Avec tout ce que l'on entend dans les médias, surtout en cette période électorale, on finirait par croire que seuls les gens dits "importants", les "hautes" personnalités, les candidats-présidents ou les présidents des nations pourront sauver le monde et notre pays ! Je repensais à tout cela tandis que récemment, j'accompagnais la sépulture d'Albert, en l'église de Grosbreuil. Atteint de la polio à 4 ans, boiteux, handicapé d'une main, resté célibataire, j'en suis persuadé : malgré tout, Albert, le "petit" cordonnier, a contribué lui aussi, par sa simplicité, à sa façon, gaie et enjouée, avec l'aide de son harmonica, à sauver le monde. Voici l'homélie que j'ai partagée à cette occasion.
On entend parfois parler, à la télé, de sépultures de personnes célèbres, très connues, que l'on encense avec magnificence : de beaux discours, la présence de hautes personnalités, des pages dans les journaux, du monde dans les rues pour voir passer le cortège funèbre ...
On oublie seulement une chose : c'est que, face à la mort, tout le monde est sur le même pied d'égalité.
Et le départ d'Albert, aux yeux de Dieu, c'est un événement aussi important que celui de telle ou telle personne célèbre et très connue.
Car, dans l'esprit de Dieu, il n'y a pas plusieurs catégories de défunts : les grands et les petits, les humbles et les puissants.
Nous avons une certitude en tout cas : c'est que Dieu accorde la même importance à chacun, quel que soit ce qu'il a été ou non.
Car tout défunt est un enfant également aimé du Père.
Toute vie humaine a la même importance, la même valeur aux yeux de Dieu.
Dieu en effet a pour chaque femme, chaque homme le regard et l'amour d'un Père très aimant.
Ainsi en effet que cela a été rappelé dans la 1° lecture : "à tous, Dieu a donné part à son Esprit." (1 Jean 4/13)
Albert aussi, donc, avait reçu la force, la grâce de l'Esprit-Saint, que Dieu communique de façon égale à toute personne venant en ce monde.
Et l'Esprit de Dieu, Albert en a fait profiter les uns et les autres, par sa simplicité, sa joie naturelle, et cela, malgré ses handicaps, à l'aide de son harmonica, et de sa foi profonde.
Deux réflexions en terminant :
- celle du grand écrivain Paul Valéry déclarant : "Chaque homme porte en lui, au plus profond de lui-même, quelque chose de plus grand ; il suffit d'aller le chercher."
- et je pense aussi à ce magnifique hommage de Georges Bernanos vis-à-vis des plus humbles, mis en valeur par cet évangile des Béatitudes que nous venons d'entendre (Matthieu 5) : "Je dis que les faibles et les petits sauveront le monde. Et ils le sauveront sans le vouloir. Ils le sauveront sans rien demander en échange, faute de savoir le prix du service qu'ils auront rendu à la société."
"Heureux les pauvres, les petits et les humbles, le Royaume des cieux est à eux !"
Amen !
2 commentaires:
Une homélie qui fait du bien à lire. Il y a tellement de discourt pour rien dire..
Vendredi un évènement à suivre en direct de Rome: Le port de la croix par des femmes Ukrainiennes et Russes lors de la 14 ème station.
Merci pour ce partage émouvant, Olivier, qui donne envie de connaître et de rencontrer Albert.
Chacun a ses particularités, ses talents cachés, chacun a aussi la liberté de laisser son cœur ouvert à rencontrer des musiciens, des cordonniers, des petits, des grands, des pauvres, des riches etc. etc.
Il est vrai que "face à la mort, tout le monde est sur le même pied d'égalité.", du moins nous le sommes aux yeux de Dieu et en son Cœur.
Mais l'on peut aussi se demander si chaque humain meurt de façon équitable dans le rapport et le lien qu'il entretient (ou non) personnellement avec le Seigneur et la Foi.
Certes, nous sommes tous égaux face à la mort mais l'ego peut aussi parfois nous empêcher d'être égaux en bien des circonstances.
Je vous souhaite beaucoup d'Amour et de Paix, des sourires à partager, des chants et des musiques pour célébrer chaque jour que Dieu fait.
Cette semaine sainte est propice aux festivités et à la Joie.
Comme je l'entendais il y a quelques jours d'une personne qui me racontait un pan de son enfance :"Mon Papi est mort quand j'étais enfant. J'avais 8 ans. Et je me rappelais que l'on m'avait expliqué au catéchisme que quand on mourrait, on était avec Jésus et que Jésus aimait tout le monde. Alors j'étais tellement heureuse pour mon Papi que je ne comprenais pas pourquoi les adultes de la famille pleuraient. Alors j'allais les voir un par un en disant "pourquoi tu pleures ? Faut pas pleurer ! Papi, il est avec Jésus ? Il a de la chance Papi ! Moi j'aimerais bien voir Jésus !"
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