A propos des débats en discussion aujourd'hui au sein de notre société, comme celui autour du "séparatisme", il semble que la valeur-refuge se trouve résumée dans une attitude de "tolérance", plutôt que par un appel à plus de Fraternité ! Que faut-il en penser ?
Je suis toujours perplexe lorsque j'entends dire, au cours d'un échange, que les choses iraient bien mieux sur cette terre s'il y avait davantage de tolérance ; dans cette perspective, il faudrait que l'on se tolère, que l'on s'accepte davantage, entre chrétiens et musulmans par exemple, entre militants de gauche et partisans de la droite, entre catholiques d'ouverture et catholiques identitaires (plutôt tournés vers le passé) ; au sein des familles aussi, entre les uns et les autres, lorsque l'on campe parfois sur des positions diamétralement opposées...
Plus de tolérance, pourquoi pas ? Si cela peut permettre d'éviter de se taper dessus, c'est évidemment un progrès. Gandhi disait : "La tolérance vaut mieux que l'indifférence." Le ghanéen Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations Unies, prix Nobel, fort de son expérience, disait de son côté : "La tolérance est une vertu qui rend la paix possible."
Tout cela est vrai, et digne d'être respecté ! Cependant, Mark Twain faisait remarquer ceci : "Il y a des gens qui, à propos de certains problèmes, font preuve d'une grande tolérance ; mais c'est souvent parce qu'ils s'en foutent..." Sans parler de Claudel déclarant : "La tolérance, il y a des maisons pour ça !" Et le marquis de Sade d'en rajouter : "La tolérance est la vertu des faibles." C'est-à-dire que l'on est tolérant quand on n'ose pas critiquer de front les attitudes ou les arguments de la personne d'en face...
Ce débat à propos de la tolérance me passionne particulièrement. Et je glane, depouis plusieurs années, toutes les citations possibles sur ce thème. Mais, sur ce sujet brûlant, les choses ne me semblent pas faciles à cerner. L'écrivain Erich Maria Remarque souligne que, selon lui, "La tolérance est la fille du doute." Je ne comprends pas qui tu es, ni ce à quoi tu crois, mais, dans le doute, je te tolère..." On entend dire aussi : "Les musulmans arrivent de plus en plus nombreux en France ; on ne les apprécie pas trop, mais, faute de mieux, on les tolère..."
Citons alors André Comte-Sponville : "Il y a mieux que la tolérance, c'est le respect !" A partir de cette réflexion, vous voyez où je veux en venir ! Si l'on s'arrête à la tolérance, on est loin d'avoir assumé notre rôle d'amour fraternel envers notre prochain. Goethe confirme ce fait : "La tolérance ne devrait être qu'un état transitoire. Elle doit mener au respect. " Et en conséquence, il va plus loin : "Tolérer, c'est offenser !"
Eric-Emmanuel Schmitt, l'un des écrivains français les plus lus dans le monde, récemment converti au christianisme, fait remarquer ceci : "En Europe, les intellectuels tolèrent la foi, mais la méprisent." Réflexion du philosophe Vladimir Jankélévitch : "La tolérance est un mouvement provisoire. Elle permet à ceux qui ne s'aiment pas de se supporter mutuellement, en attendant de pouvoir s'aimer."
Parler de tolérance, cela peut-il suffire ? L'objectif n'est-il pas d'aller au-delà ? Vos commentaires là-dessus seraient les bienvenus ! Merci !
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Méditons le "Notre Père" avec le groupe "Glorious" de Lyon
5 commentaires:
Pour moi la tolérance c'est avant tout d'admettre la différence. Dans le domaine de la communication, c'est le fruit d'une écoute attentive de l'autre afin de bien le comprendre, libre ensuite lorsque c'est possible...de lui fournir un avis personnel ou non.
Accepter l'autre comme égal à nous mêmes, avec les mêmes droits, la même dignité, la même importance en tant qu'être humain, nous aide à une vraie connaissance de l'autre.
Entrer en relation avec l'autre devient possible au-delà de la tolérance, par le respect, l'amour fraternel.
Chacun a une tendance naturelle de considérer qu'il a la vérité. Or, chaque personne a son propre point de vue, sa personnalité, son éducation, sa culture etc.
Apprendre d'abord à connaitre les autres : les écouter, s'intéresser à leur mode de vie, leur projet, leur croyance,... sont des moyens pour mieux se comprendre, accepter les différences, et instaurer un possible dialogue.
La tolérance doit nous conduire au respect, à l'amour, à la reconnaissance. Ces exigences nous guident dans des relations vraies, paisibles et fraternelles.
le 16 novembre 1995, l’UNESCO a adopté une Déclaration de principes sur la tolérance. Elle affirme notamment que la tolérance n’est ni complaisance ni indifférence.
« C’est le respect et l’appréciation de la richesse et de la diversité des cultures de notre monde, de nos modes d’expression et de nos manières d’exprimer notre qualité d’êtres humains.
La tolérance est la reconnaissance des droits universels de la personne humaine et des libertés fondamentales d’autrui. Les peuples se caractérisent naturellement par leur diversité; seule la tolérance peut assurer la survie de communautés mixtes dans chaque région du globe.
L’éducation à la tolérance doit viser à contrecarrer les influences qui conduisent à la peur et à l’exclusion de l’autre, et doit aider les jeunes à développer leur capacité d’exercer un jugement autonome, de mener une réflexion critique et de raisonner en termes éthiques. La diversité des nombreuses religions, langues, cultures et caractéristiques ethniques qui existent sur notre planète ne doit pas être un prétexte à conflit; elle est au contraire un trésor qui nous enrichit tous. »
En conclusion je crois en l'éducation à la Tolérance, c'est encourager la capacité d’un individu à accepter une chose avec laquelle il n’est pas en accord ou différent de ses valeurs.
C'est un chemin qui encourage la fraternité.
Rollane Godet
Merci Olivier pour cette Arche de Noé !
En ces temps enfermés, la lecture de "tes lettres" ouvrent les horizons de la pensée et amènent à un recentrage plus intérieur.
Bien amicalement
Rollane Godet
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