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Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



dimanche 5 novembre 2023

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2879 : Réflexion à propos de la mort

 

Vianney Jamin a passé trois ans en tant qu’aumônier dans la maison de retraite du diocèse de Versailles, à accompagner nombre de ses locataires à l’approche de leur mort. En tant que prêtre, il est aussi régulièrement sollicité pour dispenser le sacrement des malades ou célébrer des enterrements. Voici, réalisée par Charlotte Gambert, une interview de ce prêtre, que vous pourrez retrouver sur le site du journal "La Vie".

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Selon vous, qu’est-ce qu’une bonne mort ?

C’est d’abord une mort que l’on a préparée, qui que l’on soit. La chose la plus universelle qui soit, absolument certaine pour toute personne, est qu’elle va mourir. Nous ne pouvons pas passer au travers. Mais nous pouvons nous dire, au moment de rendre l’âme : « J’ai rendu ma vie aussi belle que j’ai pu, j’ai essayé d’être bon, de transmettre ce que je pouvais à mes enfants ou à mon entourage, je suis en paix avec moi-même et avec les autres. »

Il apparaît donc vital de se poser la question de la mort. Ce n’est pas facile. Personnellement, je ne sais pas si je peux me dire aujourd’hui : « Si je meurs maintenant, c’est bien, je suis prêt. » D’ailleurs, je n’ai pas tellement rencontré de personnes parvenues à exprimer cela !

À l’inverse, je me suis parfois trouvé face à des aînés de 80 ans qui ne s’étaient jamais confrontés à la question de leur mort. Je trouve cela terrifiant ! Mais crier après la mort signe aussi une fuite ou une peur de la vie. Je doute que cette attitude aboutisse à une bonne mort.
Être prêt à mourir est paradoxalement vital : c’est souvent le signe d’une existence pleinement vécue. Le moment du trépas n’est plus celui de s’y préparer…

Penser à la mort peut être angoissant. Quels sont les appuis possibles pour se préparer ?

Adopter une posture de confiance et d’abandon s’apprend. La foi en Dieu et l’espérance en sa promesse de vie éternelle et bienheureuse y aident grandement. Vivre en attendant la résurrection, c’est génial, allons-y ! Si l’on ne croit pas en Dieu, la confiance et l’ouverture face à ce qui peut advenir à chaque instant demeurent une précieuse clé. L’élément commun demeure le suivant : avoir fait de son mieux tout au long de sa vie.

En tant que chrétien, on peut s’appuyer sur l’expérience de Jésus, lui-même passé par la mort et ressuscité. Les psaumes 21 et 22, souvent choisis pour la célébration d’obsèques, expriment ce soutien qu’il nous apporte : « Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure. »

Personnellement, j’aime beaucoup la prière de Charles de Foucauld : « Mon Père, je m’abandonne à toi, fais de moi ce qu’il te plaira… », même si elle est difficile à prononcer !

La vieillesse constitue vraiment un chemin vers l’abandon, qui peut paraître douloureux : on redevient petit enfant, dépendant, y compris pour les gestes intimes. Côtoyer nos anciens m’enseigne cet abandon requis pour bien mourir. « Nul n’entrera au Royaume s’il ne redevient un petit enfant », a annoncé le Christ (Matthieu 18, 3). Précisément, un enfant ne se pose pas la question de savoir s’il a fait le nécessaire pour recevoir la vie. Il lève les bras pour que son père le prenne dans les siens, sûr de la réponse !

Prier pour une bonne mort semble désuet aujourd’hui…

De fait, la mort est devenue totalement taboue. Notre société entretient l’illusion de tout maîtriser. « On verra bien le jour J », invite-t-elle à penser. Si bien que prier pour une bonne mort n’est pas un sujet. Je pense ce tabou très humain. Mais nous gagnerions tous à prendre conscience de notre fragilité et nous demander si l’on est prêt. Se rendre présent à chaque instant, sans s’enferrer dans le passé ou un hypothétique futur, peut y participer. Je préconise la devise Carpe diem, mais avec la présence de Jésus en plus !

Par ailleurs, prier pour une bonne mort est loin d’être vain. Au moment de mourir, même après une vie honorable, un mouvement de refus total peut survenir, d’où l’intérêt de cette prière, présente à chaque messe comme lors des offices, en particulier pendant les complies avec le cantique de Siméon : celui-ci a vu la réalisation de la promesse, celle d’un Dieu venu nous sauver – alors il peut s’en aller.

Si l’on peut parler de bonne mort, existe-t-il de mauvaises morts ?

Oui, soit que l’on se trouve complètement désespéré, ou que l’on ne soit pas prêt. Malheureusement, les exemples actuels sont légion, notamment les commandos suicides. Deux écueils peuvent se présenter quand la mort s’approche : se dire que toute sa vie est devant soi et que l’on n’a rien vécu, ou à l’inverse, penser que tout est derrière et que l’on n’a plus rien à vivre.

On dit souvent que l’on meurt comme on a vécu, c’est assez vrai car il devient compliqué de se retourner au dernier moment vers Dieu. Ce n’est pas impossible, l’histoire du bon larron le montre. Mais cela demeure sacrément difficile !

Vous qui en avez l’expérience, que conseillez-vous pour accompagner quelqu’un vers sa mort ?

À mes yeux, la première qualité de l’accompagnateur est l’humilité. Il doit mettre de côté ses propres appréhensions pour marcher aux côtés de celui ou celle qu’il accompagne. En trébuchant d’abord et en pleurant d’angoisse avec l’accompagné éventuellement. L’exemple typique est celui de Jésus à Emmaüs : il commence à marcher à côté de ses disciples et, seulement après, leur apporte ce qu’il peut leur donner. Le pape parlerait de synode !

Le chemin d’un individu vers sa mort est l’un des plus personnels qui soient. C’est un lieu sacré, qui requiert d’enlever ses sandales avant d’approcher et d’écouter avec tout son être ce que cette personne nous laisse percevoir de son mystère. Puis de partir de ce qu’elle donne pour offrir un peu de réconfort et de tendresse, la rassurer, voire prier avec elle.

Un autre prérequis, en tant que chrétien, est d’arriver en ayant prié au préalable. La meilleure façon de témoigner de sa foi est la manière d’être.
En tant que prêtre, je peux aussi donner l’onction des malades et au moment de la mort, le viatique : l’eucharistie. Face à un mourant, la question est : comment je me rends présent, comment je regarde ce corps parfois terrible à voir et pourtant infiniment digne.

Mourir dans la dignité, est-ce choisir sa mort ?

Je suis absolument convaincu que l’on ne peut pas mourir dans l’indignité. Car la dignité est intrinsèquement liée à l’humaine. Un mourant est digne, point. Mourir, c’est faire honneur à sa dignité. Ce qui peut être indigne, c’est le comportement que l’on peut adopter face à un mourant. À nous de l’entourer pour respecter cette dignité et l’aider à la respecter. Vouloir tuer ou retarder à tout prix sa mort au prix de souffrances supplémentaires n’est pas à la hauteur de la dignité, inaliénable, de la personne.

Quant à la question du choix, ce que l’on peut choisir est la manière de vivre ce qui advient. Dans ce sens seulement, nous pouvons dire qu’une bonne mort est une mort choisie. En cela, la vie propose un entraînement : on ne peut choisir la réalité ; pénible ou non, elle s’impose à chaque être vivant. Mais nous pouvons choisir la manière dont nous la vivons. Chaque jour offre la possibilité de construire sa liberté. Plus j’aurai pris l’habitude de discerner ce qui est beau et juste à l’instant T, mieux je pourrai vivre de la meilleure façon possible ma mort. En fait, le plus grand passage de la mort à la vie, c’est le baptême. Ensuite, il s’agit de vivre ce dernier de manière que la mort ne soit qu’un passage.

Sacrement des malades ou extrême-onction, quelle est la différence ?

Il n’y a qu’un sacrement des malades, ou onction des malades, précisément destiné à ces derniers, et non aux mourants. Le fait de le nommer « extrême onction » est une dérive pastorale, née à force de donner ce sacrement à l’article de la mort. Il devrait en principe être donné face au danger de la mort qui s’approche en raison de la maladie, afin de combattre celle-ci et de vivre, et non pour mourir. Ce sacrement a deux effets : remettre les péchés et donner la force de combattre. Il est donc préférable de le recevoir au début de la maladie !"

En cela, il se différencie du viatique de la communion, pain de la route donné pour traverser la porte de la mort et lui aussi sacrement de vie. Il n’y a pas de sacrement pour les morts.


3 commentaires:


Michel AUBINEAU a dit…

Bonjour Olivier,
"Précisément, un enfant ne se pose pas la question de savoir s’il a fait le nécessaire pour recevoir la vie. Il lève les bras pour que son père le prenne dans les siens, sûr de la réponse !
En rappelant le texte de ton confrère Vianney JAMIN, je te confirme que c'est mon espérance la plus forte :"Etre accueilli, au dernier jour, par celui qui m'a permis de vivre depuis le premier... en espérant "avoir fait ce que j'avais à faire (de mon vivant) dans tous les domaines."
Merci à nouveau pour tout ce qui 'transpire' de ton blog, joie, espérance, foi...

Elodie a dit…

Bonsoir Olivier,
Merci pour ce beau partage très riche et plein sens.

C'est important d'aborder le sujet de la mort car elle fait partie de la Vie et que nous devrons tous sans exception passer par là.

Je pense que la meilleure façon de se préparer à mourir, c'est d'œuvrer tout au long de sa vie à savoir "bien vivre ".

Une bonne mort pourrait être la mort d'un Homme qui été Bon (et Juste) de son vivant.

En cela, la prière, la confession, le sacrément des malade et l'extrême onction sont aussi des bâtons sur lesquels nous pouvons nous appuyer pour préparer cette grande "traversée ".

Cette image me fait penser au saut à la ningle qui par chez nous permettait aux anciens de passer d'une rive à l'autre.

J'aime aussi énormément réciten cette prière de Saint Charles de Foucauld " Mon Père, je m'abandonne à toi, fais de moi ce qu'il te plaira..."

N'oublions pas non plus les paroles de Sainte Thérèse se Lisieux : "Je ne meurs pas, j'entre dans la Vie"
AMEN.

Roland, prêtre a dit…

Olivier ,


en réponse à tes derniers billets , et à la réflexion sur la mort , je t'envoie un petit bout de mon homélie du 2 novembre - m'appuyant sur cette "expression de foi" de Christian Signol , écrivain du terroir , mais qui dans ce petit extrait d'un de ses romans "

* - (Ludivine) « Tout l’amour de nos pères » - Christian Signol


Dans un roman de Christian Signol *, que j’ai lu récemment, racontant la vie d’une femme médecin qui arrive au terme de son chemin de vie, j’ai trouvé ce beau témoignage d’espérance de l’auteur dans les paroles de cette femme : « J’ai côtoyé la mort pendant des années, et pourtant, je ne sais rien d’elle, sinon qu’elle m’a privée de ceux que j’ai le plus aimé. M’attendent-ils quelque part ? Je veux le croire et je n’ai pas peur. Car si personne ne nous attend de l’autre côté, s’il n’y a personne pour nous recevoir, nous ne le saurons pas et nous n’en souffrirons pas. Mais si nous sommes accueillis, au contraire, ce sera sans doute la plus belle fête qui nous sera accordée. Dans l’espérance de ces retrouvailles, je vais m’y préparer comme pour des noces éternelles »