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Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

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Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



dimanche 10 octobre 2021

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2666 : Eglise de France, que fais-tu, que faisons-nous de l'Evangile ?

 

Homélie du 28° dimanche B  -  Longeville-sur-Mer  -  10 octobre 2021

Il est très sympa, ce jeune homme riche, vous ne trouvez pas ?  La preuve, c’est que, comme le signale St Marc, « Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. » Pensez donc, c’est quelqu’un de bien : depuis sa jeunesse, il observe tous les commandements ! Qui dit mieux ?

 Mais il y a une petite inquiétude en lui : « Maître, demande-t-il à Jésus, qu’est-ce que je dois faire de plus pour aller au ciel ? »  Que manque-t-il à donc à ce bon croyant ?  Doit-il allonger ses prières, multiplier les petites aumônes, envoyer un chèque plus important au CCFD ?

 Ce jeune homme, on pourrait penser, d’après ce qu’il dit de lui-même, que c’était un bon citoyen, honnête, travailleur. Il avait de grands biens, c’est sûr ; mais il avait beaucoup trimé pour réussir financièrement, et sans exploiter qui que ce soit.  De plus, c’était peut-être un bon voisin, un bon paroissien à la synagogue ; et aussi, un bon mari et un bon père.  En St Luc, on nous dit même que c’était un chef religieux juif : en résumé, il avait un bon CV !

 Mais voilà que Jésus, au lieu de le féliciter, lui fait comprendre que tout cela ne suffit pas, et qu’il doit faire plus encore ; et quoi donc ? Pas moins que de vendre tous ses biens et le suivre !  Ah mais là, Jésus, tu exagères !  Espérons quand même que tu n’en attends pas autant de nous !  Car alors, cela pourrait nous empêcher de dormir durant le reste de cette messe !

 Impossible cependant d’y échapper ! Car c’est bien à chacun de nous, qui sommes de bons citoyens, de bons paroissiens, de braves gens en somme, qu’à travers cet exemple, Jésus vient rappeler qu’on ne peut marcher à sa suite si l’on reste encombré de lourds bagages.  Or, qu’est-ce qui peut bien m’alourdir et me ralentir dans ma vie de prêtre, de chrétien ? Excellente occasion ce matin de rechercher quelle est la richesse qui me freine ; et pas forcément une richesse d’ordre financier ou matériel seulement.

 Je veux bien te suivre, Seigneur, mais laisse-moi continuer ma vie tranquille. Oui, je sais que la paroisse a besoin de bonnes volontés, pour assurer la catéchèse des enfants, participer à une équipe liturgique ou rejoindre un groupe du MCR (Mouvement Chrétien des Retraités) ; ou tout simplement pour prendre davantage le temps de prier chaque jour ; mais il faudrait que je lâche de temps en temps tel loisir, que j’accepte de donner du temps…

 Savez-vous que le mot « riche » - en grec : « plousios » - signifie « plein de », « rempli de »?  On peut même être assez démuni financièrement, et demeurer pourtant le cœur plein de, encombré de fausses richesses telles que notre mauvais caractère, notre suffisance, notre mépris de certaines personnes : on se rengorge, on se croit plus malin que les autres. Ne manquons-nous pas d’humilité ?  Et notre famille, est-elle ouverte aux autres ?  Ou encore, quelle est la place du partage dans notre vie ?  Quant à moi, en tant que prêtre, je me demande souvent si je ne suis pas riche de ce statut d’homme du sacré, qui me donne une place supérieure dans l’Eglise.  Non plus alors le jeune homme, mais le vieil homme riche, c’est peut-être moi ? Il y a là, pour moi comme pour vous, matière à réflexion !

 Allons plus loin : et si l’invitation de Jésus – « Va, vends tout ce que tu as, et donne-le aux pauvres » - si cet appel ne s’adressait pas seulement à des personnes, prises individuellement, comme chacun de nous, mais aussi, par exemple, collectivement, à notre pays, la France, ou à l’Occident ?  Est-ce que cela ne signifierait pas une invitation à remettre les personnes démunies au centre des objectifs humains, au cœur des enjeux  politiques dont on parle beaucoup en ce moment, dans notre vie en société ?

 Je me pince : est-ce que je rêve si j’imagine Jésus disant : « Toi, France, 6° ou 7° puissance parmi les plus riches du monde, va, et organise-toi pour que tes richesses profitent davantage aux Français qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté : les personnes en situation de handicap, certaines familles monoparentales qui n’arrivent pas à boucler les fins de mois, des voisins que nous connaissons et qui n’ont pas les finances pour pouvoir faire soigner leurs dents ou leurs yeux ; sans parler des frères et sœurs d’autres continents, écrasés par la guerre, qui frappent à la porte de notre maison commune. Malheureusement, nous affirme-t-on, "il n'y a plus de place dans l'hôtellerie..."  Cela ne vous rappelle pas quelque chose ?

 Que nous dirait Jésus, s’il revenait, de façon visible, parmi nous ?  Rappelons-nous les phrases incisives entendues dans la 2° lecture, tirée de la Lettre aux Hébreux : « Frères, la parole de Dieu est énergique, et plus coupante qu’une épée à deux tranchants. »  (fin de citation)  Oui, on l’a peut-être oublié, dans notre pays et dans notre Eglise : l’Evangile,  ce n’est pas de la guimauve !  Que nous dirait Jésus s’il revenait, visiblement, parmi nous ?  Si l’on paraphrasait l’Evangile, cela donnerait : « Mais la France, à ces mots de Jésus, devint sombre, et elle s’en alla toute triste, car ce pays avait de grands biens… »  Un fait positif cependant : les pauvretés, tel était l’un des grands soucis des maires de Vendée, qui se  retrouvaient avant-hier vendredi, lors de  leur assemblée annuelle aux Herbiers. Tout n’est peut-être donc pas perdu ?

 J’en arrive à un 3° et dernier point, pas le plus facile en ce moment !  Et si le jeune homme riche, c’était notre Eglise ?  Riche du statut quasi sacré de son clergé célibataire, riche de plus de 100 évêques en France pour seulement 2% de pratiquants ; une Eglise remplie de ces fausses richesses que sont la loi du secret de la confession mal compris, l’emprise de trop de ses membres, prêtres, mais aussi laïcs, dont des hommes mariés, sur des enfants qui ont été criminellement abusés.  Une Eglise maintenant son pouvoir et sa puissance sur les laïcs, ignorant trop la partie féminine du Peuple de Dieu.  Une Eglise qui dispose de grands biens, merveilleux, extraordinaires, ceux que lui a légués Jésus ; par exemple, l’Evangile, l’espérance, le respect des plus petits, la masse des enfants accueillis lors de leur baptême, etc.  Autant de richesses qui n’ont pas été partagées autant que Jésus l’aurait aimé, au sein du Peuple de Dieu ; une Eglise riche de ces biens de l’Evangile, mais des biens que l’on n’a pas su faire fructifier…  Ce qui explique que nos bâtiments églises se soient vidés…

 Je renouvelle ma paraphrase de l’évangile : « Jésus posa son regard sur l’Eglise de France et, malgré tout, il l’aima. Puis, il lui dit : « Eglise de France, une seule chose te manque : va, vends tout ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors, tu auras un trésor au ciel.  Puis, viens, suis-moi. »  Mais l’Eglise de France, à ces mots, devint sombre, et s’en alla tout triste, car elle avait de grands biens. »   Pas forcément des biens financiers, vous l’avez compris ; quoique… Mais les grands biens que je vous ai cités, dont, entre autres, l’Evangile, les enfants, l’Espérance, et le peuple des fils et des filles de Dieu que, avec courage et foi, malgré tout, vous représentez.  Et de cela, merci à vous, chers paroissiens !

 Finalement, face à tous ces drames, faut-il se dire, comme les disciples : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans la royaume de Dieu ?  Mais alors, qui peut être sauvé ? »  Jésus les regarde, il nous regarde également aujourd’hui en répondant : « Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. »

 Face à tous ces tristes événements, ne sombrons donc pas dans la désespérance : si tous, nous en prenons les moyens, avec l’aide de Dieu, l’Evangile, la beauté, la lumière et la fraternité auront le dernier mot.  Nous le croyons, telle est notre foi, Amen !

5 commentaires:


Denise a dit…

C'est bien dérangeant ce message d'aujourd'hui car l'histoire du jeune homme riche est sans doute aussi la nôtre !
Ce dépouillement total que le Seigneur attend de chacun de nous, de la France, de l'Eglise, n'est pas facile à assumer. Pourtant, il nous faut compter les uns sur les autres, nous ne pouvons pas nous convertir seuls. C'est ensemble que nous pourrons agir.
"Rien n'est impossible à Dieu" Il rejoint nos limites, nos faiblesses,... C'est Lui qui est porteur d'espérance. Demandons son aide pour vivre dans la lumière de l'Evangile comme nous y invite ce commentaire.
C'est Dieu qui marche en tête. "Viens, suis-moi."

Monique a dit…

L'essentiel n'est pas la loi ou de respecter les commandements.
Il faut suivre le Christ par amour et non par devoir.

une paroissienne a dit…

" J'aurais beau avoir la foi la plus totale, s'il me manque l'amour, je ne suis rien...l'amour endure tout !"

(1 Corinthiens,13)

Marie-France Dauce a dit…

Merci Olivier,
tu n'as pas eu peur d'affronter la situation de l'Eglise dans ton homélie… dans d'autres lieux hélas, il n'y a pas eu de commentaires !
Oui notre Eglise a à se réformer sérieusement, profondément, Espérons qu'elle saura le faire, le contraire serait incompréhensible !

paroissienne a dit…

Comment beaucoup, j'aurais aimé des soirées d'échanges sur ces sombres évènements concernant l'Eglise. C'est peut-être trop tôt pour parler ?
Mais nous pouvons déjà prier pour les victimes et demander pardon pour toutes ces personnes marquées par les abus dans l'Eglise.
Avec l'aide de Dieu !