Ce vendredi matin, à l'Ehpad Sainte Marie de Talmont, l'endroit réservé à la messe ou à la prière chaque vendredi était comble. En ce 2 novembre, lors de l'eucharistie, les noms des 14 personnes décédées depuis le 2 novembre 2017, qui nous avaient été aimablement fournis par le secrétaire de l'Ehpad, furent présentés au Seigneur, le Dieu des vivants, ainsi que tous les défunts de nos familles.
Je demandai alors à l'assemblée : "est-ce que vous êtes heureux lorsque l'un de vos parents ou amis vous téléphone pour vous demander de vos nouvelles et s'inquiéter de ce que vous devenez ?" Tout le monde alors, d'un seul coeur, d'opiner la tête avec sourire et bonheur.
Je leur demandai ensuite : "Et si Dieu lui-même vous téléphonait ?" A ce moment-là, je sentis dans l'assistance un peu d'hésitation : pourquoi une telle question ? Dieu au téléphone ? Bizarre ! Cependant, quelques-uns répondirent que ce coup de fil, bien que plutôt inimaginable, leur ferait plaisir.
Troisième question : "eh bien, pas si inimaginable que cela ! Vous êtes heureux de recevoir un appel de quelqu'un qui vous est proche ? Un jour, quelqu'un de plus proche de vous que quiconque, un parent suprême, un ami suprême, vous appellera ; peut-être en un moment où vous ne vous y attendez pas ! Et ce sera pour vous annoncer une bonne nouvelle : "Toi, mon frère, ma soeur, voici que je frappe à la porte de ton coeur et que je viens te proposer de venir vivre avec moi, chez moi, avec plein d'autres amis de partout. Tu seras reçu comme un prince, et ta vie va être plus belle que jamais. Pendant que j'y pense, tu n'emmènes rien ; on se charge de tout : tu peux laisser là ton fauteuil roulant, il ne servira plus ; et aussi, tes maladies et tes soucis, les fleurs de ton jardin également, etc."
Je demandai alors à l'assemblée ce qu'ils en pensaient. Aussitôt, une dame répondis : "moi, je suis prête." Et un certain nombre d'autres de manifester leur accord également. J'étais heureux de leur réponse ! Et cela m'a fait penser à cette très belle réflexion de l'abbé Pierre disant : "Nombreux sont ceux qui vivent la mort comme une séparation. Oui, c'est une séparation, pour nous qui restons. Mais pour celui qui vient de mourir, il va connaître la rencontre la plus fantastique que l'on puisse imaginer : la rencontre avec Dieu et, en même temps - je ne sais pas de quelle manière mais je suis convaincu que c'est en même temps - la rencontre avec les quelque 90 milliards d'êtres humains qui ont vécu avant nous. C'est en toute sérénité que je pense à la mort."
Brassens chantait qu'on finirait "dans la fosse commune du temps." Apparemment, peut-être ! Mais pourquoi laisser au temps, au tombeau et à la mort le dernier mot ? Je préfère le mot "délicieux" de Stéphane Hessel, alors nonagénaire, et qui se disait agnostique, sinon athée : "J'attends maintenant la mort avec beaucoup de gourmandise. La mort est quelque chose qu'il faut savoir savourer, et j'espère savourer la mienne !"
En ce qui me concerne, j'ai été heureux de partager mon questionnement avec les personnes présentes à l'Ehpad ; et, avec eux maintenant, dans la paix du soir qui vient, je me prépare à l'aube pascale de la suprême Rencontre. J'essaye d'attendre, aussi paisiblement que possible (?), le coup de téléphone final, en vue de ce formidable rendez-vous qui, jamais ne finira !
vendredi 2 novembre 2018
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2223 : J'essaye d'attendre paisiblement le coup de téléphone final !
Publié par
Olivier Gaignet
à
22:12
Cliquer ici pour lire l'article et les commentaires
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire