Le 7 avril dernier, le Vatican a publié une déclaration intitulée "Une dignité infinie" (sur la dignité humaine). Cela tombe à point pour nous aider, en France, à savoir quelle attitude avoir par rapport au projet du gouvernement sur cette question. Ce document est remarquable. Il aborde un certain nombre de questions relatives à la dignité humaine, comme le drame de la pauvreté, la guerre, l'avortement, les abus sexuels, l'accueil des migrants, etc. En voici quelques morceaux choisis, mais relatifs seulement à ce qui concerne la fin de vie, surtout les points 51 et 52.
Pour avoir le texte intégral, taper sur la barre de recherche : Dignitas infinita, texte Eglise de France.
1 - Une infinie dignité appartient à chaque personne humaine, en toutes circonstances, et dans quelque état ou situation qu'elle se trouve.
2 - Cette dignité a été reprise avec autorité dans la Déclaration universelle des droits de l'homme (10 décembre 1948) par l'Assemblée générale des Nations unies (75° anniversaire de ce document).
7 - Cette dignité ne peut jamais être effacée.
11 - La Révélation biblique enseigne que tous les êtres humains possèdent une dignité intrinsèque, car ils sont créés à l'image de Dieu. Etre créé à l'image de Dieu signifie donc posséder en nous une valeur sacrée. Chaque être humain est donc inviolable dans sa dignité.
15 - La dignité n'est pas accordée à la personne par d'autres êtres humains. Elle est intrinsèque à la personne, qu'elle soit ou non capable de l'exprimer de manière adéquate.
18 - La dignité de l'être humain provient de l'amour de son Créateur, qui a imprimé en lui les traits indélébiles de son image.
19 - En s'unissant à tout être humain par son incarnation, Jésus-Christ a confirmé que tout être humain possède une dignité inestimable. Les êtres humains sont d'autant plus "dignes" de respect et d'amour qu'ils sont plus faibles, plus misérables et plus souffrants, jusqu'à perdre leur "figure" humaine.
24 - Il existe de nombreux malentendus sur le concept de dignité, qui en déforment le sens. Certains proposent d'utiliser l'expression "dignité personnelle" (et droits "de la personne") au lieu de "dignité humaine" (et droits de l'homme), car ils n'entendent par "personne" qu'un "être capable de raisonner". L'enfant à naître n'aurait donc pas de dignité personnelle, pas plus que la personne âgée non autonomes ou les personnes souffrant d'un handicap mental.
26 - Le risque existe de limiter la dignité humaine à la capacité de décider de soi-même et de son propre destin, indépendamment de celui des autres.
51 - Les lois qui reconnaissent la possibilité de l'euthanasie ou du suicide assisté sont parfois appelées "lois sur le droit de mourir dans la dignité". Or, la souffrance ne fait pas perdre à à la personne malade la dignité qui lui est propre de manière intrinsèque et inaliénable, mais elle peut devenir une occasion de renforcer les liens d'appartenance mutuelle, et de prendre conscience de la valeur de chaque personne pour l'ensemble de l'humanité.
52 - La dignité de la personne malade dans un état critique ou terminal exige de chacun des efforts nécessaires pour soulager ses souffrances par des soins palliatifs appropriés, en évitant tout acharnement thérapeutique. Ces soins répondent au devoir de comprendre les besoins du malade : besoins d'assistance, soulagement de la douleur, besoins émotionnels, affectifs et spirituels. Mais un tel effort est distinct et même contraire à la décision d'éliminer sa propre vie ou la vie d'autrui sous le poids de la souffrance. La vie humaine, même dans sa condition douloureuse, est porteuse d'une dignité qui doit toujours être respectée. Il n'y a pas de conditions sans lesquelles la vie humaine cesse d'être digne et peut donc être supprimée. Aider la personne suicidaire à mettre fin à ses jours est donc une atteinte objective à la dignité de la personne qui le demande, même s'il s'agit de réaliser son souhait. Nous devons accompagner les personnes jusqu'à la mort, mais ne pas la provoquer ni favoriser aucune forme de suicide. Le droit au traitement et aux soins pour tous doit toujours être prioritaire, afin que les plus faibles, les personnes âgées et les malades, ne soient jamais écartés. En effet, la vie est un droit, non la mort ; celle-ci doit être accueillie, non administrée. Et ce principe éthique concerne tout le monde, pas seulement les chrétiens. Car la dignité de chaque personne implique la dignité de tous.
64 - L' Eglise demande que le respect de la dignité de la personne soit placé au centre de l'engagement pour le bien commun et de tout système juridique.
2 commentaires:
Merci d'avoir déposé ce document qui va bien nous aider.
Il est très intéressant.
Je rejoins ce qui est est dit dans cette déclaration !
Je suis toujours agacée par cette expression "droit de mourir dans la dignité" comme si l'on n'était plus "digne" en mourant autrement !
L'ACAT défend cette notion de "dignité intrinsèque à toute personne en toutes circonstances"... même si c'est quelquefois difficile.
Merci pour ce partage !
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