Je vous propose une réflexion du Père Christophe Le Sourt, prêtre du diocèse du Mans, responsable au sein de l'Eglise de France du SNRJ (Service National des Relations avec le Judaïsme) :
Comment ne pas être dans la sidération en lisant les statistiques officielles du ministère de l'Intérieur, qui attestent d’une augmentation vertigineuse, ces dernières semaines, des actes antisémites dans notre pays. Hier, nous apprenions que dix tombes juives ont été profanées dans un cimetière du département de l’Oise. Or, rappelons-le, étymologiquement, profaner, c’est « souiller ce qui est sacré ». Le respect des morts est, anthropologiquement, constitutif de notre humanité. Dimanche dernier, nous étions nombreux à marcher dans les rues de Paris et de nombreuses villes de France, afin de signifier notre attachement aux valeurs de la République et notre commune volonté de lutter contre toute forme d’antisémitisme. S’agissant de la fraternité, dont le mot est gravé sur les frontons de nos édifices publics, il est essentiel de souligner qu’elle ne doit pas rester une abstraction, mais la qualification de nos relations, au quotidien, avec tous nos concitoyens. Force est de constater que d’aucuns, pour de sordides intérêts politiques, importent chez nous ce qui se passe en Israël et à Gaza. Or, là, précisément réside un piège mortifère. Dans cette insondable confusion, plus que jamais, nous sommes convoqués au courage de l’explication. C’est-à-dire, défaire, par des mots précis et apaisés, les plis d’une réalité complexe et douloureuse. Oui, il faut redire, tout à la fois, ce que fut la barbarie terroriste du Hamas le 7 octobre dernier, réclamer la libération de tous les otages, réaffirmer le droit pour les palestiniens à avoir un État viable et concomitamment dénoncer, avec force, la volonté de délégitimer celui d’Israël à exister. Vladimir Jankélévitch, dès 1971, avait la prémonition de l’apparition d’un nouvel âge idéologique et rhétorique « L’antisionisme est l’antisémitisme justifié, mis enfin à la portée de tous. Il est la permission d’être démocratiquement antisémite. » Nous y sommes. Ne laissons pas s’installer dans les esprits l’idée qu’il y aurait un prétexte à la haine antisémite.
Père Christophe Le Sourt
(1) Vladimir Jankélévitch in « Pardonner ?» 1971 Edition Roger Maria |
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