog j'apprécie totalement votre façon d'interpréter la lettre de deteronome.
Cela m'aide chaque jour à accepter l'autre ,car au fond de moi j'ai peur que l'autre me contamine .
Merci encore de ses belles paroles que vous enseigné.
Jacqueline Francheteau
Je remarque qu'un tunnel a toujours une sortie ; une montagne, aussi escarpée soit-elle, a toujours un sommet. Le confinement, qui est le nôtre en ce moment, a eu un début et aura une fin. A moi, d'en faire une traversée ou une ascension qui fait le choix de s'ouvrir à la vie.
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