Blog de l'arche de Noé 85 n° 3048
Est-ce que je peux aller prier avec vous ?
Cela fait environ un mois que, à 2 ou 3 reprises, l'on m'a posé cette question, tandis que j'arpentais les grands couloirs du 4ème étage à l'hôpital.
Chaque jour, je découvre davantage combien le rôle de la prière est important, primordial, dans un tel lieu, qui n'a pourtant rien d'une chapelle, ni d'un endroit propice au recueillement.
J'ai donc eu, à diverses reprises, l'occasion unique de vivre de courts temps d'intercession et de louange, avec des malades, des soignants, des visiteurs, et y compris une doctoresse, très croyante et tout à fait motivée.
Un exemple : avec certaines soignantes, on s'est dit plusieurs fois, avec le sourire : " merci Seigneur pour la nuit qui commence ! Et fais, Seigneur, que les malades dorment bien ! "
Nombre de soignantes aiment bien blaguer, et elles me lancent, avec un grand sourire : " Alors, Monsieur le Curé, on a fait sa prière ce soir ? " Autant d'occasions de les prendre au mot, et de partager brièvement avec elles, les veilleuses de nuit surtout qui ont un peu plus de temps, quelques pieux échanges : du genre " merci, pardon, s'il te plaît Seigneur ..."
Ce dimanche, une soignante surgit dans ma chambre : " Votre ami protestant, le pianiste, vient de se mettre à jouer de son instrument. Une infirmière de son service vient de me téléphoner pour que je vous avertisse, afin que, si vous voulez, vous puissiez aller l'écouter. "
Et me voila parti pour le rejoindre dans sa chambre, tandis qu'il joue au piano la musique de chants protestants qu'il connaît bien.
Pour moi, c'est évidemment un temps de prière, et de louange partagée. Cerise sur le gâteau, l'infirmière qui m'a fait venir est là également, bien que son temps soit compté. Je la sens heureuse et impliquée.
Dimanche après-midi, une soignante m'envoie sur mon portable un très beau cantique, " Grâce infinie ", que les protestants Baptiste ont chanté lors du culte en matinée aux Nouettes. Elle fait partie de leur chorale.
Oui, on peut prier à l'hôpital. A condition bien sûr de respecter la neutralité, et de ne pas imposer quoique ce soit à d'autres.
Il y a deux choses qui me paraissent essentielles en de tels lieux : les soins, et la prière ; autrement dit : le sourire des soignants (ainsi que des visiteurs et des familles), et le sourire de Dieu.
J'essaye donc d'être souriant moi aussi, de saluer tout le monde, même très sobrement, dans les couloirs : soignants, malades, visiteurs ...
De façon plus invisible, en passant devant chaque chambre, je confie au Seigneur le malade qui s'y trouve, dont, le plus souvent, je ne vois même pas le visage. Mais que de souffrances cachées, que je n'ose même pas imaginer.
Ainsi celles du monsieur dans la chambre voisine de la mienne, qui est là depuis un an ... Je n'en dis pas plus ! Et il ne bouge pas de son lit, ne répond pas à mes saluts...
Je crois beaucoup en la prière ! La prière des autres m'a soutenu et m'a sauvé de la déception. Prier, c'est à peu près tout ce que je peux faire désormais, pour servir Dieu et l'humanité. Ce n'est pas une tâche au rabais ! Que l'Esprit Saint me permette d'être fidèle à cette belle mission !
(texte du Père Olivier enregistré par son ami Jean-François)
1 commentaires:
"Prier, c'est à peu près tout ce que je peux faire désormais, pour servir Dieu et l'humanité." nous dis-tu…
Et aussi continuer à nous partager tes pensées, la vie que tu mènes à l'hôpital, à travers tes billets, et grâce à ton ami Jean-François que je remercie, comme chacun de tes lecteurs j'en suis certaine. C'est important !
En union de pensée et de prière pour tous les souffrants !
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