Homélie du 27° dimanche du T.O., 2 octobre 2021, au Bernard
Pour mieux comprendre ce qui va suivre, il ne sera pas superflu de relire le texte de la 1° lecture de ce dimanche, tiré du Livre de la Genèse, 2/18-24.
Avec la 1° lecture et
l’enseignement de l’évangile, deux textes autour du lien entre l’homme et la
femme sont proposés à notre méditation en ce jour. Mais je m’en tiendrai, faute
de temps, au texte tiré de la Genèse, dans lequel il est question de la fameuse
côte d’Adam, d’où Eve aurait surgi. On a souvent ironisé à propos de cette côte
d’Adam ; essayons donc de découvrir pourquoi la Bible a présenté les
choses ainsi.
La 1° chose à bien enregistrer - et je pense que, de nos jours, vous ne serez pas scandalisés par ce que je vais vous dire - c’est que le but de ce texte, ce n’est pas de nous décrire comment la femme est apparue sur la terre, ni de quelle façon Adam, le 1° homme, a été créé.
Cela, de toute façon, pour une
raison bien simple : au moment de la création de l’homme et de la femme,
personne n’était présent pour immortaliser la scène, et pouvoir ensuite la
raconter, sur facebook et sur les réseaux sociaux.
La Bible n’étant pas un livre d’histoire au sens où nous l’entendons aujourd’hui, ce récit de la Création de l’homme et de la femme n’est pas à lire avec les yeux d’un journaliste, mais plutôt, de façon symbolique.
Certains, aux USA particulièrement, mais aussi dans certains cercles en France, des personnes qui lisent la Bible de façon littérale, considèrent que tout ce qui est écrit dans la Bible raconte exactement comment les choses se sont passées.
Question : ce que dit la Bible ne serait-il donc pas vrai ? N’est-ce pas un manque de foi que de douter de ce qui est décrit dans la Genèse à propos de la façon dont ont été créés l’homme et la femme ? En réalité, malgré ce que l’on pourrait déduire de la description donnée dans ce texte de la Genèse, l’objectif n’était pas de raconter comment l’homme est apparu ici bas. Et pourtant, la Bible dit la vérité ; en ce sens que, cette Création, elle en donne le sens profond.
Je m’explique : ce qui est vrai dans le texte que nous venons d’entendre, c’est, premièrement, que l’homme ne s’est pas créé tout seul et deuxièmement, qu’il n’est pas non plus le produit d’une nature-mère infinie qui, par elle-même, en vertu de je ne sais quel bouleversement de molécules, aurait pu donner naissance à la vie.
Ce qui est vrai dans ce texte, c’est que c’est Dieu qui a créé l’homme, ainsi que les animaux, la nature et tout ce qui existe. Evidemment, Dieu n’a pas créé telle montagne ou tel animal en particulier. Pour être plus précis, disons que c’est Dieu qui est à l’origine de toute la Création ; celle-ci ayant suivi ensuite une évolution progressive, peu à peu, l’homme et la femme ont émergé. Ce qui n’empêche pas de dire que Dieu a tout créé.
En tout cas, c’est Dieu qui a
permis que, de l’évolution naturelle, surgissent l’homme et la femme, comme un
ensemble inséparable, de même nature.
Cependant, l’image d’Eve tirée de la côte d’Adam n’est pas à jeter à la
poubelle ni à mépriser. Il faut la prendre pour ce qu’elle est : c’est une
façon de parler symbolique, imagée, pour faire comprendre que l’homme et la
femme sont issus d’une même chair, autrement dit, qu’ils sont de même nature.
Et dans cette image, ce n’est pas
seulement la femme qui sort de l’homme, c’est-à-dire, qui a un lien fondamental
avec lui, mais la nature elle-même nous dit que l’homme lui aussi sort de la
femme : n’est-il pas engendré par une femme, sa mère ?
Malgré tout, certains se sont
basés sur ce texte de la Genèse pour prétendre que l’homme est supérieur à la
femme, car la Bible nous dit que c’est de sa côte qu’est sortie la femme. Ceci
est une grosse erreur d’interprétation.
Il n’y a pas là un 1° terme, l’homme, puis un second, inférieur, qui
serait la femme. En effet, les deux
forment un ensemble qui se complète, et où chacun ne peut rien sans l’autre, où
nul n’est supérieur à l’autre.
Quel est le 1° mot prononcé par l’homme, selon la Bible ? C’est le mot « femme » ; on l’a entendu dans la lecture. La Bible fait dire au 1° homme en effet : « La chair de ma chair, on l’appellera femme. » Et si le 1° mot, c’est « femme », cela peut signifier aussi une certaine prééminence de la femme par rapport à l’homme.
D’autre part, on a entendu deux
mots hébreux dans le texte : « Isha », qui signifie
« femme », et « Ish », qui signifie
« homme ». A ce propos, il est
significatif de savoir que si l’on place ensemble ces deux mots,
« Ish » et « Isha », cela signifie, en hébreu, « feu
divin ». Ceci est évocateur, non ?
En conséquence, chacun des
couples ici présents, saviez-vous qu’ensemble, unis l’un à l’autre, vous
représentez le feu divin ? La femme
est prise dans l’homme - c’est le
symbole de la côte - et l’homme est épris de la femme ; et
cette relation unique, trop souvent dévalorisée, galvaudée de nos jours, est
assimilée dans la Bible au feu divin !
D’où, et je termine par là, l’éminente dignité de l’amour entre l’homme et la femme, invités à rester unis à tout jamais et, comme le disent la dernière phrase de la Genèse ainsi que l’évangile, appelés à ne faire plus qu’un !
Puisse chaque couple vivre de ce feu divin, dans leur foyer ! Le foyer, ce mot si évocateur…
Et cela, éternellement ! Amen !
1 commentaires:
Merci, Olivier, pour cet éclairage qui nous permet de mieux comprendre et de mieux nous interroger sur ce passage de la Genèse. C'est vrai que cette "histoire de côte d'Adam" a fait couler beaucoup d'encre, que ce soit d'un point de vue "machiste" ou dans des discours revendicateurs "féministes" par exemple. Il est toujours bon de lire des explications et des lectures comme celle que tu nous offres là. C'est vrai que la Bible a un langage très symbolique et imagé. Il y a beaucoup à apprendre et à comprendre en profondeur, en deçà et au-delà des apparences de ce que l'on semble y lire.
Cette façon de nous présenter l'homme et la femme, façonnés de la même manière par le Dieu Créateur, deux êtres bien distincts et si proches aussi, jusqu'à pouvoir ne former qu'un, me rappelle un peu l'idée du Tao et le symbole qui lui est souvent attribué qui est celui du yin et du yang. Deux "entités", deux formes de Vie, deux couleurs qui sont si différentes (que l'on oppose même parfois), et qui pourtant se complètent aussi parfaitement, jusqu'à constituer un même ensemble indissociable, indétachable, inséparable.
Comment parler du Yin sans évoqué le Yang ?
Comment parler de la représentation de l'un sans parler de la représentation de l'autre ?
Comment parler de la Première Femme sans parler du Premier Homme ?
Comment parler des Humains sans parler de Tout ce qui les entoure ?
Comment parler de l'Existence et de la Création sans parler de Dieu (quel qu'Il soit et peu importe les croyances et religion de chacun)?
L'on peut lire un peu plus loin dans la Genèse (1,27) : "Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa ; mâle et femelle il les créa."
Ainsi commence l'Evangile de Jean (1,1-3): "Au commencement était le Verbe, et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu. Tout fut par lui, et rien de ce qui fut ne fut sans lui."
Que l'on soit né Homme ou Femme, Premier, Second ou Dernier, quelle importance autre que d'avoir été conçu(e) et créé(e) par des Hommes et des Femmes eux-mêmes et tous deux issus de la Vie créée par Dieu ?
Et cela, d'autant plus qu'il n'est pas rare de trouver dans la Bible des paroles qui chamboulent l'ordre "ordinaire" ou l'ordre "d'apparence" comme par exemple dans l'Evangile de Matthieu (20;16): "Ainsi les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers.".
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