Je ne sais pas si vous avez eu la chance de voir le très beau film de Pedro Almodovar, "Volver" ; il s'ouvre sur la scène suivante : des femmes de tous âges, veuves ou orphelines, vêtues de blouses colorées, nettoient les tombes de leurs proches, époussètent avec frénésie le marbre gris de la tombe où repose leur enfant, leur mère ou leur mari... Cela ressemble à un tableau animé, où se mêlent étrangement la gravité de l'endroit et la drôlerie presque joyeuse de ces femmes, qui continuent de manifester ainsi la profondeur de l'amour qui les relie toujours à leurs chers défunts.
Il est une expression heureuse que l'Eglise catholique a retenue depuis quelque temps, c'est celle de "Messe du souvenir", à propos des messes pour ceux qui nous ont quittés. Confier nos défunts au Dieu des vivants, entretenir leurs tombes, parler d'eux en famille ou avec les amis, voilà bien ce qui permet à chacun de pouvoir traverser le deuil, le coeur pacifié.
La mort d'un être cher, en effet, désoriente ceux qui restent : la vie quotidienne est à envisager autrement ! Sans oublier qu'au niveau économique, même si là n'est pas le plus important, les conséquences sont parfois très lourdes. En un mot, il faut tout repenser, pour pouvoir continuer à vivre.
Les cérémonies de ce jour, où l'on va faire résonner, sous les voûtes des églises, les prénoms et noms de tous ceux qui nous ont quittés depuis le 2 novembre de l'année précédente, vont aider les participants éprouvés à faire un pas de plus dans le lâcher-prise et l'espérance. L'orgue, les chants, les cierges du souvenir que l'on va allumer, les textes du jour de la liturgie, tout cela va permettre d'exprimer une relation qui ne veut pas mourir, ou plutôt, qui ne peut pas mourir.
Dans une de ses fables les plus émouvantes, que je vous invite à relire, "La Mort et le Mourant", La Fontaine, mettant en scène un vieillard qui n'a pas du tout envie de quitter cette existence, l'invite à accueillir cet inattendu avec le sentiment suivant : "je voudrais qu'à cet âge, on sortît de la vie ainsi que d'un banquet." Nous n'en sommes pas là ! Et pourtant, n'avons-nous pas, à l'occasion de ce jour des défunts, à réviser notre façon d'envisager notre propre fin ? Ne s'agit-il pas, en effet, de notre entrée alors dans la vie qui ne finit pas, et de voir enfin Dieu face à face ?
vendredi 2 novembre 2012
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.552 : Les morts ne sont pas oubliés
Publié par
Olivier Gaignet
à
08:34
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