Les prêtres africains en France sont de plus en plus nombreux, et cela ne surprend personne, quand on sait que la majorité des prêtres dans notre pays a plus de 75 ans. Dilemne pour les évêques : comment maintenir les messes et la sacramentalisation, s'il n'y a plus de prêtres disponibles pour les assurer ? Les prêtres originaires d'Afrique, et parfois aussi d'Asie ou d'ailleurs, quoiqu'en nombre moindre, sont alors les bienvenus. Il nous faut savoir les remercier de leur présence !
Sur le terrain, tout n'est pas simple : certains prêtres étrangers, pour des raisons diverses, sont bien acceptés et savent s'intégrer ; tandis que d'autres peinent à entrer dans notre culture ainsi que dans une autre vision d'Eglise, et à s'adapter aux pastorales locales.
Balayons d'abord les préjugés : les prêtres qui nous arrivent d'au-delà de nos frontières sont aussi intelligents, aussi dévoués, aussi dynamiques, sinon plus, que nos prêtres français. La 1° chose à faire, c'est de savoir les accueillir, les comprendre et les soutenir. Mais l'on attend aussi d'eux une certaine réciprocité : qu'ils sachent par exemple respecter la vie, les projets et l'histoire des Eglises locales.
Question : comment les prêtres qui sont envoyés en France sont-ils préparés ? Personnellement, avant d'être envoyé au Mali, à la demande de l'archevêque de Bamako, j'avais suivi une formation sérieuse de 2 ou 3 ans, où l'on m'avait indiqué comment me situer par rapport à l'Eglise de ce pays, son clergé et l'ensemble du peuple chrétien au Mali. Je n'oublierai pas ce que l'on m'avait dit lors de mon arrivée : "Gaignet, tu commences par fermer ta g... !" C'était très clair, et j'ai essayé de m'y conformer.
Lorsqu'un prêtre arrive dans un autre pays, il doit se situer en serviteur. Pas facile quand, en Afrique, le statut du prêtre est tout autre : ce sont les prêtres qui commandent ; tandis qu'en, France, la direction est plus collégiale, et davantage partagée avec des laïcs !
D'autre part, il faudrait que notre Eglise de France soit davantage adulte, et qu'elle sache enfin se prendre en main : sauf le respect que nous leur devons, ce n'est pas aux prêtres étrangers de résoudre la crise des vocations en Europe ! Comment nous donnons-nous les moyens d'avancer en nous appuyant sur nos propres forces ? Par exemple, dans nombre d'endroits, des diacres pourraient s'avérer d'excellents rassembleurs de communautés...
Ainsi que l'a exprimé l'archevêque de Luxembourg, le cardinal Jean-Claude Hollerich, dans le journal "La Vie" du 25 mai dernier : "Nous arrivons à un moment où nous devons nous poser des questions sérieuses sur le sacerdoce. Si une communauté n'a pas de prêtre, on peut par exemple demander aux fidèles de cette communauté de discerner qui, parmi eux, pourrait être ordonné pour assurer l'eucharistie et une présence du Christ dans cette communauté. Le système actuel ne fonctionne plus, et cela ne va pas aller en s'améliorant. Mais beaucoup d'évêques ont peur de tirer les conséquences de cette situation. Les prêtres "Fidei donum" (prêtres envoyés, qui restent attachés à leur diocèse d'origine et y reviennent après plusieurs années passées en mission) peuvent permettre de trouver une solution temporaire mais, à la longue, cela ne peut pas fonctionner. Le changement est bien trop grand. Si l'on envoyait en Europe des missionnaires, formés à la mission, ce serait différent, mais c'est rarement le cas." C'est tout l'article de cet archevêque clairvoyant qu'il faudrait relire et méditer !
Des prêtres étrangers demeureront toujours les bienvenus en France, mais à condition que cela n'empêche pas nos communautés de rechercher des solutions nouvelles pour la prise en charge de nos paroisses. Et l'on pourrait aussi soulever la question du fait que ces prêtres qui sont en France manquent à leurs pays d'origine. Les statistiques officielles du Vatican révèlent en effet qu'il y a trois fois moins de prêtres par catholique en Afrique qu'en Europe. Des diocèses africains peinent aussi à recruter ; ne pas déshabiller Pierre pour habiller Paul, c'est aussi à prendre en considération !
Et si, plutôt que de laisser se dégrader la situation, il était possible de discuter de tout cela au sein de la conférence des évêques de France, entre évêques européens, et dans les conseils presbytéraux ? Pourvu que le prochain Synode s'empare de tels enjeux !
2 commentaires:
J'ai l'impression que, comme en politique, en religion nous ne savons pas anticiper ! Il y a des années déjà que nous voyons cette situation se profiler mais il faut que nous ayons le nez dessus pour chercher des solutions… nous ne sommes pas meilleurs au chapitre "Ecologie" !
Nous devons nous inspirer des régions qui sont déjà dans une grande pénurie de prêtres comme l'Amazonie ! Dans certains endroits il n'y a une messe qu'une fois dans l'année…
Il faudra développer les célébrations de la Parole. Cela existe déjà ici ou là. Dans certains endroits, le clergé est quelque peu réticent.
Nous commençons à en mettre en place dans notre paroisse Ste Claire de Fontenay. Bien sûr il n'y a pas d'Eucharistie, mais la Parole peut au moins être partagée et c'est plus qu'important.
Soyons inventifs, la lourdeur de nos hiérarchies ne doit pas nous freiner dans notre vie de chrétiens !
" Ne pas déshabiller Pierre pour habiller Paul ...". La tendance ancienne des pays du Nord a trouvé au Sud ce dont ils ont besoin, prend vraiment toutes les formes !
Espérons que notre Église s'inspire, comme le dit si bien, Marie - France, des jeunes églises !
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