Je ne voudrais pas vous décourager, mais nous sommes obligés de constater que notre Eglise, et pas seulement en Vendée ou en France, vit une situation profondément navrante, aux antipodes de l'Evangile. On dirait qu'elle est en fin de vie ! D'après une enquête de l'institut Ipsos, il ne reste plus que 1,8% de Français déclarant se rendre à la messe le dimanche ! Et combien de jeunes parmi eux ? Mais qui s'inquiète des raisons profondes de cette désaffection ? Fait-on un véritable examen de conscience par rapport au tragique de la situation ? Non, pas du tout ! Tournant le dos à l'exemple de simplicité de Jésus, les évêques continuent de porter une mitre, les prêtres persistent à vouloir tout régenter dans leurs paroisses, quitte à exclure ceux qui osent leur tenir tête, on importe même des prêtres de pays étrangers où leur nombre est pourtant insuffisant, afin de boucher nos trous, on interdit aux filles d'être servantes de l'autel, les conseils de paroisse ne fonctionnent plus, soutanes et surplis se multiplient, on transforme la religion en une suite d'exercices de piété, sans prise sur ce qui marque en profondeur la vie des hommes et des femmes d'aujourd'hui... Et il ne semble poser aucun problème que les enfants arrêtent quasiment tous de pratiquer au terme de leur caté !!! Tandis qu'on laisse officier de vieux prêtres comme moi, pleins de zèle, mais dont la présence et "l'utilisation" risque de retarder et d'empêcher des évolutions pastorales, en liens avec le laïcat, sur le terrain.
Le lundi 3 août 2020, il y a près de 3 ans, j'avais publié un billet sous le titre : "On voudrait un prêtre normal". C'était le n° 2436, vous pouvez vous y référer. La situation ne s'est guère améliorée depuis !!! Et la problématique est sensiblement la même !
Mais qu'est-ce donc qu'une Eglise "normale" ? C'est une Eglise qui se donne des priorités de type évangélique : accueil de tous, en particulier des plus pauvres, coresponsabilité entre prêtres et laïcs, donner aux laïcs, y compris aux femmes, un rôle essentiel, revaloriser les conseils de paroisse, écouter les besoins des gens, tourner le dos aux signes du passé, ouvrir grand les bras à tous les rejetés ou défavorisés, donner une place importante au dialogue interreligieux, être plus proches que jamais des humanistes de tout bord, qui se battent en faveur de la fraternité universelle...
A quoi nous invite le pape François ? Par exemple à travers le Synode qu'il vient d'impulser : il souhaite mettre tous les catholiques en situation de responsabilité ; l'objectif étant de passer d'une Eglise de fidèles passifs, obéissant à un curé, à une Eglise où chacun soit témoin de l'Evangile. Le temps de la monarchie absolue, c'est fini !
Une Eglise normale, ce serait une Eglise dont la prière et les célébrations s'enracinent dans une action solide et permanente au service de l'humanité. Aidons l'Eglise à ne pas sombrer dans le religieux, mais à savoir affronter et accueillir le grand vent du monde, le grand vent de l'Esprit !
3 commentaires:
Merci Olivier, j'ai communiqué ton texte à notre groupe CCB de Fontenay et environs...
C'est ce que nous essayons de dire dans ce groupe, plus de simplicité, de partage, d'ouverture aux autres, de clarté dans nos liturgies.
Nous avons lancé une invitation aux paroissiens afin de réfléchir aux actions que nous pourrions mettre en place au niveau local pour avancer un peu dans ce sens. Cinq personnes ont répondu à l'appel !
Quelquefois nous désespérons un peu, et puis nous pensons qu'il faut garder l'Espérance... et nous repartons.
Lire tes paroles redonne du courage!
Bonjour,
Je fais confiance aux prêtres en pensant que la plupart font du mieux qu'ils peuvent.
Les laïcs ont leur part de responsabilité.
Lorsque l 'évêque est venu, impossible de l'appeler "Monseigneur ". Je me suis présentée et j 'attendais de voir comment il allait lui-même se présenter.
"Que tous soient un" (Jn 17,21) l 'amour de Dieu est le même pour chacun de nous quelque soit son grade ou sa religion.
Marie
Merci pour ce partage, Olivier, qui prête à réflexion.
Par trois fois je suis venue ici dans l'idée de poster un commentaire sur ce texte et trois fois je m'y suis soustraite...
Je réitère et persévère.
Je comprends et mesure les difficultés notables que traverse l'Eglise.
Mais doit-on pour autant parler de "crise" ?
Les tourments sont appelés à s'évaporer ; les tempêtes à s'apaiser.
Ne sortirons-nous pas tous grandis de cette traversée ?
N'est-il pas "facile" de s'en remettre aux Prêtres et aux Eglises lorsque certaines choses "tournent mal", préférant se "cacher derrière eux" plutôt que de se remettre en question ?
Quelle est la part de responsabilité des Chrétiens dans le vide des Eglises et dans cette "crise" ? Quelle(s) réalité(s) refusons-nous ou avons-nous refusé de voir ?
Les 1.8 % dont parlent ce sondage Ipsos, qui sont-ils ?
Le savons-nous vraiment ?
Sont-ils si différents des 98.2 autres pourcents ?
Une Eglise normale, dis-tu Olivier, est "une Eglise qui se donne des priorités de type évangélique "
Qu'en est-il de chaque Chrétien, de chacun d'entre nous, que nous allions ou non à l'Eglise ?
L'Eglise ne se construit pas uniquement entre ses murs, via nos Prêtres, elle se poursuit et se vit en-dehors aussi.
Pourquoi ce sentiment de toujours "blâmer" ceux qui ne vont pas ou plus à l'Eglise comme s'ils avaient fauté au lieu de chercher à les comprendre et les rencontrer ?
Ils n'en demeurent pas forcément moins Chrétiens que nous...
Pourquoi parler des différences entre les Humains (y compris entre les Chrétiens), là où l'on peut prendre le temps de se rencontrer, de se comprendre et de construire ensemble un avenir commun ?
Pourquoi choisir de souligner les ténèbres plutôt que de montrer la Lumière qui point ?
Le regard que nous portons sur le Monde et sur chacun de nos Frères, c'est cela qui détermine la direction du chemin que nous choisissons d'emprunter...
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