Blog de l'arche de Noé 85 n° 3041
L’Évangile et l’Église à l'hôpital
Ce dimanche 9 février, c'est le dimanche annuel de la santé. A cette occasion, le pape François a publié un très beau message, intitulé : " L'Espérance ne déçoit pas." (Romains 5/5). Vous le trouverez facilement sur Internet. J'en extrais seulement l'appel suivant, correspondant à ce billet :
" Arrêtons-nous pour réfléchir sur la présence de Dieu auprès de ceux qui souffrent, en particulier sous trois aspects : la rencontre, le don et le partage."
Depuis un mois et demi que je suis à l'hôpital, où je suis arrivé le lundi 23 décembre, ce qui fait 45 jours, il ne s'est pas passé une journée sans que je fasse l'expérience d'être vraiment au cœur du Peuple de Dieu.
Au milieu des gens : malades, blessés, souffrants, mais aussi les soignants : docteurs, infirmières, aides-soignantes, kinés ; également agents chargés du nettoyage, de l'entretien, des repas, ainsi que les visiteurs, les familles et toute cette foule qui fait vivre et anime l'hôpital.
Au départ, j'étais un malade anonyme ; mais plus ça va, plus je suis reconnu comme prêtre. Ce qui entraîne une richesse d'échanges auxquels je ne m'attendais pas.
Récemment par exemple, l'on est venu me demander si j'accepterais d'aller faire un temps de prière auprès d'une personne en fin de vie. Je n'avais pas mon col romain, mais en survêtement, j'y suis allé quand même sur mon fauteuil roulant. L'après-midi, la belle-fille est venue m'apporter une boîte de chocolats.
Un soir, une soignante m'a demandé si je pouvais l'aider à préparer la rencontre pour préparer le baptême de son enfant. Le prêtre lui avait demandé de venir avec un texte biblique. Nous y avons réfléchi ensemble.
Une autre fois, c'est une jeune Baptiste (protestante) qui est venue discuter. Elle fait partie de la chorale de l’Église Baptiste des Sables d'Olonne, qui se réunit depuis 25 ans à la salle des Nouettes, au Château d'Olonne, que j'avais offerte comme lieu de culte aux Baptistes vers l'an 2 000.
Merveille des merveilles : ce vendredi 7 février, cette jeune soignante Baptiste est repassée me voir, et m'a invité à aller rencontrer son ami Christian, Baptiste lui aussi, qui a pu apporter son petit piano dans sa chambre, à condition d'en jouer un peu en sourdine. A la fin de notre échange, je lui ai demandé s'il pouvait me jouer un petit morceau. Il m'a joué celui qu'il avait sous les yeux, dans son livret de partitions, le célèbre cantique " A toi la gloire ", sur la belle musique de Haendel . Et nous voilà tous les deux, la porte de sa chambre grande ouverte, à jouer et chanter ensemble : " A toi la gloire, ô Ressuscité, à toi la victoire, pour l’Éternité ! "
Encore une belle victoire sur la maladie et sur toute mort !
Un jour, 3 soignantes, assises sur mon lit, sont restées dialoguer une bonne demi-heure, par rapport à Dieu, à la foi, à l’Église. En posant de vraies questions.
Un certain nombre, surtout ceux qui viennent me rendre visite, savent que je célèbre régulièrement la messe dans ma chambre, sur mon petit bout de table, où le Christ est présent.
De temps en temps, l'on m'apporte aussi la communion comme à un malade comme les autres. C'est le cas de Lydie, l'aumônière de l'hôpital, que j'avais fait nommer à ce poste il y a 17 ans, tandis que j'étais curé des Sables d'Olonne : un beau temps de prière partagé avec elle chaque fois.
Protestants, Juifs, Bouddhistes passent également me voir régulièrement. Merveilleux soutien interreligieux.
Les soignants sont étonnés de voir autant de personnes qui passent me visiter. Je leurs dis : " C'est cela, les chrétiens, des personnes très solidaires, et qui m'aident à tenir le coup." Ils sont surpris de voir tout ce que ces gens font ; laver mon linge, m'apporter ce dont j'ai besoin, veiller sur moi ...
Mais plus que cela, je sens vraiment un esprit proche de l’Évangile, quand je vois la manière dont la plupart des soignants prennent soin des malades, les encouragent, les guident et donnent le meilleur d'eux-mêmes pour les servir.
Un jour, alors que je n'allais pas bien du tout, au début, j'ai dit à 3 soignantes qui étaient en train de me changer : " Je vous remercie ! Vous êtes vraiment courageuses pour faire ce service difficile, de nettoyer les malades et les soulager ". L'une d'entre elles m'a répondu et c'était au début, où l'on ne savait pas encore trop que j'étais prêtre : " Vous, les prêtres, vous faites tellement pour nous ; c'est bien normal que, à notre tour, on fasse beaucoup pour vous ! " Cela m'a profondément ému !
Actuellement, c'est même plusieurs fois par jour, parfois, que j'ai l'occasion d'échanger, au plan de la foi en Dieu, avec des soignantes, même si c'est souvent brièvement, par allusions, ou sous forme de questions, de réflexions. Et je dois sans cesse rendre compte de ma foi : " Ça vous a plu d'être prêtre ? ". " Vous écrivez beaucoup " (j'écris à la main les billets pour le blog que Jean-François tape ensuite pour vous à l'ordinateur).
Un jour j'ai dit à plusieurs soignantes comment aller sur mon blog, en tapant " blog d'Olivier Gaignet ". Dans ma chambre même, sur leur ordinateur de travail, elles sont alors allées sur mon blog, l'ont regardé et m'ont demandé, surprises, intéressées, pourquoi je faisais tout ça ? Impressionnées en constatant le chiffre affiché de 860 000 connexions. Elles ne pensaient pas qu'un prêtre pouvait faire des choses comme ça.
Tels sont quelques brefs échos de ce qui peut se mener comme vie d’Église dans un hôpital aujourd'hui !
(texte du Père Olivier GAIGNET enregistré par son ami Jean-François)
4 commentaires:
C’est génial Olivier ce que tu nous partages. Merci et tellement heureux de te voir aller mieux.
👌👏🏼🫶🙏🏽
Ce billet m’a émue jusqu’aux larmes, mais ce n’est pas vraiment étonnant! Tu es un vrai prêtre, merci mon Dieu! Tu profites de TOUT pour annoncer la Bonne Nouvelle : Dieu nous aime et nous sauve!
Quel Apostolat!
Votre témoignage de foi et d'espérance, c'est le chemin d'un prêtre hospitalisé et toujours au service. Sa vocation ne s'arrête pas. Merci !
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