Une fidèle de ce blog, Simone, me fait l'invitation suivante : "Pourriez-vous nous parler du péché originel ? Je sais qu'il faudrait des heures et des heures pour y réfléchir, mais une petite synthèse me suffirait !" Simone, je ne suis pas un grand théologien, mais je vais essayer de répondre à votre demande, en reprenant des extraits d'une homélie que j'avais faite sur le sujet ; une de celles que je n'ai pas encore jetée à la déchetterie, dans l'entreprise que je mène en ce moment pour me défaire de tout ce dont je n'aurai plus jamais besoin...
Tout d'abord, disons que la doctrine du péché originel a des limites : Jésus n'en a pas parlé, et aux yeux des Juifs, il n'en est pas question en tant que doctrine dans les textes du premier Testament. C'est l'Eglise qui, au cours des siècles, à la suite de St Augustin en particulier, a prôné cette idée du péché originel. Et cela, par référence à la faute d'Adam et Eve, qui ont transgressé la seule interdiction que Dieu leur avait posée, en mangeant le fameux fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. En tout cas, alors que Jésus n'a pas évoqué ce péché, celui-ci a pris une place énorme dans le catéchisme catholique, apparemment pour beaucoup conçu comme plus digne de foi que l'Evangile !
Le péché originel évoque aussi les conséquences de cette première faute sur l'ensemble de l'humanité : on pourrait parler d'un péché hérité, non commis tel quel par nous aujourd'hui, mais dont nous subissons pourtant les conséquences. C'est un point qui fait débat, et qui est soutenu par ceux qui refusent cette doctrine du péché originel. En effet, si c'est à cause du péché commis par quelqu'un d'autre que nous, par Adam, que nous sommes considérés comme pécheurs dès notre naissance, où sont la liberté et la responsabilité de chaque individu ???
Une autre façon de présenter les choses est de dire que le péché de tout personne humaine, depuis les origines, et dans chaque vie personnelle, c'est un péché d'auto-suffisance, de prétention à être nous-même centre de gravité et fondement de notre existence. Ce péché, qui fut déjà celui d'Adam et Eve, il nous est commun à tous. Il affecte notre vie en profondeur, il est à l'origine de toutes nos fautes. C'est une fragilité de naissance. Et nos actes mauvais révèlent notre coeur tordu, rebelle à Dieu et ennemi des autres autour de nous.
C'est un péché qui touche la personne humaine depuis les origines ; d'où le nom de péché "originel". En nous créant, Dieu nous a donné la liberté de faire le bien ou le mal ; mais, depuis les origines du monde, chaque humain sent sur lui l'esclavage du mal, dont il lui faut laisser Dieu le délivrer, à travers la force rédemptrice de Jésus, et par la grâce des sacrements.
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Complément apporté le 23 septembre, suite à une réaction reçue de la part de Françoise :
Très belle réaction de Françoise, merci ! L'Eglise s'est vraiment fait des théories étranges au long des âges ! Heureusement, elle en est revenue. L'on avait oublié ce que disait St Pierre (1 Pierre 3/21) : "Maintenant, le baptême vous sauve. Etre baptisé, ce n'est pas être purifié de souillures extérieures, mais s'engager envers Dieu avec une conscience droite, et participer ainsi à la résurrection de Jésus-Christ qui est à la droite de Dieu."
2 commentaires:
Bonjour Père,
Lors d'une conférence j'ai entendu un prêtre, fondateur d'une "communauté nouvelle" proche de mon domicile, affirmer avec force : " Vous, les grands-parents, ne demandez pas à ce que vos petits enfants soient baptisés si vous pensez qu'ils ne recevront pas de la part de leurs parents une éducation chrétienne (catholique ?) et ne recevront pas les sacrements car alors ils sont condamnés à l'Enfer puisque le baptême les engage dans l'Eglise et qu'ils ne bénéficieront pas de l'excuse d'ignorance".
Je suis ressortie profondément troublée par cette affirmation péremptoire et tiens à préciser que les archevêques successifs du diocèse mettent à l'honneur la "vitalité" de cette communauté.
Suite à ce qu'écrit Camille Madeleine, je suis au regret de dire que le prêtre dont elle parle a dû avoir un très mauvais professeur de théologie, qui en plus n'avait pas bien lu l'Evangile.
Marc 10/13-16 : "Jésus s'indigna contre ses disciples et leur dit : "Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le Royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent... Et il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains."
Pape François, dans "La joie de l'Evangile", n° 47 : "Tous peuvent faire partie de la communauté ecclésiale, et même les portes des sacrements ne devraient pas se fermer...Ceci vaut surtout pour le sacrement qui est "la porte", le baptême... L'Eglise n'est pas une douane, elle est la maison paternelle où il y a de la place pour chacun avec sa vie difficile."
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