Mais qu’est-ce qu’un moine
bénédictin indien peut bien avoir à faire découvrir à des chrétiens ou autres
en Vendée ? Tel était pourtant
l’objectif des deux groupes interreligieux du Pays Yonnais et du Pays des
Olonnes, qui avaient organisé, avec Christiane Noël, la venue du Père John
Martin pour qu’il nous fasse part de sa vision de l’Evangile et de la mission
du Christ, à la lumière de son expérience en Inde, le dimanche 16 octobre, aux
Etablières, à la Roche s/Yon.
Né en 1955, d’une mère hindoue et d’un père catholique, John Martin était prédestiné à entrer en résonance avec la tradition spirituelle de l’Inde et l’enseignement de Jésus. Directeur spirituel d’un ashram en Inde du Sud, fondé en 1950 par les Pères Henri Le Saux et Jules Monchanin, pionniers de l’aventure inter religieuse, John Martin enseigne une spiritualité qui souligne les éléments unificateurs des religions, tout en étant ouvert à ce qui dépasse les systèmes de croyances.
Pour lui, aucun doute : « Jésus-Christ est plus grand que le christianisme. » En effet, nous a-t-il expliqué, « Jésus n’est pas bloqué, enfermé dans une religion, fut-elle chrétienne. Il n’est pas concevable que le christianisme pense avoir l’exclusivité du Christ. Personnellement, j’ai été de tout temps un chercheur de vérité. Au départ, j’ai vécu une crise spirituelle ; j’avais du mal à croire que le christianisme puisse être la seule vraie religion. Mais le dialogue avec les autres religions m’a aidé à comprendre que Dieu était le Dieu de toute l’humanité et de toute la création ; et que notre rôle était de faire tomber les murs entre les croyants différents. »
Cependant, tout en oeuvrant à permettre des échanges entre religions, John Martin a fait la remarque suivante : « Il y a 50 ans qu’on vit le dialogue interreligieux, mais il n’y a pas de progrès ; on reste divisés ! Bien sûr, il est important que l’on puisse échanger ; chaque religion est unique en effet, chacune essaye de conduire vers Dieu ses fidèles ; mais toutes considèrent qu’elles ont la vérité. Or, il ne suffit sans doute pas de s’écouter, d’entendre poliment nos différences. En réalité, chaque religion devrait chercher à identifier ses propres limites, se faire modeste ; alors seulement, l’on pourrait avoir un vrai dialogue, et accéder ensemble à un au-delà de nos religions. Il nous faut reconnaître qu’il y a de la vérité dans les autres religions et nous en réjouir ! Tout en comprenant que ce type de dialogue va au-delà des étiquettes religieuses, pour permettre d’acquérir une nouvelle conscience ; et cela, dans une unité en un Dieu qui est amour, liberté et plénitude.»
Parmi les nombreuses questions qui lui furent posées, l'on peut retenir celle-ci : « Jésus n’a-t-il pas fondé une religion, donné à Pierre les clefs de son Eglise ? » Mais John Martin de préciser ceci : « Le projet de Jésus n’était pas de créer une nouvelle religion. C’est vrai, il a donné des clefs à ses disciples ; mais cela a été interprété à tort comme des clefs ordinaires, qui signifient pouvoir, autorité, fermeture, emprisonnement… Alors que ce que Jésus a donné, c’était des clefs non physiques, des clefs de sagesse ; les clefs du Royaume de Dieu. Le but du christianisme en effet, c’est de libérer les gens, de leur laver les pieds, et non de les contrôler ou de les diriger. Car l’objectif des religions, c’est de servir les êtres humains et de les aider à entrer dans le Royaume de Dieu.»
Impossible de résumer un échange aussi riche, auquel ont participé aussi 7 ou 8 proches du Bouddhisme en Vendée, autour du Lama Thrinlé. Avec cet éloge révélateur d’un participant non relié à une religion : « Tous les propos exprimés étaient audibles par quiconque, quelle que soit sa religion ou ses pensées philosophiques. » Dans un contexte tenté par les replis identitaires, ceci est un bel hommage à ce moine du bout du monde, pétri de l’Evangile !
1 commentaires:
Merci pour ce partage.
J'ai noté la réflexion de ce moine bénédictin : Chaque religion devrait chercher à identifier ses propres limites, se faire modeste.
C'est sans doute la condition pour vivre ensemble un dialogue ouvert et fraternel.
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