J'ai bien aimé cette interpellation du Président lors de son intervention du 13 avril. Surtout qu'il ne disait pas : "réinventez-vous", mais semblait s'inclure lui-même dans la nécessité, dès à présent, de revoir à fond, de réviser, assez radicalement, et notre façon d'être et notre manière de nous comporter.
Oh ! Je sais bien qu'il est un peu naïf de croire que l'événement que nous vivons, si prégnant soit-il, serait en capacité de nous empêcher de retourner ensuite à nos vieilles habitudes ! Dans "La Peste", publié en 1947 et qui refait actualité, Albert Camus n'écrivait-il pas : "Le plus fort des désirs de nos concitoyens était et serait de faire comme si rien n'avait changé."
Parmi les mauvaises habitudes donc, la première dont il faudra se méfier, c'est le souhait (inconscient mais toujours là) d'un brave petit retour à la normale ! Voici donc quelques pistes à creuser, toutes bêtes...
- Et si on réinventait l'égalité ?
Ce n'est pas moi qui vais vous apprendre que le salaire mensuel brut d'une infirmière est inférieur à 3000 €, soit moins de 36 000 € par an. Si elle était payée pendant toute sa carrière (40 ans) à ce tarif, cela ferait 1 440 000 €. C'est moins de la moitié de ce que le footballeur Neymar gagne en un mois ! L'un "joue", l'autre travaille et se dévoue... Cherchez l'erreur !
- Et si on réinjectait notre argent dans la santé plutôt que dans l'armement nucléaire ?
Le dimanche des Rameaux et le jour de Pâques, le pape François a invité les chefs d'Etat du monde, dont le nôtre, à prendre des initiatives pour aller vers le désarmement nucléaire. Or, les élus soutenant le gouvernement ont fait le choix, en 2019, de dépenser 4,7 milliards d'euros pour "moderniser" l'arsenal nucléaire de la France. Cela malgré l'article 6 du Traité de non-prolifération ratifié par la France en 1992. Ces 4,7 milliards auraient pu être utilisés à répondre aux revendications des personnels de santé : lits en soins intensifs, ventilateurs, salaires des personnels... Oui, oui, réinventons-nous !!!
- Et si on réinventait la place des personnes âgées, malades, handicapées, fragiles..., au sein de notre société ?
Ceux pour lesquels, comme le disait Simone de Beauvoir en posant la question : "Et quand vivre ne va pas de soi ?" Toutes ces personnes qui, nous n'osons pas le reconnaître, ont une image négative dans notre société "heureuse" (?), et qui nous culpabilisent par leur seul regard et leur existence.. Ah oui, mais, ça coûte cher ! Si Karl Marx vivait de nos jours, il s'écrierait, avec raison : "L'argent est l'opium du peuple !"
- Et si on réinventait une façon plus adulte d'être chrétien ?
Dans une Eglise où la pratique évangélique de l'accompagnement des plus vulnérables (handicapés, migrants, anciens...) aurait autant de valeur que la pratique liturgique.
Une Eglise dans laquelle, évêques, prêtres, diacres, laïcs seraient tous à l'écoute et serviteurs les uns des autres.
Une Eglise dans laquelle les femmes seraient pleinement reconnues.
*****
Je m'arrête volontairement ici, dans cet inventaire de tout ce qui devrait nous permettre de ne pas retomber bêtement dans les tristes ornières stériles de nos vieilles habitudes. Merci, Monsieur le Président, de nous avoir invités à ce bouleversement !
A présent, à chacun, peut-être, de signaler en commentaire telle réinvention à envisager ! Merci !
jeudi 7 mai 2020
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2363 : "Réinventons-nous..." (E. Macron) Chiche !
Publié par
Olivier Gaignet
à
09:03
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4 commentaires:
Et si on réinventait une Eglise plus fraternelle ?
- soucieuse d'accueillir tous ses membres avec une attention particulière pour les divorcés-remariés, les personnes marginalisées par la société, les personnes âgées etc
- préoccupée des absents qui jusqu'alors étaient présents à la messe du dimanche. Sont-ils malades ? Ont-ils besoin d'une voiture pour se rendre à l'église ?
- ouverte, afin de nouer des contacts et de vivre une fraternité entre croyants des diverses religions.
Père Gaignet , je viens de lire votre blog 2263 : "Réinventons-nous ..."
Je partage vos idées mais je m'interroge sur ce que , à titre personnel , je dois faire en justice .
Prenant l'exemple du personnel soignant : mon rapport à mon corps est-il sain ? Nourriture , hygiène de vie ...Qu'est-ce que cela entraîne dans mon rapport aux services de santé : médecins , médicaments ....La sécurité Sociale , c'est nous tous qui contribuons au profit de tous et donc l'amélioration des salaires des soignants dépend aussi , très directement de moi .
Concernant l'armement nucléaire , suis-je réellement un artisan de paix au plus près de moi ? Suis-je pacifiée avec moi-même , dans ma famille , avec mes frères chrétiens ( nous mettons nos pas dans ceux du Christ ....Pourquoi conservateurs , progressistes : des qualificatifs qui divisent plus qu'ils n'unifient ? ) Pratiquons la "correction fraternelle " avec bienveillance pour espérer un jour vivre sans guerre !
Pour les personnes âgées, je m'interroge ....Ma maman a "choisi " d'entrer en maison de retraite , mais je ne suis pas sûre d'avoir tout fait pour qu'elle ait eu envie de répondre oui à notre proposition de l'accueillir chez nous . Pendant ce temps de confinement j'ai lu plusieurs réactions de personnes tristes de ne plus pouvoir rendre visite à leurs parents âgés ...C'est nous qui avons crée cette mise à l'écart ( " Difficile cohabitation , logements trop petits , besoin de vivre sa vie ..")
Que faire pour devenir une chrétienne plus adulte? Remettre Dieu au centre de ma vie en m'ajustant à lui pour devenir juste avec moi-même et avec les autres .
Bonne journée à vous et au plaisir de continuer à vous lire .
Evelyne Démurger
'Partageons le virus du sourire et nous serons vaccinés contre le mal être ''Ce n'est pas de mon cru mais j'ai voulu le partager car j'y adhère totalement. Je crois que ce que nous vivons ne changera pas ma façon de vivre au profond de moi car rien ne pourra m'empêcher d'être en relation à Dieu et avec les autres avec ou sans messe bien que l'Eucharistie reste une nourriture essentielle pour ma vie de chrétienne Les gens en Afrique(ou ailleurs) n'ont pas de messe tous les dimanches cela ne les empêche pas de vivre la fraternité. Je ne sais pas débattre de grandes idées, mais je vous parle avec mes mots à moi et je suis sûre que vous me comprenez. Merci pour votre blog de tous les jours qui est une aide inestimable pour moi et beaucoup d'autres Bon WE à vous !
Partageons le virus du sourire nous dit Marie-Luce. En plus du lien que l'on peut se faire, s'il est une chose facile à partager avec générosité et gratuité, c'est bien le sourire !
Rencontrer des personnes, leur sourire et les voir vous rendre ce service, fait beaucoup de bien.
Mère Térésa disait : " Nous ne saurons jamais tout le bien qu'on fait avec le sourire."
En ces temps un peu troublés, où nous nous croisons parfois avec des masques : " affichons notre plus beau sourire avec nos yeux. "
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