Je sais que je suis minoritaire, puisque l'on nous annonce que seuls 22% des Français voient en l'Europe un réel avenir. Mais je suis fier de faire partie de ces 22% d'obstinés qui, envers et contre tout, font confiance à leurs frères et soeurs de l'ensemble de ce continent.
Je me suis demandé d'où venait cette conviction profonde. Je ne vais pas répondre en termes d'économie, ni par des chiffres, ni à coups d'arguments pouvant tous être contestés malheureusement par trop de pessimistes euro sceptiques. Simplement, je m'aperçois que c'est la rencontre avec des européens depuis toujours qui a fait grandir en moi la passion de l'Europe. Voilà pourquoi l'Europe, pour moi, ce n'est pas un choix : on est dedans !
Mon premier contact avec l'Europe ? Un prisonnier allemand, ouvrier agricole à la maison, quand j'étais tout petit. Mon grand-père, blessé à Verdun, hésitait à me laisser jouer avec lui, mais jamais il ne m'en a empêché, et jamais n'a eu un mot de haine ni de mépris par rapport à cet "ennemi vaincu", venant d'un pays qui nous avait fait tant de mal.
Puis, un autre ouvrier agricole, un Polonais, qui travailla un certain temps à la ferme, et nous parlait de son pays. J'allais voir dans mon livre de géo où se trouvait cette nation et ce qu'elle était.
Au séminaire des Herbiers, rencontre avec des religieuses d'origine italienne, qui tenaient l'établissement, dont une compatriote de Jean XXIII : j'étais très curieux déjà de tous ces divers pays.
Puis, les contacts quotidiens, tandis que je travaillais à l'hôpital de Grenoble, avec des Espagnols qui avaient fui la dictature de Franco, des Italiens, nombreux à Grenoble, des Turcs, des Russes, qui m'ont inscrit à un voyage en URSS, auquel finalement je n'ai pu participer, mais cela m'a marqué.
Puis, le temps des voyages à travers l'Europe, en voiture avec des amis, mais en stop le plus souvent, avec des formidables rencontres : ces paysans croates nous faisant visiter leurs champs, ces religieuses serbes nous expliquant à voix basse ce qu'elles enduraient derrière le rideau de fer, ces Turcs d'Istambul nous invitant à passer quelques jours avec eux dans les îles au Prince, cette jeune femme grecque nous apportant une branche de cerisiers couverte de fruits succulents, ces jocistes nous faisant visiter la Belgique avec enthousiasme, ces orthodoxes dont nous avons partagé la prière dans divers pays d'Europe, ces habitants de Chypre nous expliquant la situation difficile sur leur île.
Belle découverte de l'Europe aussi en... Afrique, au Mali et ailleurs, au hasard de mes déplacements, avec un engagement missionnaire aux côtés de prêtres et de soeurs anglais, allemands, belges, suisses, slovènes, espagnols, hollandais, italiens, irlandais, polonais...
Pas toujours évident de s'entendre sur des priorités pastorales avec un curé flamand, un économe hollandais, un supérieur de séminaire italien, et tout à l'avenant ; mais je crois que c'est là que j'ai compris et expérimenté, par la fraternité et par les tripes, que l'Europe était quand même un beau continent, représentant notre avenir !
mardi 20 mai 2014
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.778 : La passion de l'Europe
Publié par
Olivier Gaignet
à
22:27
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