Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2361 : Pratique de la messe mêlée à la pratique évangélique

Un très grand merci aux personnes qui envoient des commentaires !  Je crois savoir que beaucoup vont les lire, et c'est heureux, car ils apportent des compléments, des correctifs au besoin, par rapport à ce que j'ai pu exprimer. Bien entendu, aucun commentaire n'est rejeté ni oublié.

Par exemple, si je prends le cas du billet d'hier, où j'avais essayé d'expliquer, par la voix de l'évêque de Cayenne, qu'il fallait avoir encore un peu de patience avant de retrouver nos célébrations, deux personnes ont souligné, à raison, combien, surtout pour les personnes âgées et isolées, il était essentiel que les paroissiens, membres d'une même grande famille, puissent se revoir au plus tôt, dans la joie de se retrouver autour de l'unique Berger.

Je vous propose à présent trois expressions pouvant nous aider à réfléchir et nous éclairer  :

La première nous vient d'une personne âgée justement, Vévette, 88 ans, de Mortagne-sur-Sèvre :

Bonjour Olivier,

“La foi sans la messe”. C’est ce que nous vivons. Il me semble que ce manque nous invite à vivre plus intensément chaque jour sous le regard de Dieu, et nous rapproche de tous nos frères et sœurs privés depuis longtemps de cette rencontre hebdomadaire d’une part, ou l’on est bien ensemble pour célébrer, chanter. Heureux de se retrouver.

D’autre part, pour moi, c’est l’après messe qui est plus engageant. Etre attentive à mes proches, mes voisins, famille, amis, gens rencontrés, visités etc. tous les jours.

Evidemment, avec tant d’autres, je souffre de ne pas recevoir les sacrements qui me font vivre.

Cependant, pour charger mes batteries spirituelles en Eglise, il y a la prière, la méditation, le silence intérieur.

"Prions en Eglise" est un bon support pour démarrer chaque matin. Je suis en communion avec le monde.

Comme toi, je suis surprise de la réaction de certains évêques après la décision d’ouvrir les lieux de culte que le 2 juin. “La prudence est mère de la sûreté”.

2° expression, de Marie-France, de Fontenay-le-Comte, qui avait écrit le billet sur l'ACAT le samedi-saint :

Bonjour Olivier….

 

J’allais réagir à tes 3 dernières parutions sur ton blog mais je voulais aussi te communiquer cette déclaration de Mgr Planet (publiée dans le billet précédent), je le fais donc par mail car c’est assez long. Je trouve qu’il parle d’or …

 

Je voulais dire à propos de tout cela combien j’apprécie l’attitude de ce couple dont tu parles….(voir billet n° 2258) Cette dame avec son tricot en guise de rosaire c’est merveilleux….J’entends les mots de Mgr Lafont, évêque de Cayenne…. Je me dis que nous nous conduisons comme des enfants gâtés ! Arrêtons de nous regarder le nombril.

 

Non, chez nous nous ne sommes pas malheureux de regarder la messe à la télé, nous avons de la chance d’avoir cela…nous considérons cet espace du Jour du Seigneur comme notre 2^ème petite paroisse…. Et les personnes qui l’animent sont excellentes. Cela ne nous empêchera pas d’être heureux de retrouver notre église St Jean !!!    Et nous aimerions bien justement que tout ne soit pas exactement « comme avant »!

 

Avec notre amitié !

La 3° expression est celle de Jean-Pierre, diacre depuis 23 ans, incardiné dans le diocèse de Nantes  :

Cher Olivier,

Je suis heureux chaque jour de partir à la découverte de tes réactions qui se nourrissent de notre quotidien, pour nous ouvrir à la rencontre du Christ et de son Evangile.

J'ai bien aimé tes réactions à propos de l'Eucharistie, parce que tu ne sépares pas l'Eucharistie du service du frère et de notre quotidien.Je comprends que des gens souffrent de ne pas pouvoir communier, de ne pas se rassembler, mais faut-il craindre comme le pensent certains que cette situation peut aller jusqu'à accélérer l'érosion de la pratique religieuse. Si c'était malheureusement le cas, cela signifierait que nous vivions préalablement sur une illusion de la solidité de la foi.

En ce moment, des paroisses font le choix de  transmettre par You Tube la messe du dimanche et "l'assemblée" se réduit à un ou deux prêtres sur lesquels la caméra se focalise. Pour les exemples que je connais, je trouve ces célébrations tristes et très "hors sol", elles n'ont pas "l'odeur des brebis". Elles pourraient encore se justifier si elles se nourrissaient de ce qui se vit dans la paroisse et il se vit réellement de belles choses en terme d'écoute, de solidarité, de fraternité. Je ne crois pas être hérétique en réaffirmant que c'est toute l'assemblée qui célèbre et que le prêtre est là pour rassembler et rendre grâce de tout ce que chacun peut apporter.

Pour ma part je crains en focalisant sur le prêtre, que ces pratiques nous renforcent dans l'idée que sans le prêtre nous ne pouvons rien faire. Elles peuvent renforcer le cléricalisme alors que le Pape François nous invite à en sortir pour aller vers une Eglise peuple de baptisés.

Au risque de choquer, je me demande parfois si nous ne sommes pas un peu prisonniers de l'affirmation :" L'Eucharistie source et sommet de la vie chrétienne" et que nous restons sous une forme de célébration eucharistique trop stéréotypée et qui suscite peu la participation de l'assemblée.

Ce temps de confinement me donne l'occasion de prendre du temps pour lire, me ressourcer et je retrouve le souffle de l'Esprit et le goût de l'espérance, dans les réflexions de Alphonse Borras et de Joseph Moingt. Ce dernier lançait en 2017 un appel à tous les baptisés de France en ces termes :" Refonder l'Eglise, exige de créer des communautés priantes et célébrantes dans lesquelles la foi des chrétiens se fera interrogative et attentive pour présenter à Dieu les questions des gens au milieu desquels ils vivent et qu'ils pourront d'ailleurs inviter à leurs célébrations, dépouillées du formalisme traditionnel". 

Alphonse Borras quant à lui dans une réflexion sur :" Comment réaliser en paroisse le rêve missionnaire d'arriver à tous" écrit :" En paroisse comme dans toute communauté ecclésiale, les baptisés quels qu'ils soient sont donnés les uns aux autres comme des frères et soeurs membres du corps ecclésial du Christ, habités par son Esprit". 

Merci Olivier de nous éclairer chaque jour et de nous appeler à vivre pleinement de notre baptême.

Très fraternellement !