Ce matin, lors du temps de prière à la synagogue des Sables d'Olonne, auquel j'ai participé en compagnie de Geneviève et Michel, membres de l'association "Dialogue pour la Paix" sur le Pays des Olonnes, un rabbin de Paris, en vacances aux Sables, qui présidait la prière, a commenté le fait suivant, très éclairant.
Cela s'est passé dans un quartier de New-York, en 1947. A la synagogue de cet endroit, les Juifs n'étaient souvent que neuf à se retrouver. Or, un quorum de dix hommes adultes est nécessaire à la récitation des prières les plus importantes de tout office ou cérémonie. Ils se demandèrent s'ils ne pourraient pas faire appel à d'autres Juifs de leur entourage. L'un d'eux alla voir une de ses connaissances, pour essayer de le décider à venir. Celui-ci lui répondit : "Il n'en est pas question ! Je ne veux plus avoir affaire avec le judaïsme. Dans le camp de concentration, il y avait un Juif qui était le seul à posséder un livre de prière. D'autres Juifs, désirant prier, lui demandaient de leur prêter son livre. Il leur disait : "D'accord, mais à condition que tu me donnes une de tes rations de nourriture." Cela m'a scandalisé, et j'ai décidé de ne plus avoir de relations avec une religion où il se vivait de telles choses".
A la synagogue, le petit groupe réfléchit à la situation, quand tout à coup, l'un d'eux déclara : "Et si l'on procédait autrement ? Tu vas aller dire à ton ami que de nombreux Juifs, dans ce camp, avaient besoin du livre, car ils désiraient prier, et que c'était surtout cela qui pouvait nous révéler si c'était une vraie religion." Le préposé retourna donc voir son compagnon, avec un tel argument : "Tu vois, c'est de cette attitude surtout qu'il faut tenir compte, pour savoir ce que c'est que la vraie religion, et non la façon de faire d'un individu qui est scandaleuse ! Ce n'est pas parce qu'un membre de notre religion se comporte mal que l'on doit rejeter la religion juive et se couper de tous ceux qui veulent la pratiquer et prier."
Le monsieur, réfractaire jusqu'ici à tout contact avec le judaïsme, comprit ce qui lui était expliqué, et accepta alors de rejoindre la synagogue de son quartier.
Cela a eu un grand impact, car cet homme, c'était Elie Wiesel, émigré à New-York après la guerre, et qui a joué un grand rôle, durant toute son existence, au service de la paix ; il fut, entre autres, Prix Nobel de la Paix en 1986.
Une leçon pour tous : ce n'est pas parce qu'un membre d'une religion, ou d'une institution humaine s'est égaré, ou a commis des fautes, que l'on doit condamner tous les membres de cette religion ou de cette institution !
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