Lorsque je me suis procuré ce fameux livre de Pierre Lemaître, au Super-U de Mortagne, il y a un ou deux mois, on était loin de se douter que cet ouvrage obtiendrait le Prix Goncourt, bien mérité pourtant. Le premier chapitre est impressionnant, et l'on se sent oppressé lorsque l'auteur raconte comment le poilu Albert, asphyxié dans un trou d'obus, sent sur lui la mort arriver. Sa dernière pensée est pour sa femme : "Alors, au revoir, au revoir là-haut, ma Cécile, dans longtemps."
Là-haut, où ça ? Au ciel, bien sûr ! Ce matin, sur France-Culture, un historien expliquait quelle place importante eut la religion dans les tranchées. Quel paradoxe, alors que l'Etat, en France, venait de prendre plus que des distances avec l'Eglise ! Comme quoi...
Ce matin, pas loin de cent ans après, en l'église de Mortagne, nous avons rendu hommage, comme l'a écrit le poète Charles Péguy, "à ceux qui sont morts pour quatre coins de terre, dans les grandes batailles, couchés dessus le sol à la face de Dieu." Très concrètement, sur la commune, 154 jeunes hommes ont ainsi donné leur vie pour notre pays : 95 à Mortagne, 21 à Evrunes, dont 3 frères, et 38 à Saint Hilaire de Mortagne. Nous pouvons trouver la liste de ces morts pour la France sur un monument dans chacune de ces trois églises, le plus significatif se trouvant en l'église Saint Hilaire, celle dont l'avenir semble incertain. L'artiste y a sculpté un poilu, gisant à terre, la tête reposant sur son barda et son casque. Auprès de lui, la palme qui symbolise son sacrifice, et la couronne de lauriers réservés aux héros victorieux. L'une de ses mains est posée sur son fusil tandis que, de l'autre main, autour de laquelle est enroulé un grand chapelet, il tient encore solidement la hampe du drapeau de la patrie, dont les plis amples enveloppent son corps.
Au revoir là-haut, vous tous ! Et puisse votre sacrifice n'avoir pas été stérile, comme en témoigne le lien actuel avec nos frères Allemands ! Lorsque j'étais au Mali, les Maliens m'ont souvent fait part de leur étonnement face à l'amitié franco-allemande, après tant de guerres fratricides entre nos deux peuples. Mais pourquoi, sur d'autres continents, de la même façon, avec le temps et l'engagement de chacun, dans le souffle de l'Esprit, les choses ne s'apaiseraient-elles pas un jour de la même façon ?
lundi 11 novembre 2013
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.729 : "Au revoir là-haut"
Publié par
Olivier Gaignet
à
22:38
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