C'est après avoir suivi l'arrivée du pape à Marseille, le moment de prière à Notre-Dame de la Garde, et le temps de la rencontre interreligieuse qui a suivi, que je rédige ce billet. Le moment le plus fort fut celui pendant lequel le pape François, entouré de responsables bouddhistes, juifs, musulmans, protestants, orthodoxes, arméniens...de Marseille, a délivré un message poignant, du haut de l'esplanade de la "Bonne Mère", face à cette mer Méditerranée, si calme et si belle en apparence, mais qui est devenue un cimetière de migrants.
Comme il ne s'agissait pas d'une visite "en France", le pape n'a pas eu à communiquer à l'avance le texte de son intervention aux services de l'Elysée, où on aurait pu lui dire : "Oh là, vous y allez un peu fort... Est-ce que vous ne pourriez pas modérer un peu vos propos ?" A Marseille, il a eu carte blanche, et ne s'est pas privé de lancer un appel très fort, non pas aux états, mais aux hommes et aux femmes qui vivent sur le pourtour de cette mer qui réunit tant de nations.
Le pape a martelé ceci par exemple, en lien avec les responsables des diverses religions : "Nous, croyants, nous devons être exemplaires dans l'échange fraternel." Voici quelques unes des phrases que j'ai pu noter : "Il nous faut donner corps à un nouvel humanisme." "Nous devons cesser d'avoir peur".
Faisant allusion à la façon dont des états freinent l'action des bateaux de sauvetage, il a été très clair : "Quand on empêche des sauveteurs d'accomplir leur action, ce sont des gestes de haine contre le frère !" Gestes insensés, inadmissibles! La politique, au sens noble du terme en tout cas, ce n'est pas cela !
Le pape s'est adressé aussi aux catholiques qui ne sont pas à l'aise avec ses paroles en faveur du respect des migrants, en s'élevant avec force contre "le fanatisme de l'indifférence", qui est aussi dévoyé que le fanatisme du terrorisme : "Ne nous habituons pas à considérer les migrants qui se noient comme de simples faits divers qui ne nous concernent pas."
En effet, "Exploités, démunis, des frères et des soeurs meurent noyés, dans la peur, avec les espérances qu'ils portaient dans leur coeur." La parole du pape était pleine de force et de compassion. Il nous a rappelé "notre devoir d'humanité ; il en va en effet, au coeur de la Méditerranée, de l'avenir de notre civilisation !"
Aux chrétiens d'être "exemplaires", dans la qualité de leur attention à cette question du destin des migrants.
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Une remarque personnelle, qui sera sans doute sans intérêt pour beaucoup : lors de la célébration à la basilique Notre-Dame de la Garde, après l'intervention du pape, l'assemblée s'est levée pour chanter, longuement, l'Ave Maria de Lourdes. J'en ai été très ému. C'est comme si la Vendée était présente, puisque c'est un de mes ancêtres collatéraux, l'abbé Jean Gaignet, qui a composé ce cantique chanté dans le monde entier. Je ne sais pas s'ils ont choisi ce chant en pensant que le pape pouvait le connaître ? En tout cas, il chantait l'Ave Maria ! Ce qu'il n'aurait pas pu faire avec un autre chant français plus récent !
Samedi, à la fin de la messe au Vélodrome, c'est encore ce même chant de l'Ave Maria, dit de Lourdes, qui a été longuement repris en chant final !
Jamais deux sans trois : au terme de la magnifique et très vivante messe de ce dimanche matin à la cathédrale de Marseille, la Major, ce fut encore l'Ave Maria de Lourdes qui l'assemblée a repris comme chant final !
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