Suite au récent voyage pastoral du pape François en Irak, durant lequel il a donné une place importante à sa rencontre avec un grand responsable musulman, l'ayatollah Al Sistani, des catholiques se sont émus, et on peut les comprendre. Témoin ce message reçu il y a quelque temps de la part d'Adrien, un ancien paroissien, fidèle de ce blog ; message dans lequel beaucoup se retrouveront :
"Je m'interroge sur la liberté de religion dans certains pays musulmans qui me paraissent fondamentalistes et qui n'appliquent pas la réciprocité.
Ces pays tolèreraient-ils la construction d'églises catholiques et le non respect de leur mode de vie, comme le fait la France pour la construction de mosquées.
Je tenais à vous faire part de mes réflexions.
Qu'en pensez-vous ?"
Adrien a raison ! Comme l'a souligné le Cardinal Scola, archevêque de Milan jusqu'en 2017, "nous devons demander aux pays d'islam de tout faire pour respecter la liberté de chaque croyant qui vit et travaille sur leur sol, de donner à chacun les moyens d'exercer sa liberté. Mais je ne veux pas exiger à tout prix la réciprocité. Il y a une part de don gratuit, dans la foi chrétienne, qui peut être de nature à toucher le coeur de l'autre."
Souvenons-nous aussi de ce qu'écrivait le philosophe Alain : "Fais ce que tu dois et n'attends jamais rien en retour. Si quelque chose vient, accueille-le comme un cadeau." Alain avait raison : attendre la réciprocité, ce n'est pas faire un cadeau, c'est faire du commerce...
En fait, on se situe alors plutôt dans la logique des religions païennes. La logique humaine en effet, autour de nous, c'est : "do, ut des", "je te donne, pour que tu me rendes." La logique du Christ, on le rappelle en ces jours saints, c'est de donner sa vie, non seulement à celui qui ne rendra rien, mais même et surtout à celui qui ne la mérite en rien. Au lieu d'aimer un autrui aimable, Jésus meurt pour celui qui ne l'aime pas et ne l'aimera peut-être jamais en retour !
Le philosophe Emmanuel Lévinas posait ce problème : si je rends service à quelqu'un, celui-ci me doit-il quelque chose en retour ? Et Lévinas de répondre catégoriquement : "La réciproque, c'est son affaire." On est loin du donnant-donnant.
Réaction du cardinal Fitzgerald, Père blanc, qui a consacré sa vie au dialogue avec les musulmans : "Nous ne pouvons pas présenter des exigences : une mosquée contre une église, mais faire connaître notre attente. La gratuité est capitale : elle interroge l'autre."
Laissons la conclusion à saint Bernard : "La mesure d'aimer, c'est d'aimer sans mesure." J'aime mon prochain non pas parce qu'il m'aime, mais pour qu'il aime ; et non pas moi, mais Dieu !
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Prochain billet jeudi
1 commentaires:
Merci Adrien ! Merci père Olivier ! On ne peut pas mieux dire !
bernardt
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