Bienvenue !

Vous avez des choses à dire...
Vous vous posez des questions, pour donner un sens à votre vie...
Vous cherchez un espace d'échange convivial pour exprimer ce que vous ressentez...
Vous attendez des réponses à vos questions...


...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



samedi 6 avril 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2930 : Guerre à Gaza : appel d'un collectif de 150 prêtres, diacres, religieux-ses français


En tant que ministres ordonnés, religieuses, religieux et personnes ayant des responsabilités
dans l’Église catholique de France, nous appelons au cessez-le-feu immédiat dans la bande de
Gaza et à l’établissement des conditions politiques de la paix en Israël et en Palestine. Nous
demandons au gouvernement français d’exercer une pression diplomatique sérieuse sur le
gouvernement israélien en vue de mettre un terme aux opérations offensives en cours et de
lancer la décolonisation
des territoires occupés de Cisjordanie.

Comme tous les chrétiens d’Occident, nous sommes souvent embarrassés lorsqu’il s’agit de
nous exprimer au sujet du conflit israélo-palestinien. Les conversations s’achèvent
généralement par un " c'est compliqué" un peu gêné.
 

L’ombre de l’antijudaïsme chrétien d’antan, qualifiant les juifs de peuple déicide, et
n’espérant pour ce dernier que sa disparition dans la conversion au christianisme, pèse à juste
titre sur nos consciences. Nous pouvons être tentés de nous délivrer du poids de la culpabilité
de cet antijudaïsme chrétien, qui a constitué l’une des sources de l’antisémitisme européen
ayant mené au génocide des Juifs d’Europe, en nous interdisant tout discours critique vis-à-vis
de l’État d’Israël.


L’État d’Israël n’est pas le judaïsme

L’État d’Israël n’est pourtant pas le judaïsme. L’actuel gouvernement de l’État d’Israël,

d’extrême droite
, est loin d’être parfaitement représentatif du peuple de l’État d’Israël, et le
peuple de l’État d’Israël ne correspond certainement pas sans condition au peuple de l’Israël
biblique. Critiquer le gouvernement actuel de l’État d’Israël n’est pas critiquer le judaïsme. Le
critiquer au nom des valeurs du judaïsme l’hospitalité envers l’étranger, la préférence pour
le pauvre et le faible, la perpétuelle insistance sur la justice sociale est au contraire un
hommage rendu au souffle des prophètes.


Au nom des traditions juives, sources auxquelles les chrétiens s’abreuvent, il est temps d’en
appeler à la justice et à la paix par des actions effectives. L’affirmation du Psalmiste selon
laquelle « Justice et paix s’embrassent » (84, 11) signifie que nulle paix durable ne peut être
construite sur une injustice flagrante. Être « artisan de paix » (Matthieu 5, 9) ne saurait
évidemment se réduire à viser le seul maintien de l’ordre, si ce dernier est injuste, mais
consiste à mettre en œuvre un ordre juste et à « briser tous les jougs » (Isaïe 58, 6).

Goliath contre David


L’actuel comportement de l’État d’Israël, jouant du droit du plus fort, profitant de l’absence
de réactions occidentales et du financement états-unien, compromet l’établissement de la paix
à long terme et prépare des violences futures de manière désespérante. Il n’est absolument
plus possible de présenter
les actuelles attaques conduites à Gaza comme des représailles
légitimes à la suite des horribles massacres du 7 octobre et du maintien en captivité des
otages, dont la libération reste urgente. Elles sont disproportionnées, démesurées,
extrêmement violentes et meurtrières, et en contradiction avec le droit humanitaire le plus
élémentaire.


Le questionnement en cours, mené à l’ONU à l’initiative de
l’Afrique du Sud, au sujet de la
potentielle intention génocidaire de ces attaques, indique à lui seul, et sans qu’il soit besoin
d’attendre les suites juridictionnelles, que les bornes de la décence et du droit de la guerre ont
depuis longtemps été franchies. Se taire à ce sujet en affirmant que « c’est compliqué »
revient à choisir Goliath contre David, les premiers contre les derniers, les riches contre les
pauvres, les puissants contre les humbles. Les valeurs juives doivent être brandies contre le
gouvernement de Benyamin Netanyahou.

Qui est mon prochain ?
En mettant un terme à l’accusation de
peuple déicide, en s’intéressant à d’autres
interprétations de la Bible que les lectures christo-centrées, le concile Vatican II a ouvert de
manière heureuse un nouveau chapitre des relations judéo-chrétiennes, nettement plus décent,
respectueux et fertile. Chez certains chrétiens à tendance identitaire, ce rapprochement
souhaitable se double d’un effet contre-productif de constitution d’un bloc judéo-chrétien
opposé à une altérité musulmane. Ils vont jusqu’à voir dans la guerre en cours une sorte de
guerre de religion, quand il s’agit dans les faits d’une guerre coloniale et d’une oppression
asymétrique.


La question qui se pose à nous dans ce contexte est celle de l’Évangile :
qui est mon prochain
?
Une réponse superficielle indiquerait que c’est celui qui est proche de moi, qui me
ressemble, qui n’est pas mon lointain. Certains intellectuels chrétiens occidentaux, arguant de
la proximité forte unissant juifs et chrétiens, Occident et État d’Israël, se sentent un devoir de
prendre fait et cause pour ce dernier. L’Évangile indique pourtant une tout autre définition : le
prochain est l’étrange ou l’étranger, celui qui ne me ressemble pas, qui s’approche de moi et
en appelle à ma responsabilité.

Leur visage nous oblige


Les chrétiens d’Occident s’identifient difficilement aux Arabes palestiniens, que ceux-ci
soient musulmans ou même chrétiens. Cela en fait d’autant plus nos prochains. L’injustice
qu’ils subissent, que seul le déni peut rendre invisible, nous appelle. Comme le dirait
Emmanuel Levinas, leur visage, dans son actuelle vulnérabilité, nous oblige. Ne rien faire
revient à dépasser l’homme souffrant que l’on a pourtant vu, au lieu de s’arrêter dans notre
marche comme le
Bon Samaritain auquel nous affirmons vouloir ressembler (Luc 10, 25-37).


Nous professons être disciples d’un Juif galiléen qui nous invite à prendre fait et cause pour
celui qui subit l’oppression. Nous sommes horrifiés par la
puissance de destruction
actuellement à l’œuvre à Gaza et nous refusons d’en être complices par notre silence gêné.
Nous voulons porter la voix de nos frères et sœurs palestiniens devant nos dirigeants et, à la
fois comme membres de la société civile de notre pays et au nom de l’Évangile, participer à
construire une voie française pour la construction de la justice et la paix, qui ne peuvent aller
l’une sans l’autre.

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Pour info, parmi les signataires, dont je n'ai pas donné la liste pour ne pas allonger trop le billet, deux Vendéens : Sr Martine Chaillot, supérieure des Soeurs de Mormaison, et Gilbert Roux, 83 ans, de la Mission de France à Poitiers.

2 commentaires:


Pascal G. a dit…

Très bel appel... circonstancié ! Il y a 30 ans, on n'a rien fait pour empêcher le génocide du Rwanda sous prétexte que les Hutus étaient avec la France, aujourd'hui que faisons-nous ? Un espoir : que les nombreux Israéliens qui manifestent pour la démission de Netanyahou obtiennent satisfaction ! Et qu'enfin apparaisse une lueur de Paix !

Anonyme a dit…

J aimerais bien que la démission d un premier ministre israélien soit la solution ..