Depuis près d'un an et demi, suite à la crise cardiaque qui m'a frappé, ce qui a fait que j'ai dû abandonner tout ministère un peu lourd, j'ai quand même le privilège de pouvoir continuer à assurer un peu de présence auprès de personnes qui en ont besoin.
C'est ainsi que dernièrement, quelqu'un m'a envoyé un long mail pour me faire part de ses souffrances. Il me partage régulièrement ce qui est difficile à vivre pour lui, et j'essaye de mon mieux, par mail ou à travers des rencontres, de l'écouter surtout, de l'apaiser un peu si c'est possible, et sans cesse, de l'encourager.
Le mail dont je parlais à l'instant s'est terminé par le mot suivant : "Merci d'avoir ouvert les bras à ma détresse." Cela m'a beaucoup touché. Je n'ai rien fait pourtant. Cette personne, je ne l'ai pas dépannée, je ne lui ai presque rien dit, je ne suis pas entré dans les innombrables problèmes qu'elle me décrivait, je ne lui ai fait aucune promesse, je ne lui ai même pas suggéré d'offrir ses souffrances, et je ne lui ai pas parlé du Paradis.
Cependant, la phrase qui m'a fait le plus mal revenait en gros à celle-ci : "J'ai l'impression que je ne peux parler à qui que ce soit de ce dont je souffre ; cela n'intéresse personne, nul n'a le désir ni le temps de m'écouter."
Mais comment se fait-il que, dans notre environnement chrétien, il soit si difficile de trouver quelqu'un qui soit disponible pour écouter ceux qui en ont besoin ? Il est vrai qu'en général, on n'ose guère se livrer ; surtout que, le plus souvent, comme on me le dit fréquemment, dès que vous commencez à raconter vos malheurs, votre interlocuteur, sans s'en rendre compte, se met lui aussi, vous coupant la parole, à raconter ses propres malheurs, ratant ainsi l'occasion d'écouter la personne en difficulté qui avait pensé possible de s'adresser à lui !
Mais enfin, est-ce qu'on a lu l'Evangile ? Ah, on va à la messe, ça s'est sûr ; mais c'est souvent "hors sol". Par exemple, vous avez entendu parler du Rwanda dans les églises en ces jours ? Et autrement, au mieux, qu'à travers une demi-phrase dans une prière universelle ? Où sont les vrais problèmes du monde, les vrais soucis des gens dans nos liturgies ? Comment les a-t-on entendus ? Et comment nos liturgies nous invitent-elles à donner toutes nos forces, toutes nos attentions, au sortir de la messe, aux personnes en détresse que nous ne voyons pas, que nous n'écoutons guère, parfois tout près de nous ? ...
Dans le même sens, au plan civil, dans son célèbre discours "Détruire la misère", le 9 juillet 1849, Victor Hugo déclarait ceci : "La société doit dépenser toutes ses forces, toute sa sollicitude, toute son intelligence, pour que de telles choses ne soient pas !" Il me semble que cet appel convient tout à fait aussi à notre Eglise, et donc à nous les chrétiens !
Jésus a ouvert pour nous les bras sur la croix ; a son exemple, ouvrons largement nos bras à notre tour, pour apaiser, éponger un peu, diminuer la misère du monde, combattre toute détresse, au nom du Christ ressuscité !
2 commentaires:
C'est vrai que l'Eglise, la société, ne sont pas toujours assez attentives à ce que vit notre monde. On est souvent "hors sol" comme le souligne ce billet.
Cependant, nous pouvons porter notre regard sur des signes qui nous donnent des raisons d'espérer.
Je pense à cette paroissienne qui a rempli sa voiture, le dimanche de Pâques, pour permettre à des personnes âgées et handicapées de participer à la messe. Je n'oublie pas non plus ces gens, de mon quartier, qui passent un après-midi, chaque semaine, pour visiter une femme malade en grande détresse.
Ces signes, ils sont modestes et discrets comme nous le rappelle le message pascal !
Merci, Olivier pour ce billet qui fut vraiment comme une réponse à ma prière. Je précise: j’étais en désarroi me demandant comment aider une amie qui est très déprimée, et très seule car ses proches s’impatientent avec sa « dépression », ne l’écoutent plus, même son médecin dit ne plus pouvoir faire quoi que ce soit pour elle… Ton billet m’est comme un rayon d’espoir, car je continuerai à lui apporter mon ÉCOUTE, ma présence aimante, laissant à Dieu de faire ce que Lui seul peut faire, sans me dire que c’est MON action, mais la Sienne, peut-être un peu à travers moi… Plus de désarroi! Pleine de courage!
« Venez à Moi… »
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