D'habitude, qui dit sépulture dit tristesse, silence, visages fermés, rituel vécu dans une certaine souffrance... Et cela se comprend ! La mort n'est-elle pas une horrible mangeuse d'hommes ? Et, pour la plupart des humains, une douleur immense ! Montaigne disait d'ailleurs : "La mort, on s'en signe comme du nom du diable !"
En tout cas, tel n'a pas été le cas lors de la sépulture du prêtre Gilbert Bossis lundi dernier, en l'église de son baptême, à St André Treize Voies. Déjà, avant la cérémonie, une chorale bien étoffée répétait des airs qui ne ressemblaient en rien à des chants d'enterrement. Une autre atmosphère était déjà ainsi créée. Et il nous fut annoncé, dès le très bref mot d'accueil, que nous allions vivre cette cérémonie dans la joie et l'action de grâces.
Nous avons été mis au parfum dès le chant d'entrée, que nul n'avait jamais entendu lors d'une sépulture : "Tu es là, au coeur de nos vies, et c'est toi qui nous fais vivre..." Malgré le départ de Gilbert, nous n'étions pas dans la tristesse ; la fête était là. Et cela s'est prolongé tout au long de la cérémonie : aucun des chants habituels prisés lors des enterrements, et des lectures absolument pas tirées du rituel officiel des funérailles. Sans parler d'une prière universelle axée sur l'Espérance ; et, cerise sur le gâteau, comme chant final, le fameux cantique de la Création de Patrick Richard : "Mon Dieu, tu es grand, tu es beau, Dieu vivant, Dieu très haut, tu es le Dieu d'Amour..."
Merci, cher Gilbert, de nous avoir fait partager ta foi immense en la Résurrection. Et si cela pouvait nous inviter à vivre autrement nos célébrations de sépultures ? Sacha Guitry disait que "la plupart des gens disparaissaient sans que l'on prenne conscience de l'importance de leur rôle sur la terre." Quel dommage ! Alors que pourtant, toutes ces vies qui s'en vont auraient des choses à nous dire... ; mais prenons-nous le temps de les rechercher ? C'est seulement dans ce cas en effet que nous pouvons comprendre cette surprenante prière de saint François d'Assise sentant venir sa fin ; il avait ajouté ceci, un dernier verset à son "Cantique du Frère Soleil" : "Loué sois-tu, Seigneur, pour notre soeur la mort corporelle, à qui nul être vivant ne peut échapper."
Puissions-nous, au moment de notre mort, pouvoir nous écrier, à la suite de St François d'Assise, de Patrick Richard, de Gilbert Bossis et de tant d'autres :
"Par cette main tendue, qui invite à la danse,
Par ce baiser jailli d'un élan d'espérance,
Par ce regard d'amour qui relève et réchauffe, je veux crier :
Mon Dieu, tu es grand, tu es beau,
Tu es le Dieu d'Amour !"
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