Si vous cherchez un endroit pour vivre un bon temps de récollection, je n'ai rien contre le centre spirituel de Chaillé-les-Marais ou autres lieux semblables, mais à la Salette, dans un cadre montagneux absolument somptueux, vous comprendrez la différence !
Cette année, j'ai donc fait le choix de vivre ma retraite annuelle début-septembre, durant une petite semaine, en ce haut-lieu marial, dans le département de l'Isère, au sud de Grenoble, à 1 800 m. d'altitude, sous un soleil rayonnant. Coût minime de la pension, repas en self, liberté totale. Malheureusement, bien peu de pèlerins en ce moment, pas de cars, vu la Covid...
Les Pères et les Soeurs de la Salette assurent au besoin un excellent accompagnement. Chaque jour bien sûr, messes, temps de prière, offices du bréviaire chantés, possibilité d'échanges autour du message de la Vierge, procession aux flambeaux chaque soir, dans la montagne proche, sous les étoiles. Mais aussi, possibilité de se recueillir en chantant la beauté de la création tout en randonnant au long des superbes sentiers environnants.
Pour aider à y en savoir un peu plus à propos de ce lieu, je vous joins un article de Laurence Monroe, tiré du journal "La Croix".
"Entre Gap et Grenoble, une vallée en cul de sac. Des alpages escarpés la surplombent. Plus un arbre. L'air est léger, le souffle plus court, la lumière forte. Dans cette montagne austère aux allures imprenables, La Salette se découvre, dans un repli de la pente, sanctuaire à taille humaine. « Comme une base lunaire », dit une jeune fille, qui l'a découvert en passant le col après deux jours de marche. Malgré sa surdité, elle partage l'enthousiasme de son groupe de copains. But de balade ? Curiosité ? Démarche de foi ? Un peu de tout cela.
Chacun est frappé par la sereine légèreté du lieu, la qualité de l'accueil, et sa sobriété. Ici, point de « marchands du temple ». Dans les coulisses, une centaine de jeunes de toutes nationalités sont venus donner de leur temps, pour faire tourner l'hôtellerie de 650 lits et vivre rencontres cosmopolites et approfondissement. Nathalie et Catalina, venues d'Espagne, en sont à leur septième séjour. Ravies de « travailler pour autre chose que de l'argent ». En fin de mois, le P. Hervé Bougeart raconte qu'il éponge les larmes de ces jeunes quand ils repartent ! Rien à faire, l'endroit rend sentimental.
Ressourcer l'engagement
Le lieu est familial. Des têtes blanches ont emmené leurs chères têtes blondes à la faveur d'une première communion. Et les enfants s'émeuvent des larmes de Marie, qui leur devient si humaine et proche. Alors il lui parlent, tout simplement. Et quand on leur raconte le « message », ils font facilement le lien avec leur vie.
Marie et Liliane vont boire à la source, heureuses d'avoir été incitées par leur grand-mère à se confesser. Elles comprennent que c'est à elles de « devenir des cadeaux pour les autres », que le vrai miracle, c'est le coeur de chacun. Les adolescents aussi ont désormais leurs rendez-vous. Ils arrivent avec leurs questions, participent aux carrefours, parlent librement de leur foi, pour la première fois peut-être...
« Secouez-vous ! »
C'est avec un coeur d'enfant que viennent ici ces foules fidèles et sentimentales. De culture chrétienne traditionnelle, d'origine rurale, venues en famille ou en pèlerinage diocésain. Tous ont toujours entendu parler de La Salette et affectionnent le lieu. Leur foi est simple. Mais ils sont déroutés : « Nos jeunes ne croient plus. »
En commentant le message de La Salette, ils tentent d'évangéliser cette démarche, de convertir ces gémissements. Le merveilleux de l'apparition, loin d'éloigner du quotidien, y renvoie.
Le message de La Salette ne manque pas de vigueur, au point que souvent, il choque. « Il n'est pas tendre, il est même rude ! », dit Jocelyne. A beaucoup, il semble « plus sévère que celui de Lourdes ». Ce qu'un jeune traduit avec ses mots : « Secouez-vous, bougez-vous ! ».
Tout le travail pastoral des Missionnaires de La Salette qui vivent ici, à la source du message, c'est de le traduire pour aujourd'hui. Loin d'être culpabilisant, le message devient une provocation à agir. « S'ils se convertissent, avait dit la Vierge, les pierres deviendront des monceaux de blé. » L'écho biblique est saisissant.
Le thème de cette année, « Donner ses chances à l'espérance », oriente cette pastorale. Les larmes de la Vierge ? Elles restent à sécher comme est à soulager ce Christ qui « en a trop sur les bras ».
Le besoin de dialogue
Les pèlerins du diocèse d'Annecy achèvent, le visage transformé, leurs trois jours ici. « Qui est ce Dieu qu'on peut si fort blesser en blessant l'homme ? ». Les cadettes du groupe, deux filles de la JOC, repartent avec cette parole de la Vierge : « Avancez, n'ayez pas peur ! ». Dans leur équipe JOC, tous les autres sont au chômage, expliquent-elles...
Il faut aussi résister à la demande « d'inflation eucharistique ». Certains groupes égrènent une demi-douzaine de sanctuaires mariaux à la hâte, une heure par-ci, une heure par là. L'eucharistie doit être le sommet de la démarche, insiste l'un des Pères, et se nourrir d'une relecture de la vie. Les Pères invitent à demeurer ici, à dialoguer. Ils sont frappés de l'immense besoin de parler. « Il y a beaucoup de souffrances dans l'Eglise. Les gens viennent l'exprimer ici », note tel Père qui cite les divorcés-remariés, les problèmes autour de l'avortement...
La basilique sobre aux voûtes grises et blanches est désormais placée sous le regard d'un somptueux Christ Pantocrator d'Arcabas, artiste contemporain. Le dernier soir, on se passe la lumière de loupiote en loupiote, pour la procession aux flambeaux, si attendue. En car, en famille, ou à pied, chacun reprend sa route le coeur et la mémoire emplis de ces échanges, médités en arpentant le mont Gargas qui domine le sanctuaire, de ce recueillement, de ces tête à tête avec la Vierge, dérobés au petit matin.
Les mots de la Vierge en larmes
La Vierge, à La Salette, est apparue à deux
petits bergers dans un « globe de feu », vêtue à la paysanne, couronnée
de roses, portant les outils de la Passion, parlant leur propre
langage. Elle s'est située en « fille d'Israël », dans la tradition des
Prophètes et, en larmes, a invité ceux qui l'aiment à suivre son Fils.
Consciente des dures réalités de l'époque (famines, guerres, etc.), elle
appelle, avec insistance, à la conversion, en proposant des repères :
la prière, la messe dominicale, le Carême. Peu de miracles, plutôt des conversions."
A titre indicatif, car ce pèlerinage est peu connu, il est intéressant de signaler que nombre des saints, de pasteurs, d'écrivains ou autres ont été marqués par le message de la Salette ; par exemple, Don Bosco, le curé d'Ars, le Père Eymard, Mgr Dupanloup, Louis Veuillot, Paul Verlaine, Léon Bloy, Joris-Karl Huysmans, Jacques et Raïssa Maritain, Ernest Psichari, Paul Claudel, Charles Péguy, Georges Bernanos, François Mauriac, Stanislas Fumet, Louis Massignon, Robert Schumann, le cardinal Martini, le peintre Arcabas...
Il faut noter que la dimension missionnaire est
très présente dans ce message. D'ailleurs, il en est né deux congrégations missionnaires : les Missionnaires de la Salette, qui sont 950, présents dans 32 pays, et dont le supérieur général est italien ; et les Soeurs de la Salette, qui sont 230, originaires d'un certain nombre de nations également, et présentes dans 11 pays.
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