Hier soir, à Evrunes, au cours de l'homélie de la Toussaint, j'ai chantonné brièvement quelques paroles de cette célèbre chanson de Michel Polnareff, écrite en 1972, il y a déjà 40 ans ! Comme le temps passe... Quelques paroissiens m'ont accompagné, avec un sourire amusé. Il est vrai que, quand on se remémore les paroles... : "Qu'on soit béni ou qu'on soit maudit, on ira, tout' les bonnes soeurs et tous les voleurs, tout'les brebis et tous les bandits, avec les saints et les assassins... N'aie pas peur de la couleur des flammes de l'enfer... Qu'on croie en Dieu ou qu'on n'y croie pas, on ira... Qu'on ait fait le bien ou bien le mal, on sera tous invités au bal... Avec les chrétiens, avec les païens, et même les chiens et les requins... On ira tous au paradis, surtout moi."
Diantre ! Quelle sauce à la guimauve ! Mais ça a bien pris, et nul n'a oublié le refrain ! Il est vrai que, dans la foulée de mai 68, si vous vous rappelez le contexte, on avait besoin de faire craquer les carcans, de se défouler, de se libérer aussi de cette image d'un Dieu gendarme, méchant, excluant de son ciel tous ceux qui ne suivaient pas les règles de l'ordre ecclésial établi. L'objectif était de changer Dieu, d'en faire un Dieu sympa, ouvert, douceâtre, un Dieu tout amour, mais genre sucette à la menthe : on peut faire tout ce qu'on veut ici-bas ; si Dieu est amour, il ne nous en voudra pas, et il est trop bon pour nous envoyer brûler en enfer désormais, quoi qu'on ait fait !
C'est vrai qu'un Dieu juge, au message culpabilisant, ne correspondait sans doute pas au Dieu de la Bible, ni au Jésus de l'Evangile, qui nous a révélé l'infinie compassion d'un Dieu "qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et tomber la pluie sur les justes et les injustes" (Matthieu 5/45). Mais, d'un autre côté, n'est-il pas nécessaire de croire que le mal ne sera jamais traité comme le bien, que le mal ne gagnera pas, que les tortionnaires, les violeurs, les abuseurs seront obligés de rendre compte de leurs actes, qu' "ils ne l'emporteront pas en paradis", pour reprendre la formule populaire ? Ce qui ne signifie pas qu'ils seront condamnés pour toujours, mais ça ne se passera pas comme si rien n'avait été.
Quant à lui, niant toute idée de jugement, Michel Polnareff certifie qu' "on ira tous au paradis", comme s'il s'agissait d'un droit acquis. Alors que, de même que des parents posent des limites à leurs enfants, ce qui ne les empêche pas de les aimer, le message biblique nous rappelle aussi ceci : "devoir répondre un jour de nos actes, c'est cela qui fait de nous des adultes, convoqués à dire "je" devant le Dieu de vérité. Nous serons jugés à la façon dont nous avons cultivé nos talents", ainsi que l'écrit le pasteur protestant suisse Daniel Marguerat dans son récent ouvrage intitulé justement "Nous irons tous au paradis", mais aussi, à la façon dont nous aurons respecté nos frères.
En fait, "au soir de notre vie, comme l'a écrit saint Jean de la Croix, nous serons jugés sur l'amour", en fonction des choix que nous aurons faits ou non !
jeudi 1 novembre 2012
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.551 : "On ira tous au paradis"
Publié par
Olivier Gaignet
à
08:54
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