Vous connaissez peut-être cette parole du Prophète Michée, reprise parfois dans la liturgie : "On t'a fait savoir, homme, ce qui est bien, ce que le Seigneur attend de toi ; rien d'autre que ceci : accomplir la justice, aimer la bonté et marcher humblement avec ton Dieu." (Michée 6/8) Michée est en gros un contemporain du prophète Isaïe, ce qui nous mène dans les années 750 ou 700 avant le Christ.
"Marcher humblement avec ton Dieu", quel bel appel ! Trop souvent, durant mon existence active, j'ai plutôt couru sur les chemins ! Etait-ce avec humilité ? Pas sûr ! Vivre des choses extraordinaires en effet, avec des laïcs motivés et enthousiastes, c'est assez gratifiant... Dans mes premières années de sacerdoce, animer des assemblées de masse avec 80 jeunes intéressés par la JOC, lorsque j'étais en mission pastorale à Luçon par exemple, ce sont des souvenirs inoubliables !
Et je pourrais multiplier les exemples de telles rencontres exceptionnelles, que ce soit au Mali, à Paris, évoquer aussi les 67 cafés-théo vécus dans l'allégresse aux Sables d'Olonne, les activités oecuméniques organisées sur Fontenay-le-Comte, les messes des familles inoubliables à Mortagne-sur-Sèvre ou encore, les 40 "groupes Parole" organisés à l'Ehpad Ste Marie de Talmont depuis 2018 et jusqu'en novembre dernier.
Puis, tout à coup, avec l'âge, l'affaiblissement, l'on s'aperçoit que, sans le vouloir, il faut ralentir la cadence ! Mais heureusement, le prophète Michée me rappelle qu'il faut désormais apprendre à marcher moins vite, et plus humblement ; non plus en m'appuyant sur mes propres forces, mais en tenant, plus que jamais et avec assurance, la main de Dieu.
Désormais, quand je chemine sur le port tout proche de Bourgenay, j'avance doucement ; s'il y a un banc, je m'asseois ; je reprends mon souffle avant de poursuivre. Et je vois nombre de personnes dans mes âges qui avancent doucement également, avec une canne souvent : je ne suis pas seul à avancer humblement avec mon Dieu !
Assis sur les rochers également, immobile face à l'océan, je contemple l'infini de la création, dans une attitude d'admiration et de reconnaissance.
En ces jours de beau temps, la caresse du soleil, le souffle de la bise, les chants des oiseaux, la beauté des nuages, la paix des promeneurs, quand on a frôlé la mort, avec ces maudits caillots qui ne sont pas encore résorbés, quand de savants chirurgiens vous ont fait comprendre que vous n'étiez pas opérable, qu'ils ne pouvaient rien faire pour vous, sinon vous prescrire un petit traitement pour vous aider à continuer à vivre malgré tout, voici que la beauté de la nature vous rappelle que tout n'est pas fini, que l'espoir existe, que c'est une chance formidable d'être toujours vivant.
Seigneur, je ne sais pas combien de temps il me reste à vivre ; mais je suis dans ta main, humblement, mais confiant ; dans la main des soignants également, et dans la main des membres de ma famille et de mes nombreux paroissiens et amis. De qui aurais-je crainte ? Aide-moi, Seigneur, à marcher enfin humblement avec toi, dans ta Paix et dans ta Lumière ! Et merci du fort soutien de toutes et tous !
3 commentaires:
Bonsoir Père Oliver !
C'est avec émotion que je lis votre billet de ce dimanche qui me conduit en images à vos côtés sur le port de Bourgenay...
Le 12 février, dimanche de la santé, j'ai écouté et noté ces mots du prêtre qui célébrait dans l'église de ma petite ville... mots qui s'adressaient d'abord à quelques personnes qui recevaient le sacrement des malades mais sans doute à nous tous :
"Au cœur de la maladie, Jésus vient nous dire : ne te referme pas, ne te replis pas. Si ton corps est dégradé, abimé, ton cœur n’est jamais prisonnier ! Tu peux aimer au cœur de la maladie. Plus encore, si la maladie t’affaiblit tu peux prendre ce temps comme un appel à contempler tout ce qui est beau, bon et riche d’amour en toi, au cours de ta vie, et autour de toi. Si tu es ralenti, voit comment ta vie a été nourri par des liens d’amour : donnés et offerts. Tu peux alors faire de ce temps un merci, une action de grâce.
Alors au cœur de la maladie qui altère, qui affaiblit, votre cœur s’enrichira de la seule richesse qui ne périt pas : aimer par-dessus tout, aimer plus que tout."
Votre billet de ce dimanche fait écho à ces quelques lignes..
Vous savez rendre grâce... votre regard est inondé d'espérance.
Merci de tout coeur.
En union de prière.
Olivier, ton regard sur ta propre faiblesse m'inspire beaucoup, en ces jours où je dois aussi ralentir mon rythme (j'en suis à ma sixième fracture en moins de 4 ans !) tes mots viennent me rejoindre de façon évidente ! Chez moi il n'y a pas la mer à contempler, mais d'autres choses... je vais devoir essayer de marcher humblement !
Merci aussi à Claude pour les paroles partagées.
Merci pour ce partage riche de sens, Olivier. Ralentir la cadence, se "défaire" de certaines charges et habitude, c'est toujours formateur. C'est aussi permettre à d'autres de prendre une place que le Seigneur a voulu pour eux. Ralentir le rythme, faire place à la lenteur, à la contemplation, à la "pleine présence", c'est aussi une forme de travail à faire sur soi. L'on ne fait pas rien quand on ralentit ou est amené à ralentir le rythme de sa Vie, c'est un travail à plein temps. Cela demande toujours des ajustements, nous découvrant comme nous ne connaissons pas, parfois plus patient ou impatient qu'on ne l'imaginait par exemple. Peu importe où l'on vit, peu importe la maladie ou la vieillesse, prendre le temps d'être simplement là, dans ce monde créé par Dieu, au milieu de Tout et au milieu de rien parfois, c'est simplement faire une autre place à Dieu. C'est une invitation à expérimenter sa Foi peut-être plus dans l'être (dans ce qui est là comme dans ce qui n'est plus là) que dans le faire (que nous avons davantage l'habitude d'expérimenter).
C'est un vraie Grâce pour nous de pouvoir se découvrir autrement et de porter sur le monde "un regard neuf" ou au moins différent. Cela a tellement de sens aussi...
Bon carême à tous.
Force et courage aux malades et aux "corps vieillissants" pour qui nous prions tant. Que vos prières et nos prières soient entendues ! Amen !
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