Rien de nouveau malheureusement, au "doux pays de France", si l'on en juge à la façon dont les migrants Arméniens, douloureux prédécesseurs des migrants syriens, afghans ou autres d'aujourd'hui, chassés de chez eux pour les mêmes raisons, ont été bien mal accueillis, jadis,chez nous...
Pour mémoire, la réaction, publiée par "Médiapart", et aussi dans "La Croix" du 13-14 juillet, à l'occasion de notre fête nationale (?), de ce maire de Marseille qui voulait rejeter les Arméniens à la mer !!! Cela ne vous rappelle pas quelques tristes appels encore bien actuels ?
Toi, lecteur, qui te dis disciple de l'Evangile, de quel côté est-ce que tu te situes, et au nom de quoi ?
Si vous passez cet été au musée d’Histoire de la ville de Marseille... Visages impassibles. Photos d’identité, d’identités… « Cent portraits de l’exil » : tel est le titre de cette exposition. Cent instantanés pris à l’arrivée de ces rescapés du premier génocide du siècle. Cent parmi des milliers, des dizaines de milliers débarqués sur les quais de la Joliette, « cet Ellis Island marseillais », selon la formule de Thierry Fabre, fondateur des Rencontres d’Averroès. Arrivés avec âme et bagages de 1922 à 1926.
Nombre de rescapés du génocide lancé le 24 avril 1915 par les Jeunes-Turcs ont d’abord trouvé refuge dans la Cilicie sous mandat français avant que l’abandon de l’armée ne les contraigne à une nouvelle errance dont le terminus sera, pour des milliers d’entre eux, Marseille, la protectrice des exilés.
L’accueil y est pourtant glacial. En octobre 1923, le maire socialiste, Siméon Flaissières, écrit ceci au préfet des Bouches-du-Rhône :
« Depuis quelque temps se produit vers la France, par Marseille, un redoutable courant d’immigration des peuples d’Orient, notamment des Arméniens. Ces malheureux assurent qu’ils ont tout à redouter des Turcs. Au bénéfice de cette affirmation, hommes, femmes, enfants, au nombre de plus de 3 000, se sont déjà abattus sur les quais de notre grand port. Après l’Albano et le Caucase, d’autres navires vont suivre et l’on annonce que 40 000 de ces hôtes sont en route vers nous, ce qui revient à dire que la variole, le typhus et la peste se dirigent vers nous, s’ils n’y sont pas déjà en germes pullulants depuis l’arrivée des premiers de ces immigrants, dénués de tout, réfractaires aux mœurs occidentales, rebelles à toute mesure d’hygiène, immobilisés dans leur indolence résignée, passive, ancestrale. (…) La population de Marseille réclame du gouvernement qu’il interdise vigoureusement l’entrée des ports français à ces immigrés et qu’il rapatrie sans délai ces lamentables troupeaux humains, gros danger public pour le pays tout entier ».
Ces propos terribles furent publiés le 21 octobre 1923 dans le quotidien régional de Marseille, "Le Petit Provençal". Qui, dans la société, dans l'Eglise, s'est élevé alors contre une attitude aussi indigne de l'Evangile que de la prétention d'être le "pays des lumières" ?
Lorsqu’ils sortent pourtant du camp militaire désaffecté d’Oddo, les échappés de la mort planifiée se regroupent, en fonction de leurs villages d’origine, dans quelques quartiers : Saint-Antoine au nord, Saint-Loup ou Beaumont à l’est de la ville. Alors que les immigrés choisissent le centre-ville, près du port, eux préfèrent des quartiers périphériques, proches de la sortie, comme s’il fallait se préparer à partir de nouveau.
Cette histoire, et ces discours restent bien d'actualité, au mépris du Droit international ! Sans parler des devoirs de l'Evangile... Depuis 100 ans, n'a-t-on rien appris ?
Il est vrai que, comme le disait déjà l'historien grec Thucydide, "l'histoire est un perpétuel recommencement"...
"La Croix" de ce 21 juillet : "Cela fait plus de 20 ans qu'il y a des morts en Méditerranée. Au moins 1146 migrants sont morts en mer au cours du 1° semestre 2021, deux fois plus que l'an dernier." Cet article est à lire en entier.
Relisons l'Ecclésiaste :
- 1/9 : "Ce qui arrivera, c'est ce qui est déjà arrivé, il n'y a rien de neuf sous le soleil."
- 4/1-2 : "J'ai pensé de nouveau à tous ceux qu'on opprime sous le soleil. Voici les pleurs des opprimés, et nul ne les console ; il souffrent de la violence de leurs oppresseurs, et personne pour leur venir en aide...Tout cela est insensé !"
A méditer !
3 commentaires:
Merci de continuer à nous alerter sur ce drame concernant les immigrés. Heureusement les associations sont présentes, et courageuses pour agir autant qu'elles le peuvent.
Grâce à cela nous pouvons ne pas complètement douter de notre humanité! Mais l'indifférence règne majoritairement dans nos sociétés....et l'attitude de notre pays, ainsi que de bien d'autres, me scandalise toujours !
Bonjour mon Père,
Suivant la presse nationale (pas par la croix..) j'ai comme beaucoup certainement, été surpris du dernier Motu Proprio de notre St Père.
Il me semble qu'une ''explication de texte '' serait utile.
Après avoir lu (quand même) un article de LA CROIX qui expliquait cette réaction de Pape eu regard des ''dérives'' enregistrées ces derniers temps par des tradis (purs et durs..), ainsi que certains autres commentaires comme celui d'aujourd'hui (dans le figaro) de Mgr JP BATUT évèque de BLOiS, ou même celui de M ONFRAY se faisant ''l'honneur'' d'être athée, heureusement le ridicule ne tue pas..
Ne s'agit-il pas tout simplement d'une ''tempête dans un verre d'eau''
ou est-ce plus grave ? et quelles peuvent être les conséquences dans nos communautés ?
Avec mon plus profond respect.
DT
Merci Denis pour votre commentaire, tout à fait pertinent.
Vous abordez une question à l'ordre du jour en effet, et j'avais envie de l'aborder dans mon homélie de ce dimanche.
Mais j'ai donné priorité à une réflexion autour de l'évangile du jour.
Peut-être ai-je eu tort ...
En tout cas, la réaction du pape François n'est pas gratuite.
Nombre d'évêques, et peut-être plus encore aux USA qu'en France, lui ont remonté leurs inquiétudes par rapport aux réactions des communautés tradi, qui rejettent Vatican II (l'oecuménisme, la liberté religieuse...), qui ne s'intéressent en rien à la vie des diocèses dans lesquelles elles se situent, sont très critiques par rapport au style ouvert du pape François ; communautés dont les prêtres refusent trop souvent de concélébrer avec les prêtres des diocèses, ne reconnaissent pas bien la valeur de la liturgie, deviennent de plus en plus des Eglises parallèles, etc...
Cette situation est relativement grave, car se dessinent deux Eglises parallèles , qui vivent une absence regrettable d'enrichissement réciproque. Quel contre-témoignage, face à la société ! Le pape a sans doute eu raison de tirer le signal d'alarme. Souhaitons qu'un vrai dialogue puisse s'engager entre l'Eglise universelle et ces petites communautés, qui vivent en marge d'elle et s'en éloignent gravement.
Or, St Thomas d'Aquin disait : "Il vaut mieux boiter sur le chemin, que marcher à grands pas hors du chemin !"
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