Quel bonheur, ce matin encore, comme je le fais environ une fois par mois depuis mon retour près du Pays des Olonnes, de prier le Shabbat avec les frères et soeurs juifs à la synagogue des Sables d'Olonne ! Etre accueilli comme un frère, puis se laisser bercer par la lecture comme psalmodiée de la Torah, tout en méditant et en rendant grâce pour la chance que nous avons d'avoir chez nous un lieu de prière et de rencontre avec ceux que nous aimons appeler "nos pères dans la foi", "nos frères aînés ! Par bonheur, c'est aujourd'hui ce qu'ils appellent "le Shabbat en chansons". J'aime bien ces airs religieux, que je finis moi-même par connaître par coeur, pour les avoir maintes fois entendus, depuis il y a maintenant près de 20 ans, lorsque la synagogue avait sa place dans les locaux du presbytère des Sables. Les chants de ce jour ont été pris en lien avec la lecture programmée pour ce Shabbat, tirée du Livre des Juges ; avec le passage citant le célèbre chant de Déborah (Juges 5). Voici un bref écho de cette histoire : la 4° des Juges qui gouverna le peuple juif après la mort de Josué ne fut pas un homme, mais une femme, la prophétesse Déborah. Le peuple juif souffrait alors de l'oppression des Cananéens et avait abandonné tout espoir ; mais Déborah leur redonna le courage de combattre, en s'appuyant sur la puissance de Dieu. Les oppresseurs furent vaincus, et Déborah chanta la louange de l'Eternel : "Bénissez Dieu (...), vers Dieu je veux chanter (...) ; que ceux qui t'aiment, ô Dieu, soient pareils au soleil avançant dans toute sa gloire." Ce chant de victoire de Déborah, si l'on regarde les événements du monde en ce moment, m'a d'ailleurs semblé plus actuel que jamais !
A la fin de la prière, tandis que nous partagions l'apéritif, puis le repas, Roger me fit cette confidence : "Finalement, entre chrétiens et juifs, il n'y a qu'une virgule qui nous sépare !" Puis, m'expliqua-t-il, "nous avons le même Dieu, nous sommes tous ses enfants... Le reste, nos différences, qu'est-ce que c'est, face à cet essentiel beaucoup plus important qui nous unit ?"
Hier soir, d'ailleurs, le Shabbat avait fort bien commencé. Hélène, et Roland, le vice-président de la synagogue des Sables, avaient invité les membres du groupe interreligieux du Pays des Olonnes à vivre avec eux le repas d'ouverture du Shabbat. Nous avons été plus de trente à y participer (chiffre limite que l'on s'était donné), de cinq traditions religieuses différentes (musulmans, etc.). En même temps, Hélène et Roland nous ont informés sur les us et coutumes d'un vrai repas de Shabbat, tel que vécu chaque vendredi soir dans les familles juives. La soirée fut ponctuée - je reprends leurs termes - après la prière sur le pain et le vin (quidouch), de "plusieurs mets qu'ils avaient cuisinés eux-mêmes, suivant les règles alimentaires de la cascherout, les plats étant préparés sur des plaques électriques et non sur le feu.
Au menu : kémia (ensemble de salades mijotées et préparées à l'orientale), saumon à la marocaine, boulettes cumin, tajine poulet, fruits, pâtisseries maison ; repas entièrement cacher, accompagné d'un excellent vin, cacher également."
Nous avons tous été enchantés de partager et de comprendre le sens de ce repas, primordial dans la vie de chaque Juif. Merci à nos amis juifs de nous avoir accueillis et servis comme si nous étions chez eux, tout en préservant le caractère religieux, mais cependant très convivial de ce repas. La virgule qui nous séparait était bien là, mais si petite ! Merci Hélène et Roland, merci Roger et tous les frères et soeurs juifs que nous aimons rencontrer bien souvent sur le Pays des Olonnes.
P-S : Je dédie ce billet à l'AJCF (l'Amitié judéo-chrétiennne de France), dont le conseil national se tient en ce dimanche 20 janvier à Paris, sur un thème malheureusement trop actuel : "la persistance d'un antijudaïsme chrétien". Alors que, depuis Vatican II, en 1965, les papes ont tous rappelé que l'antisémitisme est un péché, et qu'être à la fois chrétien et antisémite est incompatible, ainsi que le déplore Jacqueline Cuche, présidente de l'ACJF : "malgré tout, il reste aujourd'hui des idées qui tiennent de cet antijudaïsme séculaire. Il n'est pas rare que des chrétiens considèrent que l'ancienne alliance n'est plus valable, ou que certains portent un regard négatif sur le "Dieu de l'Ancien Testament". Il arrive souvent aussi que des manuels de catéchisme soient renvoyés à leurs auteurs car leur contenu n'est pas conforme à "Nostra Aetate" (la déclaration conciliaire sur les relations de l'Eglise avec les religions non chrétiennes). Soyons toujours vigilants !
samedi 19 janvier 2019
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2243 : "Il n'y a qu'une virgule qui nous sépare !" (Roger, Juif sablais)
Publié par
Olivier Gaignet
à
19:31
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