Dix jours sans billets : le temps m'a vraiment manqué ! Je m'en excuse. Et en ce jour de Noël, pas de billet proprement dit non plus, mais mon homélie de cette nuit, en l'église St Hilaire de Talmont, plusieurs me l'ayant demandée. Belle fête à vous !
Chers amis, enfants, jeunes,
adultes, aînés, comment ne pas vous rendre hommage ? Vous qui avez fait le choix de donner du
temps, en cette nuit de Noël, pas seulement à un repas de fête, même si
celui-ci sera important, mais d’abord, afin d’être là pour accueillir Jésus, le
Sauveur !
D’ailleurs, par l’intermédiaire
de ces enfants qui ont traversé vos rangs pour donner à Jésus toute sa place
devant nous, c’est chacun de vous qui venez de lui dire, au plus profond de
votre cœur : « Oui Jésus, entre chez nous ! Eclaire désormais toute
notre existence ; illumine la vie de notre société ! » Je
propose, sans obliger personne bien sûr, que nous reprenions ensemble cette
prière ; vous pourrez répéter après moi :"Oui Jésus...", "Eclaire...", "Illumine..."
Vous avez remarqué ? J’ai
bien dit : « toute notre existence » ! En effet, à Noël, là
où Jésus vient habiter, c’est dans les crèches des églises bien sûr, mais aussi
sur nos quartiers, dans nos écoles, nos lieux de travail, en nos maisons, et
partout. Un exemple : ce que vient de vivre l’évêque de Montauban, dans le
Tarn-et-Garonne. Il y a quelques jours, cet évêque est allé à la rencontre des
gilets jaunes, sur un rond-point. Et là, ceux-ci lui ont montré leur sapin de Noël,
ainsi que la petite crèche qu’ils avaient installée, une simple crèche en
carton à 2 € ; mais quel symbole ! Avec un petit clin d’oeil à
l’inconfort de Bethléem.
Vous n’allez pas me
croire ! Jésus vient même pour les
gilets jaunes ; mais, je vous rassure, il vient également pour nos
gouvernants. Il vient pour les gens du Talmondais, mais aussi pour les autres, pour nos frères
et sœurs de la terre entière. Il vient même pour Poutine, pour Trump, pour
Bachar et consorts, comme jadis pour César et pour Pilate. A eux, à nous,
d’écouter sérieusement le message que veut nous communiquer le Sauveur !
L’on a parfois cru que Jésus
était venu seulement pour ceux qui
croiraient en lui ; par ex., les catholiques, vus comme représentant
« la vraie religion ». Quelle erreur ! D’ailleurs, l’esprit de
Noël, qui envahit la terre entière à l’occasion de cette fête, montre
clairement que le salut proposé par Jésus dépasse largement les murs de nos
églises, pour rejoindre tout humain : les mauvais comme les bons,
chrétiens ou non !
Et qu’est-ce qui se passe
alors ? Je vais vous donner un exemple. Lorsque j’étais missionnaire au
Mali, pays musulman à 95%, lors des messes de la nuit de Noël, pour 150
catholiques sur la paroisse, il y avait 2000 participants… ; donc la
plupart musulmans ! Je leur demandais : « Pourquoi vous êtes
là ? » Et ils me répondaient :
« pour nous, Jésus, c’est un grand prophète ; il nous invite à devenir
meilleurs, et nous voulons l’honorer avec vous. »
Jésus en effet interpelle chacun,
et pas seulement les chrétiens, pas seulement les pratiquants, au plus profond
de sa conscience, en lui demandant : « Et toi, où en es-tu de ta
vie ? Dans ta façon de te comporter
en famille, dans ta manière de vivre en tant que citoyen, es-tu un artisan de
justice, un bâtisseur de paix, un créateur de fraternité ? » A
l’image de ce que Jésus a été…
Certains avancent que, dans notre
société, dans notre pays dit « des lumières », pour évoluer, l’on n’a
pas besoin d’un Sauveur. Comme si l’on avait besoin d’un Dieu pour réussir
notre vie… Ce refus d’un Sauveur, cela
me rappelle cette histoire du légendaire baron de Münchausen qui, au cours
d’une bataille, tombé malencontreusement dans un étang, voulut remonter à la surface en se
soulevant lui-même par les cheveux. Vous imaginez la scène ? Le type, au
fond de l’étang, croyant pouvoir s’en sortir par ses seules forces. Que croyez-vous
qu’il arriva ? Il a pu s’en
sortir ? Ben non… Le prétentieux baron se
noya !
La leçon de cette histoire :
impossible d’y échapper ! Il nous faut admettre humblement, nous humains
si pleins d’orgueil, que notre humanité, pour arriver à se sortir de l’eau de
ses problèmes, et pour survivre à ses naufrages, notre humanité a besoin de
l’aide d’un Père et du secours d’un Sauveur. Regardons ce qui se passe dans nos
familles par ex., où la situation est parfois si lourde, qu’il n’y a peut-être
que Dieu qui puisse la débloquer… De même que l’on a besoin des pompiers quand
il y a le feu à la maison…
Et ça fonctionne ! Le secours de Dieu est visible en
effet ! Par ex., Noël n’est-il pas le moment de l’année où même le plus
tenace des incroyants se laisse émerveiller par les beaux chants de Noël, répercutés
en chœur par de nombreuses chorales au cours de ce mois de décembre ?
C’est le moment aussi où, lors des repas de famille, les plus forts en gueule
s’apaisent un peu, cela permettant à chacun de trouver sa place et d’être
respecté dans sa diversité.
Dans notre société blessée,
fracturée, dispersée, Noël en effet, c’est le moment où remonte à la surface ce
qu’il y a de meilleur au plus profond de chacun : le temps d’un repas, ou
lors d’un choix intelligent des cadeaux ; ou pour la visite auprès de la
mamie isolée et bien fatiguée, comme dans l’attention plus grande apportée à
des personnes défavorisées.
Notre société, soit-disant loin
de Dieu, fourmille ainsi d’exemples d’entraide et de fraternité, dont nos
journaux d’ailleurs se font largement l’écho. Et sans que tout cela soit
l’œuvre seulement des chrétiens pratiquants. Ne soyons donc pas des cathos
grognons et pessimistes, car les valeurs de l’Evangile et de Noël sont bien présentes
au cœur de notre société ; et il existe un gisement énorme de générosité
au plus profond de chacun.
Je voudrais terminer avec
l’exemple que nous donnent des enfants de chez nous. Dans le cadre du Secours
catholique, des CM2 de diverses écoles, sur Talmont, le Poiroux, Longeville
entre autres, inscrits au passeport du civisme, ont fait don de présents
personnels, à travers des friandises et des gâteaux, au profit d’enfants et de
familles de chez nous en difficulté. Bravo les enfants pour votre
générosité ! D’autre part, les
adultes ne sont pas en reste, si j’en juge par ce que nous annonce
« Ouest-France » dans son édition de ce 24 décembre avec ce don de
plus de 16.000 € de la part de l’association des Forces T’almondaises »
dans le cadre du Téléthon.
Les enfants, écoutez cette
histoire : récemment, de terribles inondations ont dévasté le sud de
l’Inde, au Kérala. Anupriya, une petite fille de 8 ans, a vu les images de ce
désastre à la télé. Cette enfant économisait depuis l’âge de 4 ans pour pouvoir
s’offrir un vélo quand elle serait plus grande. Régulièrement, elle mettait 5
roupies dans sa tirelire, quelques centimes d’euros. Bouleversée par la
détresse des sinistrés, pour leur venir en aide, Anupriya a fait don de tout
l’argent qu’elle avait mis de côté durant 4 ans, renonçant à son rêve d’avoir
un vélo. Mais son geste n’est pas passé inaperçu ; les médias s’en sont
emparé, et tout un tas d’autres enfants
ont fait des dons, à son exemple. Cette petite fille, de religion
hindoue, très croyante, fait mentir Jean-Paul Sartre, qui affirmait que
« l’enfer, c’est les autres » ; elle nous rappelle ainsi, en
effet, que donner du bonheur aux autres, c’est cela, le cœur du mystère de Noël !
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