Blog de l'arche de Noé 85 n°3031
Être malade rend-il plus humain ?
Non, ce n'est pas parce que, tout à coup, je suis malade, que je vais prétendre que les souffrants sont plus pleinement humains que les personnes en bonne santé !
Mais pourquoi ne pas nous poser la question ?
Ayant été plusieurs fois atteint par des problèmes de santé depuis 2 ou 3 ans, je ne crois pas être devenu meilleur ! Mais le fait de vivre durement la réalité de la souffrance fait quand même que l'on devient un peu " autre ". Quand tout allait bien pour moi, à présent où ce n'est plus le cas, je m'aperçois qu'il me manquait plein de choses. Quant tout se passe bien, quand tout semble vous réussir, quand vous pouvez faire avancer vos projets, gérer paisiblement votre vie, en fait, vous n'êtes pas dans la vraie vie, là où vous guette l'échec, là où les pauvres sont délaissés, là où vous ne pouvez plus rien maîtriser.
Le risque est alors de se contenter de danser sur les problèmes, sans les vivre vraiment. Quand tout va bien pour vous, pas besoin des autres pour lacer vos souliers ou pour aller à la toilette. Quand on ne peut plus se mettre debout ni marcher, comme tel est mon cas à présent, l'on fait la découverte d'une nouvelle façon d'être homme ; et ceci, à travers l'expérience de la faiblesse, de l'impuissance, de l'humilité, de l'abandon, du total besoin des autres pour être homme quand même, malgré le pétrin dans lequel on est plongé.
Sans me comparer en rien à Jésus souffrant, ce qui serait quand même un peu gonflé, n'est-ce pas au moment où il était arrêté, en arrêt de ses activités pastorales, torturé, humilié, ridiculisé, qu'il fut le plus totalement homme ? " Voici l'homme ", a dit Pilate.
Cela en dit long, quant au fait de définir à partir de quand, et dans quelles conditions peut se révéler notre humanité.
Personnellement, j'ai vraiment la sentiment que tant de choses m'ont manqué, jusqu'ici, avant d'être écrasé par ce choc de ma santé, pour être un homme pleinement : le sentiment de notre fragilité, l'humilité, l'expérience vraie de la souffrance, de ma petitesse, le lâcher-prise total face à ce que Dieu attend de moi pour devenir homme " à la façon de Jésus ".
Et si, pour devenir homme ainsi, en vérité, il fallait, un jour ou l'autre, passer par le chemin de la faiblesse et du don total ?
Une paroissienne de Bourgenay m'a dit récemment : " C'est peut-être quand tout devient plus difficile pour vous, quand vous n'êtes plus " opérationnel ", inactif et moins brillant, que vous réalisez le mieux votre vocation de prêtre !
Malade ou non, il n'est jamais trop tard, pour les uns ou les autres, pour devenir vraiment et pleinement humain, à l'image du Christ-homme, au cœur du peuple de Dieu, et dans le cœur de Dieu.
PS : mille mercis à Jean-François, paroissien de Bourgenay, qui s'est porté disponible pour taper les billets sur ce blog.
Résultats de mes examens et consultations peut-être dans 8 ou 15 jours...
Merci de ne m'apporter ni chocolats, ni gâteaux, qui me sont déconseillés. Et les soignantes en reçoivent tellement.
Par contre, bien appréciés : quelques mandarines, un fond de thermos de chocolat chaud, cela est autorisé. Pas de café. Je précise tout cela, car on m'a demandé ce qui me ferait plaisir ; mais ne vous sentez pas obligés ! Merci !
Dernière information :
Constatant l'amélioration de ma santé, l'équipe médicale a décidé de me transférer dans une maison de convalescence dès qu'une place sera disponible afin de continuer ma rééducation.
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