Je ne comptais pas revenir aussi vite, en ce blog, sur la douloureuse question des réfugiés, mais un événement récent m'y incite. Cela s'est passé au cours de la messe que je célébrais en l'église St Pierre de Talmont, le dimanche 24 juin dernier. Commentant la 1° lecture, tirée du livre d'Isaïe (49/1-6), voici ce que je venais de déclarer - j'en ai gardé le texte écrit, non improvisé : "En fin de cette 1° lecture, nous avons entendu Yahvé dire à Isaïe : "Tu es mon serviteur, pour ramener les "rescapés" ; je fais de toi la lumière des nations." Tandis que je préparais cette homélie, en méditant ce texte, je me suis posé la question suivante : qu'est-ce que Dieu veut nous dire aujourd'hui à travers une telle phrase ? J'ai repensé alors au chef du gouvernement espagnol, qui vient de secourir des rescapés, pour reprendre le mot employé par Isaïe, les "rescapés" de l'Aquarius."
Et alors que je venais de prononcer cette phrase, j'ai entendu une sorte de hurlement, venant de vers le fond de l'église. Je me suis dit en moi-même : "tiens, cela doit provenir de quelqu'un qui est en désaccord avec ce que je viens d'exprimer." Mais je n'en étais pas certain. Quoi qu'il en soit, comme si de rien n'était, j'ai continué mon homélie : "Cet homme, en agissant ainsi, soutenu d'ailleurs par de nombre de ses concitoyens espagnols, a ainsi fait honneur aux racines chrétiennes de l'Espagne, aux racines chrétiennes de l'Europe, que l'on invoque si souvent, sans les faire fructifier. Pour reprendre les mots d'Isaïe, il est devenu "lumière pour les nations" : son initiative fraternelle a été communiquée dans le monde entier ! Belle occasion de prier pour nos gouvernants, qui se réunissent en ce moment-même à Bruxelles pour traiter cette lourde question."
A la fin de la messe, plusieurs paroissiens se regroupent autour de moi : "Vous avez entendu ?" Je réponds "oui, une sorte de hurlement..." Non, c'était un jeune ; il a crié : "pas de politique !" Au milieu de ce petit groupe, un monsieur prend alors la parole, pour souligner son accord total avec le fait que c'est le rôle de l'Eglise de défendre les réfugiés, à la suite du pape François. Il s'est ensuite présenté : "je suis maire de X..., (une grande ville de la banlieue parisienne), en repos ici pour quelques jours."
Vendredi dernier justement, le pape François, lors d'une messe en la basilique St Pierre de Rome, au cours de son homélie, a exprimé sa gratitude aux Espagnols : "Vous incarnez aujourd'hui la parabole du Bon Samaritain qui s'est arrêté pour sauver la vie du pauvre homme frappé par les bandits, sans se demander qui il était, sa provenance, les raisons de son voyage ou ses papiers d'identité."
Le 1° juillet, toujours dans une homélie, le cardinal Francesco Montenegro, président de "Caritas" (Secours Catholique) en Italie et archevêque d'Agrigente, a réaffirmé la vive opposition de l'Eglise face à la politique italienne : "C'est Jésus qui vient à nous sur un bateau, c'est lui que nous voyons en cet homme ou cet enfant qui meurt noyé, c'est Jésus qui regarde à travers les ordures pour chercher un peu de nourriture (...)"
Voyons, voyons, pas de politique dans les homélies !!!
lundi 9 juillet 2018
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2186 : "Pas de politique !"
Publié par
Olivier Gaignet
à
21:16
Cliquer ici pour lire l'article et les commentaires
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire