16° dimanche B - St Hilaire de Talmont et Longeville - 16-17 juillet 2021
S’il est un évangile qui soit adapté à la période de vacances que nous vivons, c’est bien celui-ci ! Au terme de la première mission qu’il avait confiée à ses disciples, Jésus les sentant fatigués, et l’évangéliste Marc précise même qu’ «ils n’avaient pas le temps de manger », Jésus donc leur propose de s’arrêter, pour prendre le temps de souffler : « Venez à l’écart, et reposez-vous un peu. »
Vous avez entendu ? Ces pauvres apôtres, ils n’avaient même pas le temps de manger ! N’y a-t-il pas là le symbole de ce dont tous, nous faisons la dure expérience durant les onze mois de l’année dont nous venons de sortir ? Pas le temps de souffler, pas le temps de voir les amis, pas le temps de bien s’occuper des enfants, ni le temps d’aller voir la vieille tante en Ehpad. Pas le temps non plus de prier, d’aller à la messe, ni de réfléchir à notre vie. Mais est-ce que c’est cela, vivre ? Est-ce que, avec un rythme aussi effréné, nous ne sommes pas en train de gâcher notre existence, tout en nous préparant sans le vouloir à faire peut-être un AVC ? Le célèbre joueur de tennis des années 30, Jean Borotra, nous avait pourtant mis en garde : «Le problème n’est pas d’ajouter des années à la vie, mais de la vie aux années. »
Aujourd’hui en tout cas, à travers cette scène d’évangile, pour nous, et pas seulement pour ses apôtres, Jésus tire le signal d’alarme, et il insiste : « Venez à l’écart, et reposez-vous ! » Ce qui signifie que, prendre le temps de se reposer, ce n’est pas seulement une petite décision que nous avons prise en décidant de rejoindre la côte vendéenne ; bien plus que cela, prendre du temps pour soi, c’est répondre à un appel, et même, à un commandement de Jésus. Comme cela nous était rappelé dans la première lecture, le bon berger en effet prend soin de la santé de ses brebis. Et il lui déplaît souverainement de voir trop de ses enfants ne pas prendre le temps de se reposer, pour, au bout du rouleau, risquer de faire un burn-out. Surtout qu’en plus, comme vous le savez, selon le dicton, « celui qui ne se repose pas fatigue les autres ! » C’est pas vrai, ça ?
Mardi, nous avons eu la tristesse d’enterrer un prêtre vendéen, à Chaillé-les-Marais, 74 ans, à un an de la retraite, qui est à 75 ans pour les prêtres. Originaire de St Etienne du Bois, Louis, en poste en Charente-Maritime, s’est littéralement tué à la tâche. Et dire que l’on entend encore trop souvent des personnes, non chrétiennes j’espère, insinuer que les prêtres n’en fichent pas lourd… Louis était un prêtre H 24, toujours sur la brèche, passionné par son ministère. Il ne s’accordait guère de plages de repos ; mais peut-on le lui reprocher ? Surtout que son cœur était en permanence ouvert à toutes les détresses.
Il est vrai que, comme le disait Nelson Mandela : « Tant que la pauvreté, l’injustice, les inégalités flagrantes persistent dans notre monde, aucun de nous ne peut vraiment se reposer ! » C’est sans doute vrai ; mais Mandela, lui, était trop fort ! Quant à nous, il nous faut être conscients de nos limites, comme le rappelait le pape Benoît XVI lors d’une rencontre avec des prêtres, et sa remarques est valable aussi pour chaque chrétien : « Trouvez l’humilité et le courage de vous reposer. » D’autant plus que des parents fatigués par exemple, pour des enfants en attente, c’est une catastrophe !
Notre devoir de vacances de
chrétiens donc, c’est un devoir de repos, mais pas n’importe quel repos ;
un repos d’ordre spirituel, qui consiste à fuir le bruit quand il est
destructeur, éviter les agitations stériles, les bavardages pessimistes et les
paroles blessantes. Attention : il
ne s’agit pas de mener une vie de moines en-dehors du monde, ni de fuir la
fête ; mais de préserver le repos
de notre âme et notre vie intérieure : goûter le temps qui passe, tenter
de vivre au ralenti, savourer l’instant présent, positiver même si la météo
n’est pas bonne, prendre du recul, savoir décrocher de notre portable, renouveler
notre élan vital, savourer le bonheur d’exister, contempler sans nous lasser,
dans un silence émerveillé, l’océan, le ciel et cette nature superbe qui nous
accueille en son sein……Et si nous sommes des personnes âgées, réjouissons-nous tout simplemnt du jour que Dieu nous donne !
L’on dit que l’âme rajeunit en été ; encore faut-il lui en donner les moyens ! Je trouve la réflexion suivante de Gandhi fort éclairante : « Il faut apprendre à rester serein au milieu de l’activité, et à être vibrant de Vie au repos. » Le mot « Vie » étant à lire avec un grand V ! Les vacances nous donnent cette chance : quitter nos mauvaises habitudes. Par exemple, regarder nos proches d’un autre œil, mieux repérer les richesses de leurs personnalités, et non plus seulement leurs défauts, engager avec eux un autre type de dialogue. Et pourquoi pas, savoir pardonner… Quel fin psychologue, ce Victor Hugo, quand il fait, à propos du pardon, cette remarque pleine de sagesse : « Le pardon, quel repos ! » Eh oui, quand on pardonne, l’on est tellement soulagé en effet ! Et l’on peut enfin souffler !
Une autre chose à ne pas oublier, c’est que le repos, en étions-nous conscients, c’est un don de Dieu. Jeudi dernier, la liturgie nous donnait à méditer ce texte de l’évangile de St Matthieu (11/28-30) : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » Et Jésus de poursuivre, en insistant fortement ! « Devenez mes disciples, et vous trouverez le repos pour votre âme. » Le message est clair : le contact avec le Christ est l’un des moyens les plus sûrs de trouver le vrai repos. Même si prendre une bonne bière en terrasse avec des amis, ou faire une sieste méritée, cela ne nuit pas, ce ne peut être là la source d’un repos parfait.
Comme l’avait si justement perçu le poète Arthur Rimbaud : « La vraie vie est ailleurs. » Et cela, en tant que chrétiens, il ne nous faut pas l’oublier. Et nous sommes venus participer à cette messe pour nous en souvenir. La vraie vie en effet, elle est du côté du Christ. Question : comment, pendant ces vacances, allons-nous vivre notre relation avec le bon pasteur source du vrai repos ? A chacun d’inventer son petit rituel : le matin en se levant, remercier Dieu pour ce temps de congé ; dans la journée, s’asseoir dans la nature, seul, ou peut-être aussi en famille, et louer Dieu pour ce que l’on admire dans sa création ; se donner un petit moment de silence pour laisser Dieu me reconstruire de l’intérieur, etc… En un mot, restaurer notre cathédrale intérieure. Et si on essayait ?
En terminant, je vous propose de vous unir de cœur à la prière d’un laïc, Jean-Pierre Dubois-Dumée, que je vous partage à présent :
Seigneur, maître du temps, fais que je sois toujours prêt à te donner le temps que tu m’as donné.
Seigneur, maître du temps, aide-moi à trouver chaque jour le temps de te rencontrer, le temps d’écouter les autres, le temps d’admirer et le temps de respirer ; le temps de me taire et le temps de m’arrêter ; le temps de sourire et le temps de remercier ; le temps de réfléchir et le temps de pardonner ; le temps d’aimer et le temps de prier.
Seigneur, maître du temps, je te donne toutes les heures de cette journée, et tous les jours de ma vie ; jusqu’au moment où j’aurai fini mon temps sur la terre.
« Tu es mon berger ô Seigneur, rien ne saurait manquer où tu me conduis. »
Amen !
1 commentaires:
Belle prière de conclusion.
A méditer !
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