Parmi les déclarations récentes des évêques, il me semble que celle de Mgr Planet, qui m'a été transmise par Marie-France, grâce à Sr Emmanuelle, de Fontenay-le-Comte, est une de celles qui éclaire le mieux la situation que nous vivons.
Déclaration de l'évêque de Carcassonne et Narbonne
Message de Mgr Alain Planet à propos du déconfinement
Carcassonne, le 30 avril 2020
Aux fidèles du Christ
qui sont l’Eglise de Carcassonne et Narbonne
Chères sœurs, chers frères,
L’heure du déconfinement approche et déjà il faut penser à l’organiser. C’est ce à quoi je travaille avec le Conseil épiscopal et la chose ne s’annonce pas très facile à mettre en œuvre. Le temps venu je consulterai aussi le Conseil presbytéral et le Conseil diocésain de pastorale.
Le gouvernement vient de nous annoncer que le culte,
en dehors des funérailles, ne reprendra pas avant le 2 juin. Il s’est trouvé
des voix, certaines vénérables, pour aussitôt crier à la violation de la
liberté de culte ou même à la liberté religieuse. Ce n’est pas mon point de
vue.
Dans la Tradition catholique, les gouvernements,
quelles que soient leurs limites, ont reçu de Dieu la charge de rechercher le
bien commun. En ce moment, dans le monde, ils ont le redoutable devoir
d’assurer une reprise économique et pourtant de préserver la santé publique.
Alors que le comité d’experts scientifiques refusait la réouverture des écoles, le gouvernement français, pour ce qui lui a paru le bien de l’économie, est passé outre. Mais non sans hésitations et sans laisser une grande marge de liberté aux familles.
En matière de santé publique il a prévenu qu’on était dans un temps d’essai et d’expérience et a cru bon, conformément aux avis scientifiques de renvoyer certaines ouvertures, dont celles de la reprise des cultes, au 2 juin – sans assurer que ce serait vraiment possible alors. La reprise ne pourra d’ailleurs se faire que strictement encadrée et dans des conditions très restrictives, au prix de multiples procédures de protection.
Ce faisant, l’Etat agit dans son ordre. La liberté de
religion n’est pas atteinte : tous nous pouvons librement continuer à prier,
échanger par les différents moyens de communication et y annoncer l’Evangile,
sans oublier d’exercer une charité active. Les consignes gouvernementales ne
sont pas attentatoires mais prudentielles. Le Saint Père lui-même nous
invitait, le 28 avril, à prier pour que, « en cette période où il commence à
y avoir des dispositions pour sortir de la quarantaine, le Seigneur donne à tous
la grâce de la prudence et de l’obéissance à ces mesures pour que la pandémie
ne revienne pas. »
Or, nous le savons bien, l’épidémie est toujours là et
le pire serait un nouveau pic provoquant un collapsus de notre système de santé
et un effondrement définitif de notre économie.
Certes nous sommes impatients de retrouver nos assemblées, je pense tout
particulièrement aux catéchumènes que j’ai appelés au baptême le 1er mars dernier, je pense aux
jeunes confirmands, je pense aux familles en deuil qui veulent prier au milieu de la
communauté…
J’ai appris, bien avant le Concile, des bons frères
qui m’ont fait chrétien, que Dieu agit au-delà
de nos signes, même des sacrements. J’ai retenu du Concile que l’Eglise était « dans le Christ,
en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu », cela elle le tient du Christ qui l’a fondée « comme le sacrement du salut ». Et tant qu’on reste uni au Christ, Tête du Corps, et au Corps, par l’assentiment de foi, la prière et la charité, on vit de ce sacrement. J’ai découvert aussi que « tout apostolat trouve dans la charité son origine et sa force » et qu’il n’y a pas de circonstance où l’on ne puisse vivre la charité envers Dieu – « qui nous a aimés le premier » (I Jn 4,19) – et envers nos frères. Et l’Evangile m’a appris que c’est sur la charité que nous serons jugés (Mt 25, 31-46).
de nos signes, même des sacrements. J’ai retenu du Concile que l’Eglise était « dans le Christ,
en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu », cela elle le tient du Christ qui l’a fondée « comme le sacrement du salut ». Et tant qu’on reste uni au Christ, Tête du Corps, et au Corps, par l’assentiment de foi, la prière et la charité, on vit de ce sacrement. J’ai découvert aussi que « tout apostolat trouve dans la charité son origine et sa force » et qu’il n’y a pas de circonstance où l’on ne puisse vivre la charité envers Dieu – « qui nous a aimés le premier » (I Jn 4,19) – et envers nos frères. Et l’Evangile m’a appris que c’est sur la charité que nous serons jugés (Mt 25, 31-46).
Et c’est la charité qui me fait choisir la prudence : je ne veux pas que nous ajoutions au
malheur, je pense à ceux de nos prêtres âgés qui ont connu de graves épreuves de santé et dont je dois protéger la vie.
Mais je pense aussi aux innombrables pauvres que le
déconfinement trouvera encore plus pauvres dans ce pays si touché par la misère et je voudrais qu’on
prévoie déjà les
aides qu’il faudra apporter.
aides qu’il faudra apporter.
Je salue ici le travail de notre Secours
catholique et de l’équipe carcassonnaise des Conférences de Saint-Vincent-de-Paul qui ont assuré la
présence de l’Eglise auprès des plus pauvres, fournissant toutes sortes d’aide y compris celle de l’écoute
ou la fabrication de masques. Je pense aux nombreux catholiques qui par leur métier,
ou par leurs engagements associatifs ont soutenu les malades et les pauvres. Mais il faudra
prévoir d’accroître notre aide à l’issue du confinement pour ces frères démunis, sans oublier notre
Eglise soeur de Fada N’Gourma, au Burkina-Faso, confrontée à la double menace de l’infection et du terrorisme.
C’est bien cette double impatience que j’entends – et
si nous sommes chrétiens c’est une
seule impatience – la seconde important plus que la première car : « Voulez-vous rendre honneur au Corps du Sauveur ? Ne le dédaignez pas quand vous le voyez couvert de haillons, après l’avoir honoré dans l’église par des vêtements de soie, ne le laissez pas souffrir du froid et dans le dénuement ».
seule impatience – la seconde important plus que la première car : « Voulez-vous rendre honneur au Corps du Sauveur ? Ne le dédaignez pas quand vous le voyez couvert de haillons, après l’avoir honoré dans l’église par des vêtements de soie, ne le laissez pas souffrir du froid et dans le dénuement ».
Avançons patiemment dans la prière et restons unis par la prière et la charité.
+ Alain
PLANET
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