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Vous avez des choses à dire...
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Vous attendez des réponses à vos questions...


...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



vendredi 2 février 2024

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2913 : "Ah bon, votre père était "un glaiseux" ?"

 Je suppose que dans notre histoire, chacun de nous traîne quelques mauvais souvenirs ! Permettez-moi de vous en partager un. C'était en septembre 1988.  Après neuf années vécues comme missionnaire au Mali, je venais d'être nommé, par la Conférence des évêques de France, responsable de la Mission Universelle dans notre pays, ainsi que du suivi des 150 prêtres Fidei Donum envoyés aux quatre coins du monde, Amérique latine non comprise. J'atterrissais ce soir-là à la maison diocésaine de Paris, rue Vaneau. Je me suis retrouvé alors en "compagnie" d'une quinzaine de prêtres, tous comme moi en diverses responsabilités nationales. Ceux-ci m'ont demandé qui j'étais, d'où je venais, quelles étaient mes origines. Lorsque j'ai fait savoir que j'étais fils d'agriculteur, l'un des prêtres présents, sulpicien, ami du nonce apostolique, réagit alors ainsi : "Ah bon, votre père était un glaiseux ?"  L'instant d'une seconde, je me suis demandé comment ce prêtre, apparemment intelligent, pouvait réagir ainsi, et si c'était du lard ou du cochon. Mais il n'avait pas du tout l'air conscient, ni gêné de ce qu'il venait de dire. Et moi de lui répondre alors, calme, mais courroucé : "Oui, mon père était un glaiseux, et j'en suis fier !"  Il se fit alors un grand silence autour de la table et, un peu susceptible, je crois me souvenir que j'ai fait une sale tête pendant le reste du repas, conscient de me trouver entouré de prêtres d'un tout autre milieu, supérieur bien entendu, comme j'ai pu le vérifier ensuite, dans ce monde parisien.  J'ai découvert d'ailleurs assez vite que j'étais le seul à être originaire du monde agricole, au sein de cet aréopage.

J'oubliais ! Tout à fait gentiment c'est vrai, mais totalement inconscients, ils ont ensuite eu le culot de me demander si je disposais d'une maison en bord de mer, "moi qui avais la chance de vivre en Vendée", pour pouvoir m'y reposer !!! Je tombais vraiment de haut !

Si je raconte ce souvenir, c'est en lien, bien sûr, avec ce que vivent les agriculteurs aujourd'hui. Rien n'a changé ! Il y a toujours une intelligentsia qui prétend savoir comment gérer les problèmes du monde paysan et qui continue de les regarder de haut.  Que ne leur reproche-t-on pas ?  Inutile que je vous fasse la liste de ce dont on accuse ces maudits "glaiseux" !  Par contre, il semble que la plupart des gens les soutiennent ; mais, face aux agriculteurs incompris depuis trop longtemps, les responsables politiques, très forts en paroles, ne sont manifestement pas à la hauteur quand il s'agit de passer aux actes. Question : quand nos responsables vont-ils enfin prendre en compte leurs raisonnables doléances ?

Il y a urgence en effet.  Pour ne prendre qu'un exemple, selon la MSA, la sécurité sociale agricole, il existe 31% de suicides en plus chez les agriculteurs que dans le reste de la population. C'est d'ailleurs l'une des principales causes de décès dans la profession.

Les études montrent que, depuis les années 60, les agriculteurs se suicident davantage. Les chiffres font état d'un suicide d'agriculteur tous les deux jours en France, soit 180 par an, une tendance qui ne cesse de croître. Les agriculteurs ont le sentiment de travailler énormément pour un très faible salaire. Un ensemble de facteurs qui s'ajoutent aux contraintes économiques ; les agriculteurs sont en effet soumis aux prix du marché qui leur échappent, sans parler des contraintes environnementales et climatiques.  Les dettes qui s'accumulent peuvent conduire à la dépression.

Lorsque l'on est originaire du milieu rural, et que l'on a vu ses parents, ses frères et soeurs parfois aussi, se lever à des heures impossibles, se battre contre l'administration et les éléments, l'on ne peut que souhaiter que l'on rende enfin justice à ce monde si utile, mais trop délaissé. Les "glaiseux" eux aussi ont le droit de vivre, de respirer, de gagner leur pain à la sueur de leur front et de servir notre pays !  Merci pour eux !

2 commentaires:


Anonyme a dit…

Mon père était "glaiseux", un de mes frères et une de mes soeurs aussi. J'ai donc le plus profond respect pour leur travail et je suis malheureux de penser qu'eux et comme tant d'autres n'arrivent pas à vivre de leur dur travail. Je m'associe donc à ceux qui leur rendent hommage et qui les soutiennent, notamment les évêques de France. Je regrette cependant que ce soutien ne soit pas assorti de la mise en cause du modèle productiviste qui les a conduits dans cette impasse.Le revenu des agriculteurs stagne tandis que le panier du consommateur subit des hausses de plus de 20%. Où passe la différence ? On ne peut pas critiquer nos gouvernants de ne pas faire ce qu'il faudrait, sans s'interroger sur le rôle des grands syndicats agricoles dans la politique agricole de notre pays. Celle-ci favorise toujours les plus gros et écrase les plus petits.

Anonyme a dit…

Je viens d'envoyer un commentaire du blog n°2913. J'ai oublié de le signer avant de l'envoyer. Je vous prie de m'excuser pour cette inattention. Voici donc mes coordonnées : Gérard Godet, 22 rue des alouettes, 85130 Chanverrie