Suite à la publication par "Charlie Hebdo", en 2006, de caricatures ridiculisant le prophète de l'Islam, cher à un milliard huit cent millions de croyants musulmans dans le monde, des terroristes ont fait douze morts à la rédaction de ce journal en janvier 2015. Soulignons cependant que les trois terribles attentats, perpétrés du 5 au 7 janvier à Paris et à Montrouge, l'ont été non pas au nom de l'Islam directement, mais sous la mouvance d'une organisation terroriste, instrumentalisant l'Islam et dénommée "Al Quaïda dans la péninsule arabique".
Mais la soit-disant religion, dévoyée, de ces meurtriers, a-t-elle encore quelque chose à voir avec l'Islam ? Ecoutons Albert Camus : "L'honnêteté consiste à juger une doctrine par ses sommets, et non par ses sous-produits."
Nombre de personnes ont été surprises par la violence de ces crimes, d'une barbarie inouïe. Et pourtant..., comme l'a bien dit l'écrivain Georges Orwell, l'auteur célèbre de "1984" : "Les conséquences d'un acte sont inclues dans l'acte lui-même." Autrement dit, face à ces caricatures éhontées, et de plus sans grande valeur artistique et encore moins culturelle, du prophète Mohammed, sauf à être naïf, on ne pouvait être surpris des conséquences tragiques que des dessins aussi offensants risquaient d'entraîner !
Mais un certain nombre de nos concitoyens, y compris les dessinateurs actuels de "Charlie", ne voient pas les choses ainsi et, nonobstant ce qu'ils ont vécu, récidivent en publiant à nouveau ces diaboliques caricatures, au nom de la liberté d'expression. Ils sont d'ailleurs soutenus par le chef de l'Etat, qui a déclaré : "Sur la critique de la religion, la loi est claire. Nous avons droit au blasphème, à critiquer, à caricaturer les religions. C'est notre trésor. Ce qui est interdit, c'est l'appel à la haine, l'atteinte à la dignité."
Là, j'avoue que je ne comprends plus ! N'a-t-on pas réalisé combien ces dessins, même de mauvaise qualité, à travers une expression empreinte de haine, représentaient une atteinte à la dignité du prophète et de l'ensemble des musulmans ? N'a-t-on pas compris le message des Kant, de Jean-Jacques Rousseau comme de Jean-Paul Sartre déclarant : "Ma liberté s'arrête là où commence celle des autres" ? Pourquoi agiter de nouveau le chiffon rouge du mépris et de la haine ? Pour faire le buzz et s'assurer de bonnes ventes, sous prétexte de défendre la liberté d'expression, qu'est-ce qu'on ne ferait pas ? Si même le chef de l'Etat ne comprend pas cela, qu'en sera-t-il de la construction de la fraternité dans notre pays ?
- Paul Claudel : "Ne pas rajouter de l'ombre à l'ombre qui existe déjà dans le monde."
- Confucius : "L'invective ne déshonore que son auteur."
- Alphonse Daudet : "La haine est la colère des faibles."
Puisse E. Macron relire d'un peu plus près ses classiques, afin d'avancer en sagesse ! Je ne crois pas que le philosophe Paul Ricoeur, dont E. Macron se prétend avoir été le disciple, aurait admis sa conception un peu contradictoire de la liberté citée ci-dessus !!!
Et puissent les journalistes de "Charlie" prendre du temps afin de faire le point sur leur conception de la fraternité ; lucide et percutante, oui ; mais réelle et ouverte, dans notre pays comme dans le monde entier !
mercredi 2 septembre 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2453 : "Charlie Hebdo", ou le naufrage de la Fraternité !
Publié par
Olivier Gaignet
à
20:06
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3 commentaires:
Merci Père Olivier de souligner l'atteinte à la dignité lorsque la caricature va trop loin. Dans l'émission, C'est Canteloup, fut un temps, il en était de même où le respect n'existait plus et c'est le cas de bien d'autres plaisanteries où d'ailleurs vous étiez intervenu en conseillant de toujours chercher l'origine des blagues et d'avoir du discernement.
il est certain que celui qui offense sans mesure doit s'attendre à en payer les conséquences.
Marie
Effectivement, Jennifer, il ne peut y avoir d'excuse à une telle tuerie.
Je l'ai précisé au début de ce billet n° 2453, en parlant de "la violence de ces crimes, d'une barbarie inouïe".
Merci Olivier, de nous faire partager ton regard sur la nouvelle publication de ces dessins.
Je comprends ce sentiment de blasphème, "d'attaque", "d'agressivité" et/ou de "moquerie" à l'égard de nos frères musulmans.
Il ne faut pas perdre de vue non plus que Charlie Hebdo a pour coutume de "charrier" tout et n'importe quoi ; c'est un journal satirique.
Je comprends qu'une représentation de Dieu dans la religion islamique ne soit pas "envisageable".
Est-ce là simplement de la "méchanceté" ? ou de l'ignorance ?
Le sujet de la liberté de la presse et d'expression est tellement vaste, houleux et bien souvent source de conflits en France.
Je me demande parfois si nous nous rendons compte de la "chance" que nous avons de pouvoir faire entendre nos voix.
Je pense que pour agir comme cela, les membres de "Charlie Hebdo" ont probablement perdu en partie, pour la plupart d'entre eux, ou en totalité, la Foi en Dieu et en l'Homme.
Plutôt que d'essayer de comprendre ce qu'il aurait été bon ou juste de dire et faire, ou de ne pas dire et ne pas faire, je vais me contenter de prier pour eux, pour qu'ils soient en paix et qu'il retrouve le chemin, comme tu le dis si bien Olivier, du Coeur et de la Fraternité, un chemin plus proche de Dieu (toutes religions confondues). Je prierai aussi bien sûr pour tous les Musulmans qui ont pu se sentir offensés.
En lisant tout cela, je ne peux m'empêcher de penser à cette phrase si célèbre de l'Evangile : "Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font." (Luc, 23:34)
Le contexte n'est certes pas le même et les faits sont également différents mais c'est de cette façon dont il me vient l'élan de prier, en demandant tout simplement PARDON pour tout cela, pour ce qui a été comme pour ce qui est aujourd'hui encore d'actualité.
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