Dans le sillage et la lumière de la fête de tous les saints, nous nous sommes retrouvés, une cinquantaine de personnes, hier samedi, au Centre spirituel Pierre Monnereau de Mormaison, pour une journée de halte spirituelle. Axe de notre réflexion : "Tous appelés à la sainteté, à la lumière des Béatitudes." Ce Sermon sur la montagne dont Gandhi disait que "c'est sans doute l'une des plus belles paroles qui ait été prononcée sous la voûte des cieux !"
Les Béatitudes : un véritable passeport pour le ciel, a-t-on pu dire ! Avec la possibilité offerte à tout homme et toute femme vivant dans la perspective du Sermon sur la montagne - y compris s'ils n'en ont jamais entendu parler - d'être accueilli dans la joie de Dieu, au coeur de l'immense foule de tous les saints, et cela, même sans avoir reçu le baptême, ni même forcément croire en Dieu.
Question : "Mais est-on sûr que des personnes qui n'ont pas eu contact avec le Christ ni l'Eglise, ou même qui s'en sont écartés pour divers motifs, puissent être sauvés ?" L'adage "hors de l'Eglise, pas de salut" serait-il erroné ? En cette occasion, je repense à cette réflexion récente d'une paroissienne, à l'issue d'une eucharistie : "Je ne pourrais pas croire en un Dieu qui en laisserait la moitié de côté !" Rappelons-nous cette affirmation de l'apôtre Paul, selon lequel "Dieu veut que tous les hommes soient sauvés." (1 Timothée 2/4)
Dans sa récente Lettre sur la sainteté, "Soyez dans la joie et l'allégresse", parue en mars dernier, au n° 9, le pape François répond ainsi à notre question : "Même en-dehors de l'Eglise catholique et dans des milieux très différents, l'Esprit suscite des signes de sa présence."
A titre d'exemple, voici l'un de ces signes, parmi un certain nombre de faits du même type évoqués hier, illustrant la Béatitude : "Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice..." Le journal "La Croix" d'hier cite en 1° page l'exemple de ces juges musulmans de la Cour suprême du Pakistan qui viennent d'acquitter Asia Bibi, cette chrétienne pakistanaise condamnée à mort pour un soit-disant blasphème ; ils risquent gros : le gouverneur musulman de sa province fut assassiné pour avoir pris sa défense. Son avocat, Saif, se sait très menacé, mais assume le risque pris. Le 1° ministre pakistanais lui-même exige que ce jugement soit respecté, sans se laisser intimider par les menaces des extrémistes musulmans. Tout cela n'est-il pas en résonance profonde avec le message des Béatitudes ?
J'ai cité alors ce magnifique verset du Coran (sourate 13, verset 19), et il y en a bien d'autres du même style dans ce livre sacré, qui nourrissent la foi et l'action de nos amis musulmans, pakistanais ou autres : "Ceux qui recherchent la face du Seigneur, ceux qui partagent leurs richesses, ceux qui repoussent le mal par le bien, voilà ceux qui posséderont la demeure finale." Reconnaissons-le, le Coran nous donne ici une définition de la sainteté à laquelle nous pouvons totalement adhérer. "Heureux les persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux !" Ainsi, le gouverneur assassiné pour la justice peut-il se trouver ailleurs qu'au ciel promis par le Dieu unique à tous les humains qui auront servi leurs frères ?
Va-t-il falloir revoir les fausses, ou trop étroites définitions du saint et de la sainteté qui figurent dans les colonnes de nos dictionnaires (ou dans les pages de nos catéchismes) ?
Préférons en effet celles qui suivent :
- Charles Péguy (écrivain catholique): "La géographie de la sainteté déborde largement les frontières visibles de l'Eglise." (je cite de mémoire !)
- Simone Weil (philosophe juive) : "Le saint, c'est celui qui, atteint par le mal, se refuse à le transmettre."
- le pasteur Martin-Luther King (pasteur protestant) : "Ce n'est qu'en aimant nos ennemis que nous pouvons connaître Dieu et faire l'expérience de la sainteté."
dimanche 4 novembre 2018
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2224 : La "sainteté", le ciel, pour les catholiques seulement ?
Publié par
Olivier Gaignet
à
16:32
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