En cette période de Noël, j'ai été scandalisé d'entendre, à diverses reprises, des évêques, des archevêques et autres dire et répéter que Jésus avait été mal accueilli à Bethléem. C'est une idée reçue, un préjugé détestable qui a traversé les siècles depuis 2000 ans. Il serait temps de couper les ailes à ce canard ! A diverses reprises en effet, en particulier lors de rencontres avec des chrétiens palestiniens à l'occasion de divers temps de "visitations" en Israël-Palestine, par exemple avec les groupes que j'ai ,accompagnés récemment dans cette région, nous avons alors découvert ensemble, avec bonheur, que cette lecture inexacte de l'évangile de la Nativité n'avait sans doute rien à voir avec ce qui s'était passé au moment de la naissance de Jésus.
En relisant mes notes, je retrouve ce que nous avaient partagé des chrétiens de Taibeh par exemple, au coeur de la Palestine : "Dans notre pays, on ne laisse pas dehors ceux qui sont en recherche d'un abri. On a trouvé une place à la famille de Jésus ; peut-être pas dans l'auberge elle-même, qui était comble, en cette période de déplacements pour raison de recensement, mais dans un endroit parallèle, et qui n'était pas forcément misérable. On a trouvé un endroit favorable, afin que Marie puisse accoucher de façon paisible ; non pas au milieu d'un grand bazar, aux yeux de tous, mais un peu à l'écart, dans une certaine intimité. Il était inconcevable qu'on laisse cette famille dehors, et qu'il n'y ait pas de place pour elle dans un abri, même si ce n'était pas dans l'hôtellerie proprement dite. Ceux qui disent que Jésus n'a pas été accueilli ne connaissent pas notre région ; ils ne savent pas que la Palestine, aujourd'hui comme au temps de Jésus, c'est un pays où l'hospitalité fait partie de notre culture."
Ceci dit, ce qui reste exact, c'est que Jésus n'a pas eu la chance de naître bien tranquille, dans la maison familiale, à Nazareth. Dès le départ, les choses ont été un peu plus compliquées ; il n'était pas chez lui ; et cela, même si partout, c'est chez lui ! Et cette symbolique est grande en effet... C'est ainsi que tout migrant, qui a dû quitter son pays, se sent un peu proche de Jésus, né loin de la maison familiale, et dans des conditions alors plus difficiles...
Et si on relisait Victor Hugo à cette occasion ? Voici un extrait de "La Légende des siècles" :
"Etranger ! Que signifie ce mot ? Quoi ! Sur ce rocher j’ai moins de
droits que dans ce champ ! Quoi ! J’ai passé ce fleuve, ce sentier,
cette barrière, cette ligne bleue ou rouge visible seulement sur vos
cartes, et les arbres, les fleurs, le soleil, ne me connaissent plus !
Quelle ineptie de prétendre que je suis moins homme sur un point de
terre que sur l’autre !
Vous me dites: Nous sommes chez nous et vous
n’êtes pas chez vous ! - Où ? Ici ? Vous n’avez qu’à creuser une fosse,
et vous verrez que la terre m’y recevra tout aussi bien que vous."
Victor Hugo
Océan Prose
Tas de Pierres
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