Lors de la soirée d'ouverture des JO, un certains nombre de Français, un peu conscients, ont été choqués par le tableau où l'on présentait, avec une sacrée dose de mauvais goût, la reine Marie-Antoinette, la tête coupée, chantant : "Ah, ça ira, ça ira..." En mon for intérieur, j'ai imaginé alors que l'on aurait aussi pu montrer Samuel Paty, qui a eu également la tête coupée, chantant la Marseillaise à gorge déployée. Car, 230 ans après, il y a bien un lien entre les deux événements, tous les deux dignes de Daech, celui de l'idéologie de la Terreur : faire peur au peuple, et tuer la Fraternité. La Vendée en sait quelque chose, qui a été volontairement incomprise, rejetée, ravagée, massacrée, martyrisée, détruite, brûlée, abandonnée : 200.000 morts au moins entre 1793 et 1796.
Aujourd'hui, beaucoup de choses avancent de travers au sein de notre pays, plus divisé, plus épuisé que jamais. Beaucoup sont déçus et attristés par cette situation. Mais cette évocation de Marie-Antoinette prouve que la France n'est pas guérie de son péché originel. On n'hésite pas à en rigoler aujourd'hui, inconscients que ce péché des origines explique sans doute les haines, la préférence pour les options radicales et cette intransigeance qui sépare et oppose les citoyens chez nous, plus que dans tant d'autres pays environnants.
Parmi les victimes de la Terreur a figuré mon ancêtre collatéral, l'abbé Jean-Baptiste René Gaignet, né au Gué de Velluire en 1761.
Je ne vais pas vous barber en vous racontant toute sa vie. Ordonné prêtre en 1785, il fut nommé vicaire à l'île de Ré, puis, envoyé en poste à Doix, près de Fontenay-le-Comte, dans le sud-Vendée. Mais il prit position publiquement contre les décisions visant à supprimer la liberté religieuse et fit partie des nombreux prêtres "non-jureurs" qui ont refusé le serment à la constitution civile du clergé ; il fut alors condamné à l'exil, conduit aux Sables d'Olonne pour y prendre un bateau à direction de l'Espagne. Petite anecdote : à ceux qui l'avaient condamné, il répondit : "Vade retro, satana" ; la même réponse que fit l'abbé Jacques Hamel face à son assassin : "Retire-toi, satan."
Une fois débarqué à Bilbao, il se reprocha sa fuite et prit le bateau pour l'Angleterre, d'où il espérait pouvoir regagner la France afin d'y assurer un ministère, clandestinement. Le 16 juin 1795, il trouva enfin le moyen de rentrer ; le 27 juin, il débarqua à Carnac, avec 10 autres prêtres et un évêque. Malheureusement, ils furent presque aussitôt faits prisonniers. Jean-Baptiste-René arriva à s'échapper ; bon nageur, il regagna le bateau qui se trouvait encore au large. Mais, pris de remords, et ne voulant pas séparer son sort de celui de ses compagnons, il revint vers eux et se constitua prisonnier (!!!)
Les prêtres
n'avaient pas d'armes, bien sûr, et avaient débarqué en soutane. Le 27
juillet 1795, ils furent condamnés à mort ; je possède d'ailleurs le
texte du "jugement", qui commence par les quatre mots suivants : "Liberté, Humanité, Egalité, Justice".
Quelle dérision ! Quel mensonge ! Quelle impudence ! C'était vraiment
se moquer du monde ; notre pauvre République est vraiment née dans le
sang et sous de mauvais auspices ! Voilà pourquoi, de temps à autre,
sur ce blog, je me permets de rappeler vertement aux dirigeants de notre
nation qu'ils doivent purifier leur conception idéologique de la
Liberté, l'Humanité, l'Egalité et la Justice. Même si les
révolutionnaires avaient, comme par hasard (!), oublié l'essentiel : la FRATERNITE, heureusement rajoutée à nos idéaux en 1848, mais que nous avons tant de peine à faire exister, dans nos petits esprits limités.
"Qu'un sang impur abreuve nos sillons !"
Les soldats républicains témoignèrent du sang-froid des condamnés, l'indice d'une grande paix intérieure. Le 28 juillet, à Vannes, les condamnés, les mains liées derrière le dos, entre deux colonnes de soldats, au son du tambour, devant la foule assemblée, marchèrent vers le lieu du supplice. A la vue de ces condamnés, les habitants, émus et saisis de respect, versaient des larmes. Une fois arrivés, ces prêtres récitèrent la prière des morts, présidée par l'évêque de Dol de Bretagne. On aligna les condamnés le long d'un mur, le long de l'Allée des Soupirs, pour ceux qui connaissent Vannes. On les fit mettre à genoux, l'attitude qui convenait pour une dernière prière. Ils furent alors fusillés.
Rouget de l'Isle, témoin de la scène, mais extérieur à cette affaire, déclara par la suite : "Ils moururent avec courage et dignité." (lire "Historique et Souvenirs de Quiberon", p. 428). Merci, cher Rouget de l'Isle, pour cet hommage posthume ! Ensuite, après la fusillade, les exécuteurs dépouillèrent les prêtres de leurs vêtements, qu'ils allèrent vendre chez les fripiers de la ville. Les corps des suppliciés restèrent sur le lieu de l'exécution, dénudés et baignant dans leur sang. Selon les dires des témoins, les chiens purent venir à leur aise s'abreuver à ce "fleuve", devant la population indignée, mais impuissante. "L'étendard sanglant est levé... Qu'un sang impur abreuve nos sillons."
Dire que, dans les écoles de la République, l'on force les enfants à reprendre en choeur de telles paroles, si porteuses de haine, un exemple magnifique pour les terroristes de Daech et autres ! Personnellement, je suis brouillé avec le chant de la Marseillaise depuis toujours, et j'étais très mal à l'aise en l'entendant chanté lors de l'ouverture des JO.
Ensuite, les
corps furent jetés dans une fosse commune : pas de
sépultures ! Cependant, par la suite, une inscription en marbre,
toujours visible, fut placée sur le lieu de l'exécution. Puis, le 7
novembre 1814, les ossements mêlés furent transportés solennellement en
la cathédrale de Vannes et, au terme d'une grand-messe pontificale du
souvenir, en présence d'une immense foule, descendus dans un caveau
creusé sous le dallage de cette cathédrale.
Il n'y avait personne pour filmer ! Mais je tiens tous ces détails du livre écrit en 1925 par le chanoine Boutin, non seulement sur Jean-Baptiste René Gaignet, mais aussi à propos de deux de ses compagnons fusillés avec lui : Jacques-Pierre Gouraud, ex-curé de Mareuil, et François-Pierre de Rieussec, ex-vicaire général de Luçon. Ce livre a été écrit à partir de nombreux témoignages recueillis et validés historiquement. En se basant entre autres sur un ouvrage intitulé "Les Martyrs de la Foi", écrit dès 1799 et publié en 1821 par un abbé Guillon. Quant à moi, je respecte la République, mais je n'oublie pas le mal terrible fait par la République, lors de ses origines sanguinaires, à ma famille, à la Vendée, et au peuple français!
Cher cousin lointain, Jean-Baptiste René, tu es pour moi un exemple et un modèle. Merci de ton courage et de ta Foi, et veille bien sur nous !
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