L'Eglise catholique en Afrique sait-elle gérer ses prêtres ?
Il est évident que nous sommes reconnaissants envers les prêtres africains, béninois ou autres, qui sont venus soutenir l'Eglise de France. Mais cela ne doit pas nous empêcher de nous poser, avec eux, mais aussi avec leurs évêques et le Vatican, quelques questions fondamentales...
Voilà ci-dessous un article de Bruno Bouvet, paru dans le journal "La Croix" fin 2011. Cet article est ancien ; cependant, je n'en n'ai pas trouvé de plus récent sur la question. Mais nous savons tous que, depuis 12 ans, la situation s'est largement dégradée, puisque chaque année, de nouveaux prêtres béninois aspirent à trouver un ministère en France, contrairement au souhait du Vatican et des évêques du Bénin. Il y a en effet d'énormes besoins dans le nord du Bénin, mais aussi sur l'ensemble du continent africain...
Voir également, sur le journal "La Croix" du mardi 7 novembre, page 6, l'éloquent courrier des lecteurs sur ce même sujet !
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D’abord, le discours se veut consensuel. « Il est bon que des prêtres béninois vivent une expérience à l’étranger et notamment en France. Ceci est profitable pour leur culture comme pour les pays qui les accueillent. »
Mais Mgr Antoine Ganyé, archevêque de Cotonou depuis août 2010, n’a guère besoin d’être poussé dans ses retranchements pour dresser un tableau plus nuancé de la situation. « Je demande aux prêtres qui sont candidats au départ de ne pas perdre leur personnalité au contact de la société européenne. Lorsqu’ils reviennent, ils doivent s’adapter. Ils font parfois preuve de suffisance et ne savent plus se mettre à la portée de la population. C’est le principal danger. »
Des conditions de vie plus confortables en Europe
L’archevêque de Cotonou convient aussi que l’Église du Bénin, riche de 600 séminaristes et de 1 035 prêtres, est confrontée à un problème crucial. Il est souvent plus tentant pour les prêtres africains de subvenir aux besoins des paroisses françaises que de celles de leur propre pays.
« Je peux les comprendre, parce que chez nous l’horizon est limité, reconnaît Mgr Ganyé, mais je leur conseille de se mettre d’abord au service de nos diocèses, en particulier dans le Nord. »
87 prêtres béninois en France en 2011 (bien plus en 2023)
Dans ces régions extrêmement déshéritées de ce petit pays de huit millions d’habitants, la situation des prêtres est souvent très précaire : faute de moyens, les diocèses ne peuvent prendre en charge les frais financiers du clergé, qui incombent alors aux fidèles, eux-mêmes en grande difficulté.
Paradoxe : alors que la France accueille 87 prêtres béninois, elle envoie encore des prêtres missionnaires dans ces zones défavorisées où l’Église a souvent laissé la place à des communautés évangéliques extrêmement dynamiques. Or, dans l’exhortation apostolique post-synodale remise aux évêques d’Afrique le 19 novembre, Benoît XVI a recommandé à leurs diocèses d’être eux-mêmes missionnaires à travers le continent…
Lors d’un symposium organisé à Cotonou quelques jours avant la veille de la visite du pape au Bénin, l’attitude de l’Église de France, accusée de « dépouiller » le clergé béninois de ses forces vives, a elle aussi été mise en cause.
L’échange doit rester provisoire
Ces interrogations soulignent la nécessité de placer l’envoi de prêtres sous le signe d’« échanges de coopération », selon l’expression de Mgr Thierry Jordan, archevêque de Reims, présent à cette réunion en sa qualité de membre de la Commission épiscopale pour la mission universelle de l’Église.
Une manière pour chaque Eglise de reconnaître ce que lui apporte sa consœur : une formation solide, à Rome ou en France, pour les séminaristes béninois. Un clergé jeune et dynamique pour les paroisses de France.
Malgré les difficultés rencontrées pour obtenir les visas. « Que votre administration se rassure, glisse Mgr Ganyé avec une légère amertume. Nous n’allons pas créer un diocèse du Bénin en France. Il faut, pour tout le monde, que la venue de nos prêtres reste provisoire. »
1 commentaires:
Bonjour père Olivier, Je suis bien heureuse de lire votre billet d’hier...ça m’irrite tellement de voir les prêtres étrangers chez nous ! Il faudrait plutôt aider l’Eglise de tous ces pays à mieux vivre et à répondre aux besoin sur place...mais entendre que c’est normal parce qu’à un moment de l’histoire nous les avons évangélisés !
Il y a tant à faire chez eux ! Et nous pouvons nous débrouiller seuls !
C’est tellement inadapté ! 13 prêtres africains en Vendée...
Merci et bonne journée.
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