Les conditions matérielles, même modestes, sont bien plus confortables en Europe qu’en Afrique. À demi-mot, de nombreux prêtres reconnaissent qu’elles peuvent constituer un attrait non négligeable pour leurs collègues expatriés. Même si elles ne représentent pas l’unique motivation.

« Je peux les comprendre, parce que chez nous l’horizon est limité, reconnaît Mgr Ganyé, mais je leur conseille de se mettre d’abord au service de nos diocèses, en particulier dans le Nord. »

87 prêtres béninois en France en 2011 (bien plus en 2023)

Dans ces régions extrêmement déshéritées de ce petit pays de huit millions d’habitants, la situation des prêtres est souvent très précaire : faute de moyens, les diocèses ne peuvent prendre en charge les frais financiers du clergé, qui incombent alors aux fidèles, eux-mêmes en grande difficulté.

Paradoxe : alors que la France accueille 87 prêtres béninois, elle envoie encore des prêtres missionnaires dans ces zones défavorisées où l’Église a souvent laissé la place à des communautés évangéliques extrêmement dynamiques. Or, dans l’exhortation apostolique post-synodale remise aux évêques d’Afrique le 19 novembre, Benoît XVI a recommandé à leurs diocèses d’être eux-mêmes missionnaires à travers le continent…

Lors d’un symposium organisé à Cotonou quelques jours avant la veille de la visite du pape au Bénin, l’attitude de l’Église de France, accusée de « dépouiller » le clergé béninois de ses forces vives, a elle aussi été mise en cause.

L’échange doit rester provisoire

Ces interrogations soulignent la nécessité de placer l’envoi de prêtres sous le signe d’« échanges de coopération », selon l’expression de Mgr Thierry Jordan, archevêque de Reims, présent à cette réunion en sa qualité de membre de la Commission épiscopale pour la mission universelle de l’Église.

Une manière pour chaque Eglise de reconnaître ce que lui apporte sa consœur : une formation solide, à Rome ou en France, pour les séminaristes béninois. Un clergé jeune et dynamique pour les paroisses de France.

Malgré les difficultés rencontrées pour obtenir les visas. « Que votre administration se rassure, glisse Mgr Ganyé avec une légère amertume. Nous n’allons pas créer un diocèse du Bénin en France. Il faut, pour tout le monde, que la venue de nos prêtres reste provisoire. »