Dans deux jours, le 11 octobre, nous vivrons le 60ème anniversaire de l'ouverture du Concile Vatican II par le pape Jean XXIII, le 11 octobre 1962. Au cas où cela n'aurait pas été évoqué lors des messes de ce dimanche 9 octobre, quelle tristesse ! Il est vrai que, pour nombre de catholiques, ce Concile n'évoque à peu près rien, malheureusement. Et c'est peut-être l'une des causes de l'effondrement de notre Eglise catholique justement.
Oh, pardon ! J'oubliais ! Chez nous, dans l'ouest, le journal "Ouest-France", quant à lui, n'a pas manqué d'évoquer cet événement ; et cela, de façon éclatante, par un excellent éditorial de Laurent Marchand, en 1° page, dans l'édition datée des samedi 8 et dimanche 9 octobre. Ouf ! L'honneur est sauf ! Je vous renvoie à cet édito très éclairant. Si des évêques ou des curés de paroisse avaient ainsi rédigé une déclaration à propos de Vatican II, ils n'auraient pas fait mieux !
Mais pourquoi ce titre : "Une Eglise au service du Bien Commun" ? Le Concile n'était-il pas destiné d'abord à sauver l'Eglise catholique ? Là est la grande erreur ! L'Eglise n'existe pas pour elle-même en effet ; elle n'est pas d'abord, ni simplement, une sorte de "service d'entretien des âmes des croyants". Elle n'a pas non plus, contrairement aux apparences et à ce que certains croient être son rôle essentiel, pour mission de préserver ses structures ni de vivre repliée sur elle-même.
En effet, comme le rappelle le célébrant à la fin de chaque messe, nous sommes missionnés pour tout à fait autre chose : "Allez dans la Paix du Christ !", nous dit-on. C'est-à-dire : à présent, mettez-vous au travail, au service du Bien Commun, du bonheur de l'humanité et enfin de la Paix ! Or, l'on a cru longtemps que le rôle de l'Eglise, c'était de faire vivre notre paroisse, d'avoir des liturgies brillantes, de combattre les idées mauvaises du monde : jadis, le protestantisme, la démocratie, le socialisme, l'antisémitisme... ; aujourd'hui, l'islam en général, les attitudes sexuelles dites "déviantes", tandis que nombre de catholiques sont agacés par l'insistance du pape à leur demander d'être plus accueillants aux migrants, pour ne prendre que ces exemples...
Or, quel a été le coeur du message du Concile ? Dans ce qui est sans doute le texte le plus important voté alors par les évêques - la "Constitution (déclaration fondamentale) pastorale sur l'Eglise dans le monde de ce temps" - l'on peut découvrir, dans l'avant-propos, comme un résumé du projet conciliaire : "Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n'est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur coeur."
Mais en fait, est-ce bien cela qui motive la pastorale et les priorités de nos diocèses et nos paroisses actuellement ? Tandis que nous pleurons beaucoup sur nous-mêmes, et sur l'épuisement de l'Eglise catholique, dans une grande souffrance... Mais la souffrance des hommes, elle, nous pose-telle question ? Nous empêche-t-elle de dormir ? N'aurions-nous pas, à la lumière des perspectives et des choix de Vatican II, à réinventer notre manière de vivre le christianisme ?
Le chrétien méthodiste Nelson Mandela avait bien compris cela quand il adressa, en 1997, aux responsables des diverses religions présentes en Afrique du Sud, cette feuille de route exigeante et ambitieuse : "Nous avons besoin que les institutions religieuses continuent d'être la conscience de la société, le gardien de la morale et des intérêts des faibles et des opprimés. Nous avons besoin que les organisations religieuses participent à la société civile mobilisée pour la justice et la protection des droits de l'homme."
Dans le droit fil du Concile Vatican II, le sociologue allemand Hans Joas, dans son ouvrage "La foi comme option, possibilités d'avenir du christianisme", distingue quatre enjeux pour le christianisme du 21° siècle :
- développer une éthique universaliste de la fraternité, capable de répondre aux différentes formes d'individualisme
- défendre la personne contre le retour d'une vision scientifique naturaliste et réductrice de l'humain ; et sauvegarder l'ensemble de la Création.
- maintenir une spiritualité à forte dimension communautaire, au sein d'une Eglise humble, ouverte aux laïcat, servante et pauvre.
- rappeler à la société que l'idée de transcendance peut faire partie du patrimoine de l'humanité, dans le respect bien sûr des convictions de chacun, ainsi que des différentes religions et traditions de sagesse.
Puisse notre monde devenir meilleur ! Il en va de l'honneur de l'Eglise catholique, à la lumière de Vatican II, d'y avoir résolument contribué !
2 commentaires:
Il en va malheureusement du Concile Vatican II coome du synode diocésain en Vendée (2005 - 2006). Au départ l'intuition prophétique d'un Pape et d'un évêque, l'interpellation lancée au peuple de Dieu, l'adhésion réfléchie et partagée des pasteurs et des laïcs, des engagements pour suivre aujourd'hui et répandre la Parole de Dieu et le message de l'Evangile.
Un message vite oublié et mis au rancart par les papes et l'évêque qui ont suivi. On pourrait désespérer, se lamenter, ou partir. Malgré les obstacles, regardons avec joie les promesses réalisées du Concile et du Synode diocésain. Regardons devant, pas en arrière. Il n'y a pas de nouveau concile à l'ordre du jour, malgré le chantier immense que le Pape François a commencé à ouvrir. Prions pour qu'il puisse le poursuivre, en dépit des entraves conservatrices et aidons-le, comme nous le pouvons. Il m'arrive de penser que ressurgit, hélas, un catholicisme qui n'est pas chrétien...
Difficile de trouver les mots pour définir mon enthousiasme à lire ce n° 2780 ! Je me "régale à sa lecture de bout en bout" et grave dans ma mémoire les quelques mots qui définissent admirablement dans quoi, est engagée essentiellement notre Eglise aujourd'hui à savoir " Service d'entretien des âmes des croyants". Même écrite avec la pointe d'humour qui te caractérise si bien, cette phrase nous renvoie à elle seule à la brutalité de la situation présente. On pourrait en faire un titre de livre ou, mieux encore, un spot publicitaire sur grand écran à une heure de grande écoute, à l'image de ce que font les "tridentins" sur les réseaux sociaux ! Je sollicite ton accord pour envoyer ce texte dans sa globalité par mail à tous mes amis avec ta signature ou non. Je n'ai pas forcément la vocation d'être lanceur d'alerte, mais là, il m'apparait difficile de rester les bras croisés. Merci de ta réponse. Avec toute mon amitié ............Rico
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