En ce 8 mai 2020, il semblerait que le souvenir de la terrible Seconde Guerre mondiale soit éclipsé par la soit-disant "guerre" contre le Covid-19. Le terme de "guerre" est évidemment très mal choisi... Comme disait Camus : "mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde." Essayons de garder le sens des proportions ; voici le nombre de morts entre 1939 et 1945 :
- 40 à 52 millions de civils,
- 22 à 25 millions de soldats.
Ne serait-il pas dramatique, et presque sacrilège, en un tel jour, d'oublier notre passé ?
Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion de voir le film "J'accuse", du cinéaste français Abel Gance, sorti en 1919 ? A travers ce qui est son oeuvre majeure, Abel Gance dénonce la guerre, en pacifiste convaincu. La première scène s'ouvre sur une immense plaine, recouverte par les cadavres de centaines de morts. Un soldat est là, debout, seul. Tout à coup,son regard se fige. Voici que les soldats morts se relèvent, peu à peu, les uns après les autres, le regard noir. Et voici alors qu'ils se mettent en marche, troupe volontaire et décidée. Et ils se dirigent vers les vivants, ceux qui ont échappé à cette affreuse boucherie. Et plus particulièrement, vers ces vivants obscènes que représentent les responsables politiques, militaires, qui les ont envoyés à la mort. Leur message alors est très clair : ils mettent clairement ceux-ci face à leurs responsabilités, et leur demandent des comptes, à eux qui étaient à l'arrière, et qui sont encore là !
Nous l'avons trop vite oublié, mais notre pays, et toute l'Europe, ont été confinés, bien plus gravement que nous aujourd'hui, et cela pendant 4 ou 5 trop longues années. 75 à 80 millions de morts, et un monde bouleversé. Mais quelles leçons en avons-nous retiré ? Ou considérons-nous ce conflit à l'égal de l'antique guerre de Cent ans ? Et avons-nous toujours aussi peur des autres peuples ? Des Chinois avec "leur" virus, des Africains avec "leurs" migrants, sans parler des musulmans dont on croit qu'ils vont bientôt nous envahir et dominer "notre" monde dans un "grand remplacement", comme certains osent l'avancer, etc...
Nous n'avons pas l'esprit tranquille face au virus du Covid-19, et il nous faut tout faire pour l'éradiquer. Mais il faudrait aussi penser à éradiquer une bonne fois pour toutes le maudit virus de la haine, de la guerre et de la division entre les nations. Or, nous n'en sommes pas là ! En 2019, les dépenses militaires se sont élevées à 1 782 milliards d'euros dans le monde. Soit une progression de 3,6% sur un an. Cela représente environ 2,2% du PIB mondial, 249 dollars par habitant.
Et tout cela, avec notre bénédiction de citoyens... Le monde d'après auquel nous aspirons, celui où la santé, l'éducation, la préservation de l'environnement seront des priorités, ce n'est pas encore pour demain ! Oui vraiment, l'on n'a pas su tirer les leçons de l'abominable conflit de 39-45 ! Et si chacun de nous ne prenait qu'une petite minute pour y réfléchir, en ce 8 mai 2020, est-ce que quelque chose ne pourrait pas commencer enfin à bouger dans nos caboches blasées ?
Méditons ce message que nous a laissé Albert Camus, juste parmi les justes, lui que "L'Hebdo - La Croix" de cette semaine appelle "l'éclaireur des temps obscurs" :
Le jour où des hommes voudront mettre au service du bien le même entêtement et la même énergie inlassable que d'autres au service du mal, ce jour-là, les forces du bien pourront triompher ; pour un temps très court peut-être, mais pour un temps cependant ; et cette conquête sera alors sans mesure."
vendredi 8 mai 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2364 : 8 mai : "Les forces du bien pourront triompher !" (Albert Camus)
Publié par
Olivier Gaignet
à
10:47
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