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Vous avez des choses à dire...
Vous vous posez des questions, pour donner un sens à votre vie...
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...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



vendredi 22 mai 2020

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2378 : "Nous n'avons pas le droit d'utiliser Dieu comme "bouche-trou" !" (pasteur Dietrich Bonhoeffer)

Vous savez qu'une des principales critiques de nombre de nos contemporains face à la croyance en un Dieu, c'est que, quand on souffre, l'idée d'un Dieu consolateur, cela fait du bien au coeur, même si c'est tout à fait une illusion : Dieu est alors considéré un peu comme comme une béquille, qu'on s'invente ; on s'appuie sur lui, pour recevoir des consolations ; et l'on s'imagine qu'un jour, au ciel, on le trouvera enfin, ce bonheur que l'on aura bien mérité, grâce à nos souffrances ici-bas et à nos prières !  C'est ce que Freud appelait : "le besoin infantile de Dieu."  Marx disait quant à lui : "Dans notre vallée de larmes, la religion, c'est l'opium du peuple." (= un palliatif qui aide à accepter les difficultés)

Si j'aborde cette question, c'est que, durant ce temps de pandémie, j'ai entendu des personnes dire : "Ah ! Heureusement qu'on est croyants car, avec tout ce qui arrive, comment on ferait pour vivre et garder espoir si on n'avait pas la foi ?"

J'ai également repéré, dans tel ou tel article, des réflexions expliquant que, si la foi se perd et si les églises se vident, c'est bien parce que les gens, "devenus adultes", n'ont plus besoin d'un Dieu pour expliquer le monde et les réalités terrestres, ni quand ça va mal, pour nous consoler.

 D'où l'étonnement de certains, quand ce n'était pas de l'ironie, quand on a vu quelques curés de paroisse, y compris en Vendée, monter dans leur clocher pour, du haut du ciel, remettre tout leur territoire paroissial dans la main du Seigneur et, pourquoi pas, faire fuir la pandémie hors de ces lieux ? S'en sont suivies des interpellations du genre : "Pourquoi tout ce spectacle ?  Vous croyez vraiment que Dieu va comme ça arrêter la pandémie ?"

Ces réactions ont au moins l'avantage de nous rappeler le vrai sens de la prière : on ne prie pas pour faire changer Dieu d'avis, pour le "domestiquer", pour le mettre à notre service, ni pour lui rappeler ce qu'il devrait faire pour nous :
-  comme l'a si bien enseigné St Augustin : "nous ne prions pas Dieu pour l'instruire, mais pour nous construire."
quant à la forme, la façon de prier, Gandhi nous apprend que "la meilleure arme, c'est la prière silencieuse."  Ou disons, si l'on préfère, celle qui ne s'impose pas par le bruit ou l'éclat ; ni par des dorures ou dans l'exhibitionnisme : "Jésus s'en alla dans la montagne pour prier." (Luc 6/12)

Nos amis Juifs sont affrontés aux mêmes objections. Comme l'écrit Pauline Bebe, femme rabbin : "pour certains, la religion est là pour les faibles. On entend par exemple : "Je considère votre synagogue comme un hôpital. Je suis content d'être suffisamment équilibré pour ne pas en avoir besoin."

Voici comment le théologien protestant Dietrich Bonhoeffer, pendu sur ordre d'Hitler, pour cause de résistance au nazisme, le 9 avril 1945 au camp de concentration de Flossenbürg, envisageait cette question ; dans des formules à la fois percutantes et énigmatiques, à lire et relire et à méditer :

Le monde a appris à venir à bout de toutes les questions importantes sans faire appel à "l'hypothèse Dieu".

Les gens religieux parlent de Dieu quand les connaissances humaines (quelquefois par paresse) se heurtent à leurs limites, ou quand les forces humaines font défaut ; ou bien pour le faire intervenir comme la force capable de subvenir à l'impuissance humaine ; bref, ils exploitent toujours la faiblesse et les limites des hommes.

Mais il m'est apparu que nous n'avons pas le droit d'utiliser Dieu comme bouche-trou.

Bonhoeffer a toujours refusé que le christianisme soir réduit à être une religion pour les faibles ou les personnes en difficulté ; mais il envisage la souffrance humaine comme une participation à la souffrance du Christ en croix : Il y a une faiblesse qui n'appartient pas au christianisme ; mais les chrétiens se tiennent près de Dieu dans sa souffrance.

Bonhoeffer met en garde ceux qui essaieraient de "prouver à ce monde devenu majeur qu'il ne peut pas vivre sans le tuteur "Dieu" : je voudrais arriver à ce que Dieu ne soit pas introduit en fraude, par un biais habilement dissimulé, mais qu'on reconnaisse tout simplement le caractère adulte du monde et de l'homme. 

En devenant majeurs, nous sommes amenés à reconnaître de façon plus vraie notre situation devant Dieu.  Dieu nous fait savoir qu'il nous faut vivre comme des êtres qui parviennent à vivre sans Dieu.  Le Dieu qui est avec nous est celui qui nous abandonne ; "mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?" (Marc 15/34)   (cf aussi le départ de Jésus lors de l'Ascension...)

L'évolution du monde vers l'âge adulte, faisant table rase d'une fausse représentation de Dieu, libère le regard de l'homme pour le diriger vers le Dieu de la Bible, qui acquiert sa puissance et sa place dans le monde par son impuissance.

Il nous faut apprendre à vivre dans le monde, non pas comme si Dieu n'existait pas, mais comme si Dieu ne nous était pas donné.

Un jour viendra où des hommes seront appelés de nouveau à prononcer la Parole de Dieu de telle façon que le monde en sera transformé et renouvelé.  Ce sera un langage nouveau, peut-être tout à fait non religieux, mais libérateur et rédempteur, comme celui du Christ. Ce sera le langage d'une justice et d'une vérité nouvelles, qui annoncera la réconciliation de Dieu avec les hommes.  Jusqu'à ce jour, la  vie des chrétiens sera silencieuse et cachée ; mais il y aura des hommes qui prieront, agiront avec justice et attendront le temps de Dieu.

Qui regarde dans la foi le corps de Jésus-Christ ne peut plus parler du monde comme s'il était perdu et séparé du Christ ; le Christ ne peut plus se séparer du monde ; le monde appartient au Christ.


 

1 commentaires:


Denise a dit…

La meilleure prière est sans doute celle que chacun formule personnellement ; Dieu est un Père avec qui chaque homme est appelé à entrer en relation dans la confiance, tel un enfant. La seule prière qu'il enseigne débute d'ailleurs par: Notre Père….
On peut donc lui confier ses soucis, ses attentes et ses espérances car Dieu est infiniment bon.

de Ste Thérèse : " Je m'abandonne à toi et voilà mon ciel à moi."