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Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

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Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



mercredi 19 mars 2025

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 3054 : La société devrait se faire soigner à l'hôpital

 Notre société est malade ! Nous entendons cela tous les jours, et nous le ressentons profondément. Elle attrape un peu toutes les maladies ; elle est se trouve sans protection contre les nombreux maux qui nous assaillent. En faire la liste serait sans fin : le cancer de la haine, la paralysie de ses membres les plus influents, la sécheresse des coeurs face aux guerres et aux catastrophes, une mauvaise circulation du sang, un sang impur qui ne peut plus jouer son rôle, un vieillissement précoce de nos artères vitaux, des bras et des jambes cassés par la peur et l'inaction face à la montée des extrêmes, le fait d'être sans voix, aphone,  face au mal qui s'étend, le rejet des pauvres, des malades et des étrangers, etc...

En réunion dimanche dernier avec une équipe de réflexion, j'expliquais qu'à mon avis, la société aurait bien besoin de faire soigner ses AVC, ses pertes d'énergie et ses fragilités, comme on le fait à l'hôpital. L'on m'a demandé de faire un billet à ce sujet ; mais j'ai déjà en partie traité cette question à travers des billets que j'ai rédigés étant hospitalisé.  Cependant, je vais reprendre aujourd'hui cette même argumentation, en reprenant, en vrac, divers exemples auxquels j'ai été sensible, du fond de mon lit.

La société française s'est donné l'égalité comme une valeur suprême ; il n'en est rien. Par contre, à l'hôpital, cet idéal est mis en oeuvre et respecté. Un cadre hospitalier m'a expliqué que l'objectif, à l'hôpital, était bien de donner une valeur égale à chacun. J'ai pu constater, à mon niveau, que les soignants accordaient bien la même importance à chacun, quoiqu'il en soit de son attitude et de sa situation. Le même sourire, les mêmes soins, la même attention à mon voisin de chambre qui traitait certaines soignantes de "connasses" qu'au curé que j'étais, ou à cette femme paumée qui était toujours un peu perdue dans les couloirs, à la recherche de sa chambre, ou à l'unijambiste qui clamait sa désolation.

Personnellement, durant un mois et demi, j'ai vraiment cru que je finirais mes jours dans une petite charrette ; au vu de la société, y compris d'un service dans l'Eglise, j'avais conscience que je ne valais plus rien, que j'étais devenu un improductif total, inutile à la société.  J'avais conscience que l'on dépensait de l'argent pour me soigner, mais dans quel but ? N'aurait-il pas été préférable d'orienter cet argent vers des objectifs plus rentables ?  J'avais un peu honte d'être devenu un poids lourd au sein de la société...  Et pourtant, des personnes sans cesse prenaient soin de moi ; des médecins passaient me voir tous les jours, prenaient de leur temps précieux pour faire le point avec moi, me redonnaient courage et espérance. Et toute personne qui me visitait me permettait de retrouver de l'énergie.

Des personnes, extérieures à l'hôpital, me disaient que je n'avais pas d'autre perspective que d'aller me garer dans une maison de retraite, pour le restant de mes vieux jours ; mais les soignants avaient d'autres perspectives pour moi que de me mettre ainsi, d'emblée, au rencart ; j'entends encore ces deux médecins, après un tel type d'intervention, me "consoler" en me disant : "On va s'occuper de vous ; on ne va pas vous laisser partir comme ça ; on a, au 4° étage de l'hôpital, un petit centre de rééducation ; nous allons vous y transférer, et on verra ce qu'il est possible de faire avec vous."  Je signale que, lors de cet échange, j'étais toujours  dans mon lit, incapable de bouger d'un millimètre mon bras et ma jambe gauches.  C'était un pari risqué de la part des médecins, de me donner ma chance jusqu'au bout !

Je vous ai déjà dit que j'ai trouvé à l'hôpital quelque chose qui est très rare, tant dans l'Eglise qu'au sein de la société, cette valeur suprême qu'est le sourire gratuit, et le don de soi. On ne trouve cela ailleurs que trop rarement. C'est pour toutes ces raisons et bien d'autres que je souhaite profondément que la société s'inspire davantage de ce qui se vit d'humain dans les lieux de soins. Un immense merci à tous les soignants !

Grâce à ce séjour à l'hôpital, j'ai découvert que ce n'était pas qu'un lieu de maladie, de souffrance, de mort, de désespérance ni d'échec ; mais qu'il s'y vivait de la bonté, de la fraternité, de l'entraide, du soin, de l'espérance, de la lumière et une belle humanité !



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