Ce matin, je reçois un mail d'une cousine qui m'annonce qu'un de mes grands copains d'enfance du Gué de Velluire vient de perdre sa chère épouse, et que la fille du maire de cette même commune du Gué vient de trouver la mort dans un accident de voiture. La mort frappe à chacune de nos portes, et chacun de nous doit se préparer à la rencontrer. Il restera toujours vrai en effet que, comme le disait le grand artiste Ionesco : "La mort est un scandale !" L'on en sait malheureusement quelque chose également sur les terres du Yémen ou de l'Ukraine, de même qu'en Méditerranée ou lors de la traversée de trop de migrants en mer du Nord.
Et moi, qu'est-ce que je peux répondre à cette jeune paroissienne qui, vendredi dernier, m'a posé cette question brûlante : "Olivier, est-ce que tu as peur de la mort ?" Si je dis oui, est-ce que cela signifie que je n'ai pas confiance en Dieu, en Jésus, qui est venu nous sauver de la mort éternelle et qui nous promet une vie sans fin ? Si je réponds non, cela veut-il dire que je suis naïf, prétentieux ou inconscient, et que je fais un genre de déni face à l'absolu de la mort ?
J'ai été franc : je lui ai dit que les premiers jours, aux alentours de Noël dernier, lorsque je n'arrivais plus à respirer, ni presque à mettre un pied devant l'autre, oui, j'ai pensé à la mort. Et plus encore le soir, dans ma chambre d'hôpital, lorsqu'arrivait la nuit, durant laquelle je n'arrivais pas à fermer l'oeil avant 4h du matin, et encore..., complètement terrassé par le stress sans doute ! Pendant au moins trois semaines, impression d'étouffer, avec le sentiment que je pouvais mourir seul dans la nuit. A cause de maudits caillots bien mal placés ! Tandis que j'entendais rigoler dans les couloirs (ce que je comprenais aussi...).
En tant que non opérable, sachant que l'on n'a pas pu non plus me faire le choc électrique salutaire attendu, j'en suis réduit à accepter ma grande fragilité désormais. Mais je pense que j'aurais tort de me plaindre, de me lamenter, d'avoir peur, d'ennuyer tout le monde avec mes misères ; lorsque tant d'autres souffrent bien plus terriblement que moi.
Les premiers Indiens d'Amérique pensaient que des esprits mauvais provoquaient la mort, et il lançaient des flèches en l'air pour les chasser. Quant à moi, je me réfugie dans les bras de Dieu ; tous les soirs, je m'endors dans sa main. Je remercie chaque jour les soignants qui me suivent, les chercheurs qui ont trouvé des médicaments qui m'apaisent et me retapent, les paroissiens qui passent me voir, m'apportent de bons petits plats, la famille qui se soucie de moi, sans parler des innombrables amis plus fraternels que jamais.
Par bonheur, face à la maladie et à la mort, le combat des malades et des personnes fragiles s'appuie sur celui du Christ, qui a vaincu la mort. En relisant les textes d'Evangile, à toutes les pages, je découvre la victoire de la résurrection. Je m'imagine avec gourmandise (le mot est-il adapté ?) le monde de bonheur qui nous attend. J'ai le sentiment, personnel, qu'on ne peut pas dire qu'on ne sait pas ce qui nous attend dans l'au-delà : par exemple, quand nous est annoncé ceci : "le Seigneur nous fera mettre à table, et il nous servira..." (Luc 12/35-38)
Et j'entends l'appel de Jésus à vivre pleinement la vie dont il me fait encore le cadeau. A lâcher prise, à prendre en main ma (fin de) vie, à profiter à fond de l'instant présent, à porter toutes les souffrances du monde dans ma prière, à faire une confiance totale au Seigneur.
Ma prière est la suivante : que le Seigneur nous aide tous à ne pas voir dans la mort un dragon qui vient nous détruire, mais une porte qui nous fera entrer dans la Vie sans fin, quand nous tomberons dans les bras du Père, et retrouverons nos frères et soeurs de tous les pays et de tous les temps, pour l'Eternité !
4 commentaires:
Bonsoir Père Olivier,
j'ai gardé dans mes écrits une parole de Julien Green qui m'avais touchée... elle rejoint votre confiance
"Il est dur de remonter la pente de la spirale.Elle va cependant vers la mort et l'illumination. Même aux heures les plus sombres, quand tout espoir de se vaincre paraît déraisonnable, il faut se souvenir qu'en haut, très loin, brille la lumière éternelle. Quoi que nous fassions, nous allons, parfois malgré nous, vers un bonheur dont notre esprit n'a aucune idée. A quoi bon regretter les ombres de cette terre ? Il faut penser avec courage, avec espoir, à la mort, au grand pays lumineux qui s'étend au delà de la porte noire."
Ce grand pays lumineux,je vous cite : "c'est la Vie sans fin, quand nous tomberons dans les bras du Père, et retrouverons nos frères et sœurs de tous les pays et de tous les temps, pour l’Éternité!"
En ce dimanche de la Transfiguration, je prie pour vous.
Claude
Magnifique !!!
Mille mercis Claude!
Et à tous ceux qui écrivent ou proposent des commentaires !
Olivier
Merci beaucoup pour ce billet et le commentaire partagé par Claude ! Ils s'appuient sur une confiance totale au Christ.
Etant donné que nous sommes toujours vivants, il est important de vouloir continuer à vivre. Cependant, quand vient le grand âge ou la maladie, la mort s'insinue dans notre existence. Il nous faut faire le deuil de tout ce qui nous a été enlevé afin de découvrir en soi de nouvelles richesses.
Je pense aussi que la mort est un combat mais pas une lutte solitaire et que la préparation à la mort se produit dans l'acceptation de la croix. Heureusement, la mort n'est pas seulement la fin qui nous menace; elle nous promet aussi un nouveau commencement. " Un monde de bonheur nous attend."
Tout n'est pas parfait dans notre vie !
Il nous faut faire confiance dans la miséricorde de Dieu.
Merci pour les paroles transmises sur ce blog.
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